Osant le mélange des couleurs et des matériaux, ce penthouse anversois, où l’art occupe une place de choix, respire l’esprit de la marque belge Essentiel. Pas étonnant puisque cela fait deux ans qu’Inge Onsea et Esfan Eghtessadi, le duo qui se cache derrière le label, y ont posé leurs valises.

Alors que de lourds travaux de rénovation débutent dans leur maison, Inge Onsea et Esfan Eghtessadi, fondateurs de la griffe Essentiel, décident de déménager pour ne pas subir les aléas du chantier et vivre cette période compliquée le plus agréablement possible. Ils jettent leur dévolu sur un imposant penthouse situé en plein coeur d’Anvers, à deux pas du théâtre Bourla, avec vue sur la ville. Cette implantation leur convient parfaitement puisque les bureaux de leur entreprise se situent à une minute de marche à peine.  » Habiter ici rend la vie trépidante, estime Inge Onsea. Tout ce dont on a besoin se trouve dans les environs immédiats. En plus, les enfants sont plus indépendants et peuvent se rendre seuls au marché. L’unique désavantage par rapport à notre habitation d’origine, c’est que notre univers s’est rétréci.  » Si le retour au bercail – complètement lifté – approche, le couple fashion et leurs mômes ont tout de même passé deux ans dans ce nid haut perché, pour leur plus grand plaisir.  » Le temps passe vite. Je pense que c’est la mort dans l’âme que je vais quitter ce pied-à-terre, avoue la maîtresse de maison. La place du théâtre et l’ambiance vont nous manquer.  »

Il faut dire que l’appartement, situé sous les toits, n’a en rien l’allure d’un logement temporaire. La famille a l’impression d’y avoir toujours habité.  » Nous nous y sentons chez nous. Comme nous voyageons beaucoup, nous avons appris à nous adapter rapidement à un nouvel environnement et à y être vite à l’aise. En particulier lorsque nous sommes entourés de nos proches et de nos effets personnels !  »

DES CHOIX SALVATEURS

La sélection des meubles et des accessoires qui ont été emportés lors de ce déménagement momentané n’a pas été faite au hasard, et cette rigueur a permis de boucler la fastidieuse transhumance en 48 heures.  » Je suis très ordonnée et structurée, explique Inge Onsea. J’avais préalablement imaginé chaque pièce et fait des choix en conséquence. Je savais parfaitement quelle partie de notre mobilier allait devoir être stockée, quels éléments devaient être emportés et l’emplacement qui leur serait attribué. Grâce à nos vingt-huit boutiques, nous disposions en outre d’une merveilleuse équipe qui nous a aidés. Ainsi, le deuxième jour, tout était installé comme si nous vivions ici depuis des années.  »

Malgré la taille relativement grande de l’appartement (140 m²), Inge a été contrainte de renoncer à bon nombre d’objets.  » Lors d’un déménagement d’une telle envergure, des décisions doivent être prises. J’ai dû me séparer de beaucoup de choses. De plus, il y a peu d’espaces de rangement ici… Mais curieusement, cette sélection s’est révélée libératrice. Mes chaussures me manquent mais cela s’arrête là. Un tel tri vous fait prendre conscience du peu de choses dont vous avez en réalité besoin et de la quantité de babioles inutiles que vous entassez au fil du temps.  »

DES COULEURS À VOLONTÉ

La structure de base du penthouse est classique mais l’ensemble a été aménagé pour plus de fluidité et d’ouverture des espaces les uns sur les autres. Des notes contemporaines ont également été ajoutées : une résine blanche au sol, une cuisine non cloisonnée réalisée en Corian et de grandes fenêtres coulissantes permettant un prolongement de l’intérieur vers l’extérieur. Les deux terrasses verdoyantes créent, elles, une ambiance quasi tropicale. On se croirait ainsi dans une région méridionale…

