Le Web n’est pas qu’un foutoir nébuleux. C’est aussi la caverne d’Ali Baba qui offre gratuitement le savoir sur un plateau d’argent. Au risque de bouleverser nos vieux réflexes informatifs.

Retrouvez Frédéric Brébant chaque lundi matin, vers 9 h 45, dans l’émission  » Bonjour quand même « , de Jean-Pierre Hautier, sur La Première (RTBF radio).

Ne dites plus atlas, dites Google Earth. Car il se pourrait bien que ce mot français – comme le livre qu’il désigne d’ailleurs – disparaisse complètement de la circulation dans les années à venir. Même scénario pour le terme encyclopédie qui risque d’être bientôt absorbé, lui aussi, par l’appellation Wikipédia. Explication. Avant, il n’y a pas si longtemps, le contact tactile avec le papier était indispensable pour cueillir une information géographique, historique ou encore scientifique. On jonglait avec l’alphabet, on feuilletait avidement les pages et on plongeait sans retenue dans l’encre imprimée. Avec le déploiement de la grande Toile mondiale et l’accélération phénoménale des informations disponibles sur le Web, ces notions très primaires ont commencé à disparaître. Une fenêtre de recherche, quelques touches de clavier et hop, le tour est joué. Aujourd’hui, l’exercice informatique est d’autant plus tentant que certains utopistes se sont mis en tête de faciliter l’accès gratuit au savoir. Bref, plus besoin d’ouvrages volumineux à la maison, l’ordinateur relié à Internet concentre, à lui seul, l’essentiel de la connaissance. Prenez www.wikipedia.fr par exemple (branche francophone de www.wikipedia.org). Dans cette encyclopédie d’un genre nouveau, l’information est en perpétuelle évolution : les articles sont écrits par les internautes pour les internautes et chacun a le droit, à tout moment, de rectifier les approximations et de compléter le grand cyberlivre de la connaissance. Pas de pub ni de racolage sur ce site : la démarche est gratuite dans tous les sens du terme et, surtout, hautement recommandable. Le savoir pour tous par tous : telle est la mission la plus noble du Web remplie par cette  » encyclopédie libre  » (sic). Le succès de Wikipédia est d’ailleurs grandissant à un point tel que l’on pourrait bientôt utiliser le néologisme suivant pour dire que l’on a vérifié une information :  » Mais si, c’est vrai, je te jure, je l’ai Wikipédié !  » Dans cette même volonté de la connaissance accessible à tous, le nouveau service proposé par Google est tout aussi séduisant. Certes, ne soyons pas naïfs : l’objectif numéro un de ce moteur de recherche consiste à vivre de la pub, quoi qu’il fasse, mais il n’en reste pas moins que son nouveau logiciel Google Earth est gratuit et captivant à souhait. Sur http://earth.google.com, tout un chacun peut en effet accéder à des photos satellite extrêmement précises du globe terrestre. Des cartes ultradétaillées qui auraient fait jadis le bonheur de n’importe quel empereur. Pour pas un cent. Savoureuse, l’exploration de la planète se construit avec zoom, rotation, déplacement à gauche, à droite… Bref, toute la surface de la Terre est à portée de loupe avec, pour certaines grandes villes, un sens du détail poussé. En revanche, pour d’autres endroits du globe, l’imagerie est moins précise, mais Google Earth reconnaît sans peine en être à une version  » bêta  » nettement améliorable. A l’avenir, ce logiciel pourrait même être couplé à d’autres programmes informatiques permettant de situer monuments célèbres, bâtiments publics ou encore… enseignes commerciales ! Et c’est là qu’on se dit qu’il y a peut-être un piège. Soit. Traquenard publicitaire en gestation ou pas, ce service n’en reste pas moins extraordinaire à l’heure actuelle car il marque le début d’une révolution géographique où les plans conventionnels pourraient bien devenir obsolètes. Dieu merci, on pourra toujours retourner à l’adresse Wikipédia pour connaître ce qu’était le fameux atlas de papa. Et rectifier le tir, si besoin est.

Frédéric Brébant

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content