Le bâtiment était beau, mais très sombre. Le jeune architecte Léo Van Broeck a trouvé des solutions ingénieuses pour dévoiler ses charmes sous un jour meilleur.

Bien protégée par les premiers arbres de la forêt de Soignes, elle a le look pimpant d’une maison fraîchement construite. Cubique, bien proportionnée, animée d’un jeu subtil d’ouvertures, elle séduit d’emblée par une allure simple, sans ostentation, moderne. Et pourtant, elle n’est pas neuve du tout, mais remarquablement rénovée par l’architecte Léo Van Broeck du bureau Léo Van Broeck & Pieter Meuwissen, à Heverlée.  » En 1997, raconte le maître des lieux, j’ai eu l’opportunité de racheter l’ensemble de ce site, situé à l’orée du bois, comprenant une maison de style moderniste minimaliste construite en 1954 par un architecte dont on ne connaît pas le nom, ainsi qu’une annexe. L’ensemble me convenait parfaitement, car j’étais à la recherche d’un endroit agréable, permettant de recevoir mes clients et mes collaborateurs dans la discrétion. J’habite en Wallonie, mais mes fonctions m’obligent à travailler à Bruxelles, parfois très tard le soir. Or, les volumes de la maison se prêtaient parfaitement à l’installation d’un appartement confortable. « 

La situation est exceptionnelle, le cadre grandiose. La maison présente, hélas, quelques inconvénients. Pourvue d’ouvertures petites et peu nombreuses, elle est très sombre, obscurcie davantage par les arbres environnants. Second inconvénient, apparemment peu entretenue, puis abandonnée pendant longtemps, elle est dans un état lamentable. Tout est à refaire : le toit, les descentes d’eau, les châssis, l’électricité, la plomberie, la cuisine, le chauffage, le sol et l’escalier ! Autrement dit, seuls les fondations et trois murs sont intacts. Une question vient immédiatement à l’esprit : n’est-il pas préférable de tout abattre et de recommencer à partir de zéro ? Plusieurs architectes consultés conseillent, effectivement, de tout raser,  » en absence d’attachement sentimental « .

 » Je courais de grands risques en l’abattant, estime le propriétaire. En 1954, les prescriptions urbanistiques étaient moins sévères. Certaines distances mitoyennes ont moins des 12 mètres réglementaires et l’urbanisme aurait refusé, aujourd’hui, une construction de même volume et de mêmes dimensions. J’ai donc opté pour la rénovation, même si celle-ci est plus onéreuse. » Suite à une recommandation de sa soeur, il décide de confier le chantier à l’architecte Léo Van Broeck.  » Mon objectif consistait à réhabiliter complètement la maison et à l’ouvrir, pour apporter un maximum de lumière. La façade sud a donc été entièrement modifiée dans ce but. » Avant la rénovation, elle comportait une seule ouverture, un bandeau vertical à l’extrême droite, d’environ 16 mètres sur 6. Aujourd’hui, toute la façade est vitrée à l’exception d’un mur  » tableau « , posé sur l’ensemble de vitrage qui l’entoure.

Au départ, le propriétaire voulait tout vitrer. Il a pourtant suivi les conseils de l’architecte, soucieux de préserver une certaine intimité. A l’intérieur, on a l’impression que ce mur  » tableau  » est dangereusement suspendu dans le vide. Or, il est bien soutenu par deux colonnes métalliques et renforcé par deux poutrelles horizontales en acier qui assurent la stabilité. Le propriétaire a opté pour trois matériaux classiques, le bois, le verre et l’acier. L’ensemble a été conçu dans un parti pris de  » rigueur froide « . Pour compenser cet esthétisme dépouillé, tous les sols, au rez-de-chaussée et sur la mezzanine, ont été recouverts d’un plancher de bibunga, un bois originaire du Gabon, de couleur très chaude,  » africaine « , animé d’un beau jeu de nervures. Le bloc central, comprenant la cuisine, la salle de douche, le WC et les placards techniques, est recouvert de grands panneaux de bouleau. Le bois blond forme un joli contraste avec le bois rougeâtre au sol. La cuisine, de dimensions réduites, est pourtant parfaitement fonctionnelle. L’architecte a exploité avec beaucoup de talent chaque centimètre cube. Toute la maison est généreusement équipée en placards ce qui évite d’alourdir les volumes par des meubles et d’occulter cette belle architecture cubique. A l’étage, aucun changement n’a été apporté aux volumes, tout a été soigneusement rénové et, surtout, dépouillé.  » C’est une maison intellectuelle où l’on peut bien réfléchir et prendre du recul « , résume le maître des lieux, par ailleurs propriétaire, en Wallonie, d’une… demeure historique du XVIIIe siècle, aménagée avec exubérance par son épouse !

Barbara Witkowska Photos: Sven Everaert

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