Face à l’un des plus beaux panoramas des Alpes se dresse un élégant chalet. Cette merveilleuse résidence secondaire, offrant toutes les séductions du bois, dans une version contemporaine, est dotée d’un confort extrême et répond à toutes les exigences de la vie de famille.

Carnet d’adresses en page 76.

Quand elles eurent à rénover ce chalet de montagne, à plus de 1 600 m d’altitude, les architectes Capucine Frémontier et Camille Hermand étaient partagées entre l’enthousiasme et le découragement. L’enthousiasme leur avait été communiqué par les propriétaires, qui leur ont donné carte blanche, avec la mission de concevoir une résidence secondaire familiale, cosy, discrète et contemporaine. Le découragement leur avait été instillé par l’état de la bâtisse : il s’agissait d’un ancien restaurant, installé dans une grange, dont toutes les caractéristiques étaient à l’exact opposé de ce qu’on attend d’une maison d’habitation. Les volumes, la circulation, les matériaux, les ouvertures… Tout était à reprendre.

Ce qui a finalement décidé les deux jeunes femmes, c’est le parti qu’elles ont estimé pouvoir tirer de la localisation de la vieille demeure. Nichée dans un hameau de quatre autres granges, accrochée à la pente, elle fait face à un des plus beaux panoramas des Alpes. Autour d’elle, la nature a réuni quelques-uns de ses joyaux : alpages, forêts, sommets grandioses. Sans parler de la pureté de l’air, du murmure des torrents, du calme, et, l’hiver, du silence feutré de la neige.

Les travaux terminés, le chalet est bel et bien à la mesure de ce paysage idéal et décline, en outre, des qualités complémentaires : la montagne est froide, il est chaud ; les sommets sont immenses, il est intime ; l’environnement est le domaine de la nature sauvage, il est profondément civilisé. Il ajoute, en somme, au charme radieux des paysages, la convivialité et le raffinement.

Les 200 m2 répartis sur trois niveaux ont été entièrement restructurés. Tous les volumes ont été reconsidérés avec deux objectifs : créer le plus grand nombre possible d’espaces à vivre, et profiter du panorama, des vues offertes dans toutes les directions grâce à une vaste terrasse qui entoure le bâtiment. Au rez-de-chaussée a été aménagé un vaste espace où ont pris place un salon, ordonné autour d’une cheminée, une salle à manger, et une cuisine. Dans cet unique volume, savamment construit, les coins et les recoins, isolés, ne manquent pas : chacun bénéficie d’un spectacle sur les paysages, chacun a son caractère.

A l’étage inférieur, où jadis étaient des caves (elles étaient sombres, peu fonctionnelles et il a fallu percer des ouvertures, revoir leur disposition), se trouvent désormais les chambres, distribuées autour d’un long espace de circulation, un grand couloir et une bibliothèque. Remarquable, lui aussi : l’escalier qui, de la salle de séjour, grimpe jusqu’à une mezzanine, et qui descend aux pièces privées. Il occupe une place centrale dans la nouvelle organisation et est devenu un des grands axes de circulation de la maison.

Dans cette superbe rénovation, le bois prédomine. Lits d’enfants, bibliothèques, tables de chevet, plans de travail de la cuisine, coffrage des baignoires, placards, meubles, sols, plafonds (recréés avec de vieilles poutres et de vieilles planches), marches et rambardes, manteau de la cheminée sont sans exception dans ce matériau noble. Les poutres viennent de La-Roche-sur-Foron, les parquets de Belgique, et le bois neuf, quand il a été inévitable, a été brossé, sablé, afin de lui donner un aspect différent, presque brut.

Tout ce qui n’est pas en bois est chaulé à l’ancienne et des matières très chaleureuses sont elles aussi mises en scène. Les fenêtres sont ainsi pourvues de lourds rideaux, en draps de laine, très colorés, qui protègent des rigueurs du climat et renforcent l’impression de cocon qu’au creux de l’hiver la maison peut donner. L’ameublement (également choisi par les architectes qui, pour l’occasion, se sont faites décoratrices), s’il a les origines les plus variées et s’il affiche une grande sobriété, est toujours de qualité : des sièges, qui eurent un usage industriel et se sont adaptés à leur environnement alpin ; des objets créés par les meilleurs designers du xxe siècle (Eileen Grey, Charlotte Perriand…) ; des meubles anciens, patinés par le temps (table de monastère…) ; des canapés contemporains, profonds et voluptueux ; quelques touches d’exotisme (tapis marocain, plateau indien…) et même quelques objets, peu nombreux, qui évoquent la région (raquette ancienne, pot à lait en zinc…). Toutes les lampes sont en métal : elles ont été chinées et parfois transformées pour s’adapter à leur nouvelle fonction domestique.

L’intention secrète des deux architectes û qui répondait à un désir non formulé de leur client û était qu’on ne puisse pas deviner leur intervention. Le choix de matières naturelles, de matériaux bruts, le parti de systématiquement s’éloigner de tout ce qui aurait pu ressembler à une copie d’ancien, des goûts résolument contemporains, et une grande attention portée au moindre détail : grâce à tout cela, leur mission est accomplie. Le chalet, à taille humaine, idéalement confortable, exactement adapté aux exigences d’une vie de famille, prouve, par son allure et son élégance discrète, le talent de celles qui l’ont conçu.

Robert Colonna d’Istria

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