Un surnom. A l’origine,  » la panthère « , c’était elle, Jeanne Toussaint (1.), passée du statut de maîtresse cachée de l’héritier de la maison Cartier à la direction artistique de la joaillerie. Farouche et inflexible. D’une élégance altière, aussi. Une femme de goût. Un oeil, surtout, à l’affût des tendances et faisant sien l’air du temps comme personne.

Un symbole. Du fauve associé à jamais à l’image de Cartier, on ne vit pourtant au départ que le tacheté noir et blanc du pelage dans une montre-bracelet en onyx et diamants (2.). C’est en 1948 que l’animal apparaît pour la première fois en trois dimensions, couché sur un saphir de 152,35 carats offert à la duchesse de Windsor (3.). La mode des bijoux félin est lancée. Ils se déclinent en bracelets, pendants d’oreille, broches, bagues au gré de l’imagination du studio de création. En 1987, un premier parfum Panthère est même lancé, depuis lors abandonné (4.). Celui qui renaît aujourd’hui n’a en commun avec lui que son nom.

Un flacon. Taillée de l’intérieur, la panthère se cache au creux d’un bloc de verre, extraordinaire mâchoire totémique dont les traits facettés ne sont pas sans rappeler les figures géométrisées de l’Art déco, synonyme d’âge d’or pour Cartier (5.). D’une pression, le jus cuivré s’en échappe par une coiffe de métal. L’objet lui-même fascine déjà, car on soupçonne derrière tant d’élégance ce que l’apparente simplicité du beau peut receler de complexité technique.

Un floral animal. Pour imaginer le sillage de cette panthère aussi caressante qu’envoûtante, allégorie de la femme féline, intelligente et fine, Mathilde Laurent s’est laissé porter par la vision du philosophe grec Théophraste, qui la décrivait comme le seul animal sentant bon naturellement, au point d’attirer à elle ses proies hypnotisées. La créatrice construit donc un sillage fauve – pas une odeur de ménagerie – autour du souvenir puissant qu’elle a du musc, le vrai, l’unique, disparu aujourd’hui de l’orgue des parfumeurs, mais qu’elle a pratiqué dans une autre vie. Pour dompter cette animalité sensuelle, elle refuse la facilité de l’orientalité, trop galvaudée, et préfère travailler une fleur qui sera tout sauf commune : un gardénia charmeur qu’elle enrobe de notes chyprées comme on n’en fait plus. Un vrai chypre donc, qui contient encore de la mousse de chêne, certes rectifiée pour ne plus être allergène, mais qui n’a rien perdu de son velours. Un parfum rare que l’on a envie d’aimer.

Eau de parfum La Panthère de Cartier, à partir de 59,50 euros les 30 ml.

PAR ISABELLE WILLOT

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