Les pieds dans l’Atlantique, la tête dans les premiers massifs des Pyrénées, Saint-Jean-de-Luz se découvre au fil de ses petites rues riches de patrimoine basque, d’Histoire de France et de vie âpre des pêcheurs.

La ville s’enroule autour des quais du charmant petit port de pêche à l’embouchure de la Nivelle où se dandinent çà et là de petites embarcations et trois ou quatre chalutiers. Les derniers témoins de ce qui fut d’abord un point de départ important pour la chasse à la baleine dans le golfe de Gascogne, puis pour les morutiers (en déclin dès le xviiie siècle), pour se poursuivre ensuite par la pêche à la sardine et finalement au thon. La dizaine de conserveries a aujourd’hui disparu et la flotte actuelle n’alimente plus que la consommation locale et un marché couvert aux accents colorés et sympathiques.

Saint-Jean-de-Luz qui fut aussi un  » nid  » de corsaires (du xvie au xixe siècle), s’est tournée aujourd’hui vers sa vaste plage et le tourisme. Dans les vieux quartiers où maîtres pâtissiers et charcutiers se bousculent, un pittoresque enchevêtrement de ruelles étroites et typiques draine une foule de badauds vers la digue-jetée qui protège la ville des fureurs de l’océan. Là, une frise de maisons-villas rouge et crème aux toits coiffés de tuiles romanes ocre s’accrochent par des passerelles en bois rouge vif à cette promenade étroite qui court tout au long de la plage.

L’histoire avec un grand  » H  » a aussi fait halte dans la cité basque. C’est en effet en l’église Saint-Jean-Baptiste que le 9 juin 1660, Louis xiv épousa l’infante d’Espagne Marie-Thérèse d’Autriche. Suite au traité des Pyrénées, cette union mettait fin à près de vingt-cinq ans de guerre entre les deux royaumes. En dehors de ce fait historique majeur, le lieu est exceptionnel. Massif, gardé par un clocher-porche, percé de quelques étroites fenêtres, l’édifice abrite sous une voûte-bateau tout en bois un ch£ur fascinant où trône un splendide retable du xviie siècle étincelant de dorures baroques. Typiquement basques, six tribunes en bois ouvragées habillent les murs de la nef. Dès le xvie siècle, les hommes accédaient à ces hautes stalles par l’extérieur. En bas, seules, les femmes priaient au-dessus des dalles des sépultures familiales. Curieusement accroché sous la voûte, un ex-voto de terre-neuvas, représenté sous la forme d’une grande maquette de navire à aubes, a été offert par l’impératrice Eugénie, sauvée, elle et son fils, de la noyade, par le capitaine de ce navireà

Le couple impérial est omniprésent dans la région. De par les travaux que Napoléon iii fit par exemple entreprendre à Saint-Jean-de-Luz pour protéger la baie des emportements rageurs du Golfe, mais aussi par leur propension à parcourir l’arrière-pays. Armé d’un élégant makhila, bâton-dague de marche traditionnel basque en néflier, on arpentera ainsi le massif de La Rhune (905 m) pour profiter du plus beau panorama que le pays offre, des Pyrénées à l’océan. N’hésitez pas à y emprunter tant à l’aller qu’au retour le petit train électrique à crémaillère, tout de bois verni et garni de rideaux, qui a gardé tout son caractère des années 20.

À Cambo-les-Bains, un chef d’£uvre s’offre au visiteur. Classée monument historique depuis 1995, la villa Arnaga est une réelle splendeur. Venu à Cambo en 1900 pour s’y refaire une santé, Edmond Rostand, richissime trentenaire et auteur à succès, va se faire construire une villégiature de toute beauté. Réussite intégrale, cette demeure d’inspiration basque renferme une suite de pièces à vivre magistrales d’élégance Art nouveau, où un goût certain pour l’art a su s’exprimer pleinement.  » Pour se reposer et fuir Paris « , Rostand imaginera des jardins où se marient ordonnancement à la française et épanouissement faussement sauvage à l’anglaise. Couronné par un point de vue unique, cet écrin merveilleux magnifie ce palais de rêve.

Par Michel Hordies et Chantal Piret

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