Tout comme il le fait avec succès chez Essentiel, le duo ne s’est conformé à aucun dogme ou style et n’a pas privilégié de teintes précises.  » Nous aimons les couleurs et les mélanges. Tout ne doit pas être parfait, un brin de folie est permis. Mon époux et moi avons des goûts différents et ce lieu en est le résultat. Il reflète en quelque sorte notre personnalité.  » Au final, cet intérieur forme un ensemble harmonieux, un mix personnel, ponctué d’oeuvres d’art, mais sans lourdeur aucune, tout en gaieté et en légèreté.  » L’architecture d’intérieur présente de nombreuses similitudes avec la mode. L’aménagement de nos magasins nous a permis d’acquérir beaucoup d’expérience… Par ailleurs, quand on est plongé dans un secteur comme le nôtre, on ne se limite pas simplement au beige mais on opte volontiers pour d’autres tons.  » Ce qui explique que les couleurs s’en donnent à coeur joie dans ce penthouse, entre les rideaux en velours ocre de la chambre des garçons, les nombreux bouquets achetés juste à côté, chez Baltimore Bloemen –  » le plus beau magasin de fleurs de Belgique  » -, ou encore la collection de coussins, récupérés d’anciens étalages d’Essentiel. Après avoir sélectionné ce qu’elle allait emporter dans ses caisses, Inge est en effet allée faire du  » shopping  » dans leur propre dépôt de merchandising. Elle a aussi fait fabriquer un certain nombre de choses sur mesure. Ainsi, dans la salle à manger, un tapis géométrique du designer David Hicks –  » ses objets sont magnifiques  » – a été combiné avec une table bordeaux imaginée par le tandem anversois et des chaises Ikea que la propriétaire a personnalisées. Devant la cheminée, à côté de la collection de vases, trône un champignon réalisé par Azar, le fils du couple.  » À nos yeux, les créations des enfants ont tout autant de valeur « , insistent les parents de  » l’artiste « .

UNE GALERIE… D’ARTS

L’appartement regorge de souvenirs de voyages aux quatre coins du monde : des chapeaux tibétains, des bijoux qu’Inge collectionne frénétiquement –  » plus ils sont grands et colorés, plus je les aime  » – et la toute première oeuvre que le couple a achetée ensemble et qui orne aujourd’hui le salon.  » C’est chez Paul Smith à Londres que nous avons trouvé ce portrait d’une femme chinoise, qui nous a immédiatement séduits.  » Esfan est, lui, amateur d’art contemporain depuis une vingtaine d’années. Pour lui, c’est un exutoire pour faire face à l’agitation du monde de la mode où l’on pense  » en saison « .  » Nous aimons tous les deux l’art, mais Esfan s’y consacre avec davantage de passion que moi, avoue sa partenaire. Il étudie minutieusement chaque achat, tandis que moi, j’agis plutôt au coup de foudre. Cela me plaît… ou pas. C’est pourquoi tout ça ne doit pas nécessairement coûter cher.  »

C’est aussi pour cette raison qu’ici, il y en a pour tous les goûts : de l’art iranien – les racines d’Esfan – a ainsi trouvé sa place près d’un petit tableau de Patti Smith peint parElizabeth Peyton –  » un cadeau d’anniversaire que j’apprécie toujours énormément « . Des dream catchersde fabrication artisanale narguent une oeuvre imposante de Sterling Ruby.  » Cela fait déjà quatre ou cinq ans que nous la possédons. Entre-temps, l’artiste s’est associé au créateur Raf Simons. Il y a donc quand même un trait d’union avec la mode. Peut-être l’avons-nous senti inconsciemment, ce lien plane dans l’air et nous le saisissons.  »

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PAR SOPHIE ALLEGAERT / PHOTOS : STEFANIE FAVEERE

 » Quand on est plongé dans la mode, on ne se limite pas simplement au beige.  »

L’ensemble a été aménagé pour plus de fluidité et d’ouverture des espaces les uns sur les autres.

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