Autrefois la maison-atelier du peintre Louise De Hem, cette belle demeure ixelloise est aujourd’hui le sweet home de l’artiste Elena Barenghi. L’Art nouveau y joue désormais une partition contemporaine. Sans oublier la chaleureuse petite note italienne.

Cette demeure de la rue Darwin, à Ixelles, a une belle histoire.  » Elle a autrefois abrité le domicile et l’atelier du peintre Louise De Hem qui y réalisait ses grands portraits sur toile, s’enthousiasme Elena Barenghi, son actuelle propriétaire, elle aussi artiste. Grâce à l’extraordinaire hauteur des plafonds, l’intérieur dégage une sensation d’espace presque étourdissante, tout en bénéficiant d’un merveilleux apport de lumière. « 

Après une enfance à Ypres, Louise De Hem (1866 – 1933) partit se former à Paris, partageant plusieurs années durant son temps entre les capitales belge et française avant de se fixer définitivement à Ixelles, en 1904. Elle s’y fit construire une double maison par l’architecte Ernest Blérot, le principal représentant du courant Art nouveau après Horta, qui dota le bâtiment d’une somptueuse façade aux sgraffites raffinés.

À l’instar de Louise De Hem, Elena Barenghi a beaucoup bourlingué avant de finalement jeter l’ancre à Bruxelles. Élevée entre la Suisse et l’Italie, elle étudie la littérature à Rome et à New York, s’adonne au chant, à la peinture, à la photographie, puis aboutit dans notre capitale avec sa fille.  » Mais quoi que j’aie pu faire dans le passé, le fil rouge de toute mon activité créative a toujours été l’aménagement intérieur, confie-t-elle. J’ai commencé il y a une vingtaine d’années, en Suisse, par quelques appartements dans la montagne. Entre-temps, j’ai également décoré les maisons de plusieurs amis et je me suis mise à collectionner des objets d’art et de design… Ce que vous voyez ici est donc le fruit d’une véritable quête. « 

Aujourd’hui encore, Elena Barenghi voyage beaucoup.  » Récemment, j’ai été au Cap, une ville qui, contre toute attente, possède de splendides boutiques et restaurants au look très contemporain. C’est le genre de périple qui me donne des idées et de l’énergie – les villes, surtout, sont une grande source d’inspiration.  » Son sweet home respire d’ailleurs une atmosphère urbaine. Il ne reste plus grand-chose de la décoration originelle : seuls les volumes, les plafonds, les portes intérieures ont été préservés, et si certains murs ont peut-être arboré autrefois des fresques Art nouveau, ils n’en portent plus trace aujourd’hui.

La maison tout entière s’articule autour du vaste rez-de-chaussée qui, du temps de Louise De Hem, faisait office de salle d’exposition. Avec ses plafonds qui culminent à plus de 6 mètres et sa grande baie vitrée côté rue, il a des allures de loft – surplombé de surcroît d’une mezzanine qui accueille désormais le bureau de la maîtresse des lieux. Dans cet antre, Elena Barenghi a demandé au bureau d’architecture Lhoas & Lhoas d’installer une balustrade et un foyer en métal et dont le design contemporain n’est pas sans rappeler le style industriel de Gustave Serrurier-Bovy, ténor liégeois de l’Art nouveau, et s’intègre donc parfaitement au style du bâtiment.

Les activités artistiques de Louise De Hem se concentraient probablement dans la grande chambre du premier étage, où le système permettant de suspendre les tableaux est d’ailleurs toujours en place.  » Pour ne pas devoir scinder cette pièce de 6 mètres de hauteur également et laisser l’architecture intacte, Lhoas & Lhoas y a placé deux boîtes en bois pour accueillir des chambres d’enfants « , explique Elena.

Presque entièrement peint en blanc, l’ensemble n’en est pas moins cosy grâce aux boiseries, au charme douillet des tissus et aux innombrables objets d’art et de décoration.  » Je n’aime ni les intérieurs trop clean, trop froids, ni les décors excessivement bourgeois, précise Elena Barenghi. Sans doute mon style personnel est-il plus proche de l’Italie et de sa chaleur, quoique j’aie également un faible pour les lignes pures du design scandinave et le style industriel de Jean Prouvé. Mais je trouve que lorsqu’on rénove, il faut toujours respecter l’esprit du bâtiment : l’architecture et l’intérieur doivent s’accorder.  » Peut-être est-ce dans cet esprit qu’elle ouvre parfois grand les portes de sa maison le temps d’une exposition…

PAR PIET SWIMBERGHE / PHOTOS : JAN VERLINDE

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