Téléshopping 2.0

© getty images

En Chine, le téléachat semble s’offrir une nouvelle jeunesse, sur la toile cette fois, à travers les influenceurs. TikTok, bientôt le nouveau La boutique ?

Li Jiaqi, 28 ans, est vendeur au rayon beauté d’un grand magasin de Nanchang. En 2017, il se lance sur les réseaux sociaux et perce vite en tant qu’influenceur, grâce à ses essais de rouges à lèvres à même la bouche plutôt que sur son avant-bras, à l’instar d’autres blogueurs. Il totalise aujourd’hui quarante millions de followers sur Douyin, l’équivalent chinois de TikTok. Le 11 novembre 2020, journée des célibataires dans l’empire du Milieu, Li vend pour 145 millions de dollars de maquillage et autres produits par le biais d’une diffusion en direct suivie par 36 millions de Chinois.

 » Zhubo « , c’est comme cela que Muyuan Ma, directrice adjointe de la rubrique mode du magazine Elle China, qualifie le jeune homme, soit  » hôte/hôtesse  » en mandarin.  » Leur activité est semblable aux programmes de téléachat d’autrefois. La différence, c’est qu’ils vendent en ligne, en direct. Cosmétiques, autos, biens immobiliers, tout y passe. Et ce, à des tarifs inférieurs à ceux des e-shops, car la plupart de ces hôtes sont excellents négociateurs.  »

En attendant, la Chine reste très en avance en matière de technologie numérique. Depuis plusieurs années déjà, les paiements y sont effectués sur smartphone et les marques ouvrent des enseignes sur Tmall, un immense centre commercial virtuel, avant même d’inaugurer une boutique réelle. Sans oublier qu’à l’origine, TikTok est une application chinoise. En 2016, de grands acteurs tels qu’Alibaba, l’équivalent chinois d’Amazon et de Google combinés, se sont aussi lancés dans le shopping en direct, grâce à l’appli Taoboa Live. Cette pratique aurait généré depuis environ 149 milliards de dollars par an, les consommateurs faisant davantage confiance aux influenceurs qu’aux entreprises.

Téléshopping 2.0

Pour autant, d’après l’expérience de diverses griffes, ce modèle de vente ne fonctionne pas pour tous les labels.  » L’an dernier, Louis Vuitton se trouvait sur l’appli Xiao Hong Shu. J’ignore les chiffres exacts, mais je pense que les diffusions en direct des maisons de luxe n’ont pas été un franc succès, explique Muyuan Ma. Les clients de Vuitton, Hermès ou Chanel préfèrent acheter dans de vraies boutiques. Ils recherchent une expérience. Et puis, le luxe n’accorde pas de rabais non plus. Ce type de live sert en réalité d’aperçu plutôt que de moyen de vente.  »

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content