Dans le quartier du haut de la ville, à Bruxelles, deux jeunes femmes ont repensé les volumes d’un ancien plateau de bureaux pour en faire un loft agréable à vivre au quotidien. Histoire d’une transformation réussie dans l’esprit du Feng Shui.

Lumière douce et tamisée, palette de tons sobres et élégants, décoration d’inspiration minimaliste qui évite habilement le piège de l’austérité monacale, ce vaste appartement témoigne du souci d’équilibre et d’harmonie qui anime ses jeunes copropriétaires. çà et là, quelques détails originaux, tels qu’un VTT ou un superbe billard américain lui confèrent un petit supplément d’âme. Difficile de croire qu’il s’agit d’une expérience nouvelle pour ces deux jeunes femmes qui, jusqu’il y a quelques mois, disposaient cha-cune de leur propre chez soi. Un projet mûrissait cependant, celui de partager le même univers. Il aurait pu se concrétiser dans une petite fermette, quelque part au vert. Mais l’annonce d’une agence immobilière parvenue par e-mail en a décidé autrement… A Bruxelles, un plateau de 220 m2 et ses deux emplacements de parkings étaient en vente.  » Comme je travaillais non loin de là, j’ai profité de la pause de midi pour repérer la rue en scooter, confie l’une des copropriétaires. La façade m’a paru immense : 22 mètres de longueur.  » L’immeuble est en fait le fruit de la réunion de deux grosses maisons de maître des années 1900, fusionnées dans les années 1950 et transformées en bureaux. La première visite permet de découvrir l’espace original, fragmenté en 8 pièces aussi différentes qu’anonymes. Mais la localisation, la possibilité de disposer d’une grande terrasse ensoleillée, à l’arrière et sans vis-à-vis, et l’envie de profiter de ce volume sous hauts plafonds emportent la décision d’acheter.  » Nous savions ce que nous voulions dès le départ : des chambres bien isolées et un grand espace commun. En plus, nous caressions le rêve d’acquérir un grand billard américain à 6 trous, un meuble imposant mais dont l’esthétique nous plaisait. Nous imaginions déjà y jouer avec nos amis de passage.  »

Les idées claires sur l’évolution d’un projet ne suffisent pas pour le mener à bien. La volonté de s’y investir personnellement pas davantage. Un groupe de constructions anciennes sous-entend des murs porteurs, des conduits de cheminée à conserver, des différences de niveau à respecter, toute une science du bâtiment qu’il faut maîtriser. Une jeune architecte, Sandrine Wellens, apporte son concours et fait évoluer certaines idées.  » Sandrine applique les théories du Feng Shui, la philosophie orientale qui préconise l’harmonisation du flux naturel dans les constructions. Elle veille donc à tirer au mieux parti de l’espace en étudiant de près la manière dont on circule dans le loft afin de supprimer tous les coins perdus et d’améliorer la qualité de vie. Les pièces sont aussi délimitées de manière souple, en organisant les différences de revêtement de sol, par exemple.  »

Lorsqu’on pénètre aujourd’hui dans cet appartement, on fait face à une sorte de sas de couleur rouge Balmoral. Il annonce la zone de nuit qui se compose de deux chambres séparées par une salle de bains commune et un petit bureau longiligne, qui peuvent être isolés en refermant tout simplement une porte pivotante. A droite, deux marches mènent au salon, ouvert sur l’ensemble du volume mais excentré par rapport à l’axe principal. Il faut tourner sur la gauche pour découvrir l’ampleur de la partie loft qui s’étend sur une longueur de 15 mètres : à une extrémité, on découvre une grande bibliothèque qui fait office de cloison avec le bureau et, à l’autre, le vaste plan de travail de la cuisine équipée d’appareils électroménagers SMEG, en version Inox..

Très intelligemment, la cuisine est partiellement occultée par un grand mur vertical auquel est accolée la table de la salle à manger. Ce  » paravent  » n’a pas été placé là pour des raisons esthétiques. En fait, c’est le vestige d’un mur porteur qui abrite tous les conduits de cheminée de cette partie de la maison. Grosso modo, on peut considérer que le loft se décline en deux zones distinctes : la première est dévolue aux repas -cuisine et salle à manger – et la seconde à la détente. Le revêtement de sol souligne cette différence puisque le plancher de chêne cérusé gris cède le pas à un granito dans la cuisine et la salle de bains. Le bois est en effet trop délicat pour ce genre de pièces.  » Au début, nous avions songé à faire couler du béton brut et à le polir. Mais les structures de l’immeuble ne le permettaient pas.  »

Le salon est la pièce dont les deux copropriétaires sont certainement les plus fières. Isolé visuellement du grand rectangle, il l’est aussi physiquement, puisqu’il a été surélevé de 50 cm. Cette différence de niveau a permis de transformer une fenêtre existante en porte-fenêtre et d’accéder ainsi à une vaste terrasse, solarium des beaux jours. La pièce accueille un très grand canapé Cappellini en forme de L, recouvert de tissu en feutre gris.  » Lorsque nous l’avons vu dans la boutique, ça a été un véritable coup de foudre.  » L’endroit ménage une surprise supplémentaire, née de la passion des occupantes des lieux pour la gastronomie japonaise – particulièrement les sushis et les sashimis – et de la volonté de pouvoir manger confortablement ou prendre le thé à une table basse, tout en regardant la télévision, par exemple.  » Notre architecte a eu l’idée d’intégrer une table carrée escamotable à l’endroit précis de la différence de niveau. Lorsque nous organisons une réception avec beaucoup de monde, on peut l’abaisser au niveau du sol pour agrandir l’espace. En petit comité, il suffit de la relever pour y partager un repas.  » Encore fallait-il traduire ce projet dans la pratique. C’est le menuisier qui a eu un coup de génie en proposant tout simplement de placer un cric électrique, tels que ceux que l’on utilise chez les garagistes, sous la tablette. Monter et descendre la table devient donc un jeu d’enfant…

Texte et photos :

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content