La cité portuaire où sont nés les Beatles est cette année capitale culturelle européenne. L’occasion d’arpenter l’historique tête de pont de l’Empire britannique, dont l’énergie musicale et la vitalité culturelle rivalisent aujourd’hui avec Londres. Nos quatre bonnes raisons de redécouvrir cette ville fashion.

Les Beatles y sont nés, et ses clubs de foot enchaînent les exploits. En dehors de ces figures de proue, on a du mal à imaginer les contours de Liverpool. Sa grande époque remonte à l’ère préindustrielle. Au xviiie siècle, son port était l’un des plus actifs d’Europe. La splendeur de son architecture maritime a d’ailleurs déterminé son choix pour endosser le titre de Capitale européenne de la culture. Mais Liverpool est aussi la ville d’Angleterre qui abrite le plus de musées et de galeries après Londres. Ajoutez à ce patrimoine un véritable génie musical et un sens inné de la fête, vous tenez là les clefs de la ville…

1. LE MERSEYBEAT, UN SON IRRESISTIBLE

L’histoire commence en 1957. John Lennon et Paul McCartney, apprentis rockers, grattent la guitare en sous-sol. La suite, vous la connaissez. Un groupe de légende, des milliards d’albums, et l’invention d’un mouvement musical, le Merseybeat (d’après le fleuve Mersey, qui traverse la ville). Car si la Beatlemania fait long feu, Liverpool n’a pas joué sa dernière note avec les Fab Four. Le quartier de Ropewalk, autour de Concert Square, est la chambre d’écho d’une vitalité musicale hors normes. A Probe Records et chez 3 Beat Records, disquaires sur Slater Street, on chine des vinyles. De là, attablez-vous au Parr Street : le plus vaste studio d’enregistrement au nord de Londres possède un bar, ultraconfidentiel. Alentour, les entrepôts, courus par la jeunesse de Liverpool, ne désemplissent pas. Car la capitale de la pop est aussi un creuset du clubbing. La boîte de nuit Cream a tant de succès qu’elle s’est aussi expatriée à Ibiza et à Londres. Au Barfly, quartier général des  » néo-Liverpudlians « , les chopes s’entrechoquent, comme au Heebie Jeebies. Autant d’écrins pour les soirées nomades, à guetter de flyers en affiches sur les murs de la ville.

2. LA PLUS BELLE BAIE, D’ANGLETERRE

 » Merveille de l’Angleterre  » : c’est ainsi que Daniel Defoe (1660-1731) a décrit le port de Liverpool au xviie siècle. On prendra le ferry local pour admirer le plus beau point de vue sur les quais. La large esplanade est inscrite depuis 2004 sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco. Les  » Trois Grâces « , formées par le Liver Building, surmonté d’un oiseau, le Cunard Building et le Port of Liverpool Building, brillent de l’éclat d’une belle pierre blanche. Quant à l’Albert Dock, c’est le monument classé le plus important de Grande-Bretagne. Cet ensemble d’entrepôts abrite des bars, des restaurants, mais surtout la Tate Liverpool et The Beatles Story, le musée narrant l’épopée des  » quatre garçons dans le vent « .

3. CLIENTS FRIENDLY, PRODUITS ORGANIC

On pensait déguster à toute heure le fameux  » scouse « , ce ragoût donné en surnom affectueux aux habitants de Liverpool. Plutôt que ce plat du pauvre, en réalité d’origine scandinave, c’est une savoureuse cuisine de terroir que mitonnent les bonnes adresses en ville. Ainsi, Paul Askew, aux fourneaux du London Carriage Works, se vante- t-il de ressusciter une race porcine qui n’a d’égale que l’agneau régional. Tous ces produits sont autant de joyaux d’  » appellation contrôlée « . Malgré ses ambitions, Liverpool conserve l’ambiance d’une petite ville, se réjouit le chef vedette. Ce charme est confirmé par Mathew, gérant du Pushka et exilé de Manchester depuis douze ans. Clients friendly, produits seasonal and organic, banquettes prune dans la quiétude de Rodney Street : son sunday lunch est une bénédiction au lendemain d’une nuit électrique.

4. UNE ARCHITECTURE, ÉPOUSTOUFLANTE

Montez sur les hauteurs de Hope Street. Deux cathédrales s’y toisent : l’anglicane, édifiée par Giles Gilbert Scott, est une masse austère et puissante ; l’Oriel Chambers de Peter Ellis, bâtie en 1864, est une structure de verre et d’acier préfigurant les audaces modernistes. Comme par miracle, Liverpool a repoussé la banalité hors ses murs. La ville est un jeu de construction en mouvement. Rodney Street aligne une vitrine de façades géorgiennes jumelles. Ses maisons à colonnades retrouvent acquéreurs. Le grand charivari s’amorce en descendant vers Ropewalk. Sur Renshaw Street, les fripes du Quiggins Emporium, passé par pertes et profits immobiliers, sont exposées dans un hall méthodiste. Sur Wood Street, des usines à thé ont été investies par des galeries. La palme du détournement revient au Alma de Cuba, un bar logeant dans une ancienne église polonaise, St Peter’s Church, sur Seel Street. Des trophées de chasse montés en lustres rehaussent la nef, des candélabres se postent sur les autels, une mise en scène très trendy. Une vision dionysiaque.

Anne-Laure Murier

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content