Jardinier sensible, le Belge André Van Wassenhove a créé des univers oniriques alliant force et douceur. Toute la poésie de ce petit parc, niché en pleine ville, est encore exaltée quand la neige étend sur lui son blanc manteau.

André Van Wassenhove était un homme discret. Lorsqu’il s’est soudainement éteint, il préparait avec des responsables de Bruges 2002 une série de visites des jardins secrets de la Venise du Nord. Peu communicatif, paysagiste autodidacte, l’homme n’a jamais cherché à médiatiser les jardins qu’il signait. Pourtant, des dunes de Coxyde aux canaux de Bruges, il a créé des univers étonnants. Certaines de ses interventions de type naturaliste sont tellement mesurées qu’elles semblent avoir été le fait de la nature elle-même. Mais d’autres, et c’est une majorité, exaltent son style sensible alliant force et douceur.

La patte Van Wassenhove se reconnaît immédiatement par la manière d’utiliser les volumes taillés pour structurer et diviser les espaces. Ce petit parc enneigé, situé en ville, est l’une de ses £uvres les plus impressionnantes. Il a été conçu en deux temps. La première phase, réalisée il y a une quinzaine d’années, prodigue ses séductions à l’arrière de l’habitation. Il s’agit d’un exercice de style portant sur les haies (essentiellement d’ifs et de buis) et les formes taillées ou topiaires. Une fabuleuse composition digne des plus beaux jardins anglais.

C’est en hiver que l’on mesure au mieux les qualités de sculpteur du végétal attribuées à André Van Wassenhove, la neige et le givre soulignant gracieusement les formes mises en scène. Le Brugeois effectuait lui-même l’entretien de ses jardins (aujourd’hui assuré par son fils Wim) et avait  » sa  » taille. Toutes ses haies ont un profil tronconique, générant un empattement qui a pour but de renforcer leur assise dans le paysage.

Pour les topiaires, André Van Wassenhove s’est livré à une chorégraphie de formes en ifs qui évoquent les pions d’un jeu d’échecs, posés sur un damier imaginaire. Les fleurs et les beaux feuillages ne sont pas bannis pour autant. Dès le retour de la belle saison, quelques arbres et arbustes choisis animent l’ensemble : Cornus kousa, Liquidambar styraciflua, Liriodendron tulipifera, Sophora japonica, Nyssa sylvatica ou Quercus phellos.

La seconde partie, plus récente, se déploie dès l’entrée dans la propriété. Elle a fait suite à une profonde rénovation de l’immeuble qui a, notamment, conduit à installer des terrasses (de superbes points de vue) au premier étage. Enserrant deux côtés de la maison, cet espace jardin comporte une série d’aménagements remarquables. Tout le dessin tend à favoriser un contact intime entre les habitants et l’extérieur. Une longue pièce d’eau est intégrée à une terrasse en bois surélevée de deux marches. L’implantation des haies en tronçons est aussi conçue comme un appel à la promenade.

Privilégiant la structure, André Van Wassenhove était aussi un botaniste féru de vivaces, qu’il organisait tantôt en mixed borders tantôt en plantations architecturées. Sous la neige, les groupements d’hellébores et les pelouses envahies alors des premières jonquilles débordent de poésie. Même les carrés de grandes vivaces dont les tiges sont rabattues dans l’attente du prochain printemps prennent une haute valeur décorative.

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