A 185 km au sud-ouest de Bangkok, la petite ville tranquille de Hua Hin se veut la plus ancienne station balnéaire de la Thaïlande. Son existence remonte à près d’un siècle, quand elle s’est développée autour d’un village de pêcheurs. Une voie ferrée, inaugurée en 1911, offre à la capitale un accès à la plage et, pour ses loisirs, le roi Rama VI y commande également la construction d’un golf de neuf trous. Très prisée par la haute société, d’élégantes constructions voient le jour à l’image du Railway Hôtel (aujourd’hui le Sofitel Central) et, en 1926, du palais d’été ( » Klai Kangwon « ) du prince Chulachakrabong . Malgré les décennies et une période de déclin dans les années 1960, Hua Hin est restée la retraite favorite de la famille royale thaïlandaise et de ses dignitaires. Très tendance, le Sofitel Central (il servit de décor au célèbre film  » La Déchirure  » (1985) de Roland Joffé) rivalise en luxe et en beauté avec d’autres prestigieux lieux de vacances, comme le célèbre Spa de Chiva-Som, installés au bord d’une plage divine de sable fin longue de 5 kilomètres. Parmi les mille et une merveilles du site, on admirera aussi un bouddha d’une hauteur de 20 mètres faisant face à la mer et derrière lui, une petit temple accroché à la colline dite des Baguettes. Sans oublier le marché de nuit, extraordinairement convivial, qui permet de se promener parmi les étals offrant des exemples d’artisanat local, des souvenirs et des en-cas de fruits de mer savoureux en abondance.

Nature sans réserve

Etiquette aristocratique oblige, Hua Hin a été choisie pour accueillir, une fois l’an, un tournoi sportif aussi élitiste qu’insolite : la  » King’s Cup Elephant Polo  » . Autrefois passe-temps des Grands Moghols, le polo sur éléphant a été relancé au Népal en 1982. Il se pratique également de nos jours en Inde, au Sri Lanka et en Thaïlande, des pays d’Asie où la préservation des éléphants sauvages et domestiques est devenu un souci majeur. Spectacles amusants et ouverts à tous, les tournois de polo sur éléphant, semblables à ceux joués à cheval, voient ainsi s’affronter deux équipes de trois mastodontes chevauchés par leur cornac et un joueur de polo muni d’un long maillet en bambou. Ces sportifs de toutes nationalités issus de milieux aisés se retrouveront à Hua Hin du 5 au 11 septembre prochain pour la cinquième édition de cet événement thaï. Plus qu’une simple rencontre, ces tournois se déroulant sur une semaine réunissent grands sponsors et généreux donateurs. Car au-delà du divertissement pour un public qui chaque année se presse plus nombreux, il s’agit de récolter des fonds pour contribuer à la protection des éléphants.

En quittant Hua Hin pour rejoindre par la route Bangkok (il faut moins de trois heures), une halte à Nakhon Pathom est à recommander afin d’y admirer l’imposant chedi (ou stupa) de Phra Pathom entièrement recouvert de tuiles vernissées de Chine. Haut de plus de 120 m, il est, dit-on, le plus haut monument bouddhique du monde. Mais il est surtout le berceau de l’enseignement bouddhique de leur pays il y a de cela quelque 2300 ans. Autre lieu de culte et plus au sud de Bangkok, on ne peut manquer d’admirer la grotte bouddhiste de Tham Khao Luang. Ce lieu magique est situé au c£ur d’un parc gardé par des singes. On descend ici dans un extraordinaire univers de stalactites… Dans la grotte, coulé sur commande du roi Rama V en hommage à ses prédécesseurs, on y trouve un bouddha couché et d’autres assis en position de méditation. Le tout sublimé par des rais de lumière fugitifs…

Au nord de Hua Hin, les amateurs de belles natures préservées mettront le cap sur les deux parcs nationaux qui serpentent tout au long de la péninsule, ce ruban de terre thaï pris en étau entre le golfe de Thaïlande et le Myanmar. Ponctué de loin en loin par les monts du Tenasserim, une longue chaîne de montagnes qui s’étend jusqu’à Phuket, ces deux superbes espaces ont aussi un rivage donnant sur les eaux du golfe de Thaïlande.

Le parc national de Khao Sam Yot Roi couvre plus ou moins 98 km2 de marais et d’aiguilles calcaires aux formes fabuleuses. Les plus hautes s’élèvent jusqu’à 650 mètres au-dessus des marécages et servent de refuge à de nombreux oiseaux migrateurs. On peut se promener à pied ou en bateau sur cette  » montagne aux 300 cimes  » pour observer le ballet facétieux des langurs ( » entelles « ), petits singes arboricoles à la robe grise et noire, ou encore explorer des grottes et découvrir après une petite grimpette, le superbe point de vue de Khao Daeng. Ce parc ouvert en 1966 possède une infrastructure bien rodée avec des bungalows pour les visiteurs, un centre d’information et des rangers parlant un peu l’anglais.

Le parc naturel de Kui Buri, lui, est d’un tout autre genre. Ouvert il y a cinq ans à peine, il s’étend sur près de 1 000 km2 de jungle jouxtant la frontière birmane. Sa vocation : protéger la centaine d’éléphants sauvages qui ont réussi à y survivre jusqu’à aujourd’hui. Vaste et impossible à clôturer, ce parc provoque la colère des paysans voisins qui voient leur culture d’ananas continuellement dévastée par les pachydermes. Inquiets et passionnés par leur mission, les rangers de Kui Buri mènent un travail incessant, tant pour protéger leurs hôtes que pour accueillir les visiteurs…

Un modeste centre d’information et quelques bungalows en lisière de jungle forment le centre du parc. De là, à bord de Jeep, on peut partir en exploration pour tenter d’apercevoir les derniers seigneurs de cette forêt tropicale. A Kui Buri, il n’y a ni mirador, ni fosse camouflée près d’un point d’eau stratégique pour attirer les éléphants. Il faut alors s’approcher lentement et silencieusement, aux côtés de rangers qui, équipés de jumelles, tâchent de repérer les animaux. Après un temps de guet à bord des véhicules, quelques individus sont localisés et il faut poursuivre à pied avec l’interdiction de parler. Toute l’attention se porte alors sur les bruits de la jungle. Il faut ainsi guetter la direction du vent et surtout anticiper le déplacement des bandes. Ce jeu de cache-cache peut durer des heures et parfois la récompense est bien modeste. Au mieux, on y entrevoit des pachydermes aussi gros que des têtes d’épingles, petites taches grises dans de vastes étendues vertes. Une expérience cependant fantastique et tellement instructive….

Sophie Dauwe

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