C’est le point de ralliement des hipsters parisiens. A l’ombre du Sacré-Coeur, SoPi – le nom branché de cette partie de la Ville lumière – prend des airs de Williamsburg. Visite guidée.

Pendant des décennies, Pigalle a été le coeur de Paris by night, avec sex-shops, discothèques, cabarets de strip-tease, prostituées, bus de touristes, pickpockets et snacks à pitas douteux en toile de fond. Sans oublier toutefois les institutions que sont Le Moulin Rouge ou Chez Michou, où des travestis d’un âge certain imitent encore Dalida… Les légendaires  » petites femmes  » qui faisaient autrefois la réputation de l’endroit ont aujourd’hui disparu, happées par Internet et remplacées par les bobos qui ont fait de la zone, située juste sous l’ancien quartier chaud, leur Q.G. Celui-ci a été rebaptisé SoPi, acronyme de South Pigalle. Il commence au sud du boulevard de Clichy, une avenue touristique animée, et est délimité par les rues Pierre Fontaine, de Maubeuge et de Rochechouart. Ce territoire correspond plus ou moins à la Nouvelle Athènes, nom que les guides de voyage donnent encore à ce pan de la ville dont les points d’attraction traditionnels sont le musée Gustave Moreau, superbement restauré, et celui de la vie romantique, une destination de rêve pour les amoureux.

L’artère principale est la rue des Martyrs, bordée de dizaines de restaurants tendance, d’épiceries, de boulangeries et de cafés – on y trouve même des gaufres belges et une succursale du Pain Quotidien. Mais les rues transversales sont certainement plus intéressantes pour les explorateurs urbains. Beaucoup de bars et de discothèques ont été aménagés dans d’anciennes maisons closes. Ainsi, au Dirty Dick, le temps semble s’être arrêté. Le décor exotique est resté intact et le nom est également d’époque. Mais les filles et les mères maquerelles ont fait place aux hipsters barbus sirotant une Deck & Donohue, une bière brassée à Montreuil, en banlieue.

Contrairement au Marais, autre lieu dynamique de la capitale, SoPi est assez authentique. Les chaînes de magasins et les marques de luxe doivent encore découvrir le site. Et tout n’est donc pas estampillé  » branché « . La griffe Kitsuné a néanmoins déjà ouvert une boutique rue Condorcet, au début de l’année, et le label de produits de beauté Aesop s’apprête à s’installer sur le trottoir d’en face. Les deux enseignes côtoient des vendeurs d’instruments (surtout de guitares électriques et de basses) et une poignée de spécialistes en trains miniatures. Pour un mélange des plus hétéroclites.

1. BUVETTE

Cette  » gastrothèque  » est implantée à Greenwich Village (New York)… et à SoPi. Murs en briques nues, vieilles tables en bois, long comptoir en marbre et menu reprenant les grands classiques de la cuisine française, composé par la chef californienne Jody Williams. Ouvert tous les jours de 8 h 30 à minuit.

28, rue Henry Monnier. www.ilovebuvette.com

2. GLASS, DIRTY DICK ET PIGALLE COUNTRY CLUB

La sainte trinité ! Ces trois bars plutôt défraîchis ont tous été aménagés dans d’anciennes maisons closes. Le Glass est considéré comme le pionnier. Le Dirty Dick est décoré façon tiki polynésien, avec tableaux kitsch et serveurs en chemise hawaïenne.

Glass, 7, rue Frochot. Dirty Dick, 10, rue Frochot. Pigalle Country Club, 59, rue Jean Baptiste. www.pigallecountryclub.com

3. LE ROCKETSHIP

Un concept store miniature, une librairie et un café, le tout en un. Belle sélection d’albums photo, d’articles de papeterie, de lampes, de céramiques et d’affiches. Pour les chasseurs de souvenirs en manque de caféine.

13, rue Henri Monnier. www.lerocketship.com

4. CAUSSES

Se revendiquant  » magasin d’alimentation générale de qualité « , il s’agit en réalité d’une supérette un peu prétentieuse. Mais c’est aussi une fabrique à salades, soupes et sandwichs, flanquée d’une école de cuisine. La carte respecte les saisons et privilégie le plus possible les producteurs locaux. Ce n’est pas forcément bio, mais c’est sain. Pour un pique-nique sur la butte de Montmartre.

55, rue Notre Dame de Lorette. www.causses.org

5. SÉBASTIEN GAUDARD

L’homme était pâtissier à Matignon, premier assistant de Pierre Hermé et chef pâtissier chez Fauchon. Il y a quatre ans, il a ouvert son propre magasin de tartes, à la rue des Martyrs, puis un deuxième, doublé d’un salon de thé, non loin du Louvre. Rien que la liste de mets, sur son site Web, a de quoi ouvrir l’appétit. Au choix un puits d’amour, un paris-brest ou une marquise rose…

22, rue des Martyrs. www.sebastiengaudard.fr

6. MAISON KITSUNÉ

De toutes les marques françaises pour jeunes, Kitsuné est sans doute la plus cool. Sa boutique de la rue Condorcet est la troisième de la griffe dans la capitale. On y trouve aussi l’un des cafés qui fait la réputation du label.

68, rue Condorcet. www.kitsune.fr

7. GRAND PIGALLE HOTEL

Voilà un hôtel-boutique ouvert récemment par les propriétaires de l’Experimental Cocktail Club et du restaurant Beef. La réception évoque un film de Wes Anderson et les chambres y sont confortables. Petit détail : les produits de bain de la fameuse officine universelle Buly sont mis à la disposition des visiteurs. L’établissement a son propre moyen de transport, une Citroën DS vintage aux couleurs de la maison.

29, rue Victor Masse. www.grandpigalle.com

8. PIGALLE BASKETBALL

Le créateur Stéphane Ashpool, de la marque de streetwear Pigalle, gère ici deux boutiques : Pigalle, tenu par sa mère, et Pigalle Basketball. En face de cette dernière se trouve un terrain de sport, en béton rose et blanc. L’homme dirige d’ailleurs le Pigalle Basketball Club pour les 12-14 ans de SoPi et des environs.

17, rue Duperré. www.pigallebasketball.com

9. ITO

Inspirés par les izakayas japonais, mais avec un menu asiatique plus étoffé (gua bao taïwanais le vendredi et le samedi soir), ces deux restaurants sont installés dans les bicoques à peine rafraîchies d’anciennes enseignes gourmandes du coin. La carte de l’Ito Izakaya s’articule autour de petites bouchées, tandis que l’Ito Chan propose des repas bento et des ramen.

2-4, rue Pierre Fontaine. www.itoeats.fr

10. HÔTEL AMOUR

C’est l’hôtel-boutique le plus sexy de Paris. Les vingt-quatre chambres ont été décorées par des artistes tels que M/M, Alexandre de Betak et Pierre Le-Tan. La brasserie, en dessous, attire du beau monde et le jardin est parfait pour les longues soirées d’été.

8, rue Navarin. www.hotelamourparis.fr

PAR JESSE BROUNS

 » Il fait bon vivre ici. Pas mal de nouveaux restaurants et de bars ont ouvert. L’endroit est très fréquenté, sans être trop touristique. « 

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