La déconnexion est dans l’air du temps. La preuve avec  » Burning Man « , un homme déifié sous les feux de l’amour.

Retrouvez Frédéric Brébant chaque lundi matin, vers 9 h 45, dans l’émission  » Bonjour quand même « , de Jean-Pierre Hautier sur la Première (RTBF radio).

Autant balancer d’emblée une lapalissade : la miniaturisation informatique est en train de bouffer notre quotidien. Ordinateurs portables, GSM, GPS, Palm, montres intelligentes, Wifi et tutti quanti, l’homme du XXIe siècle devient cyber-accro et techno-dépendant. Heureusement, tout phénomène de société connaît ses effets de balancier et l’on assiste, depuis peu, à un courant émergent, opposé mais pas nécessairement contradictoire, censé remettre les pendules à l’heure : l’homme d’abord ; la panoplie technologique ensuite. Le mouvement est certes frémissant, mais il gagne peu à peu du terrain. Ainsi, à New York, les autorités locales ont récemment voté un arrêté municipal qui interdit l’usage des téléphones portables dans les salles de spectacle, les musées et les bibliothèques. Pris sur le fait, les responsables de sonneries intempestives devront payer une amende de quelque 50 euros. Ouf, l’art est sauf ! Autre indice révélateur : la nouvelle mode américaine des  » MacQuariums  » ou comment transformer son vieil ordinateur de bureau en un véritable petit logis pour poissons bien vivants ! Des dizaines de sites Internet rendent désormais hommage à ce recyclage intelligent qui célèbre, à sa manière, la revanche de la nature sur la toute-puissance technologique (voir, entre autres, www.techquarium.com). A priori anecdotiques, ces deux faits d’actualité illustrent pourtant le désir de déconnexion évident qui grandit au sein de notre société dite moderne. Aux Etats-Unis encore, un événement haut en couleur attire précisément, chaque année, de plus en plus de gens avides de liberté tous azimuts : la fête du  » Burning Man « , organisée chaque premier lundi de septembre, jour du Labor Day (l’équivalent de notre Fête du Travail). Lancé en 1986 comme un feu de joie pour vingt copains sur une plage de San Francisco, cette réunion anodine s’est muée, au fil des ans, en un vaste rassemblement de 25 000 personnes en plein désert du Nevada www.burningman.com). Le concept, si l’on ose dire, est simple : pendant la semaine des festivités de  » Burning Man « , chacun met sa vie urbaine entre parenthèses, oublie ses soucis et son train-train quotidien pour vibrer au son d’une même communauté éprise d’art et d’amour. On y écoute de la musique, on y danse, on y expose ses £uvres. Ephémère, l’événement se tient sur le site de Black Rock City, un lac asséché au milieu de nulle part et donc hors d’atteinte des téléphones portables et de toute autre onde radio ou télé. La pub y est interdite ; l’argent proscrit et le troc vivement conseillé. Mieux, le puritanisme n’y a pas droit de cité et il est de bon ton de s’y promener nu, le corps peint de couleurs naïves et autres symboles magiques comme pour montrer son appartenance à cette même tribu idéale. Bon enfant, la fête primitive dure une semaine et se clôture en apothéose avec l’embrasement d’une immense statue de bois de quinze mètres de hauteur (photo) qui rappelle le feu de joie originel, symbole d’amour et de fraternité. Bien sûr, le lendemain, tout le monde retourne à la case départ. On remet son tailleur ou son costume-cravate, on retrouve fébrilement son téléphone portable et on retourne gentiment devant son ordinateur. Mais au moins, on a pété les plombs, l’espace d’une semaine non politiquement correcte, dans un no man’s land célébrant l’homme nu et déconnecté de toute technologie. L’utopie a ses limites, mais l’exutoire est salutaire. A quand un 1er mai  » unplugged  » en Europe ?

Frédéric Brébant

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