A 52 ans, ce chef d’entreprise a couru un marathon pieds nus. Un exploit sportif destiné à promouvoir des comportements plus respectueux de notre planète. Et de ses habitants.

3 heures 47 minutes. C’est le temps réalisé par Bernard Joseph au marathon de Bruxelles, le mois dernier – soit près de 12 km/h de moyenne. Pas mal pour un quinquagénaire dont c’était la trentième épreuve du genre. En 1984, pour sa première tentative, dans notre capitale également, il avait mis une heure de plus alors qu’il portait des chaussures… Or, sa récente performance, il l’a accomplie pieds nus !  » Running barefoot 4 minimalism « , affichait son tee-shirt.  » Je cours pieds nus pour le minimalisme.  » Une première en Belgique.

Il y a trente ans, Bernard Joseph sprintait derrière ses ambitions professionnelles. Achevant ses études d’ingénieur en gestion à Solvay (ULB), il se rêvait chef d’entreprise, à la tête d’une start-up dans les nouvelles technologies. Bercé par le capitalisme. Après avoir travaillé aux Etats-Unis, il a repris la PME familiale. Elle était mal en point – la conjoncture difficile, la concurrence sans pitié… – et n’a pas survécu. Pour lui, ce fut un électrochoc.  » Ce que je faisais n’avait plus de sens pour moi. Ma prise de conscience a été double. On vit le nez dans le guidon, sans savoir où l’on va, prisonnier de la société de consommation. Parallèlement, les gens sont de moins en moins en forme, de plus en plus malades. J’ai pensé pouvoir concilier les deux : aider chaque individu à trouver le bien-être physique et mental et, par ricochet, à stimuler ses performances au boulot.  » Alors Bernard Joseph apprend. Il se forme au coaching sportif et mental, à la nutrition, à la gestion du stress et crée une société qui anime des séminaires et organise des événements entre entreprises pour les pousser à développer l’activité physique de leurs salariés. Ainsi naissent l’Immorun, le Finance Run, le Batirun et d’autres courses qui réunissent plusieurs centaines d’équipes de différents secteurs.

La santé humaine n’est pas seule à le préoccuper, celle de la planète l’inquiète aussi. Il donne à ses démarches une dimension green : utilisation de matériaux recyclables, compensation CO2… Lui ne se déplace quasi plus qu’à pied, à vélo ou en transports en commun. Il y a trois ans, nouvelle révélation : il découvre la permaculture. Une philosophie qui vise à promouvoir une agriculture respectueuse des cycles de la nature et de la biodiversité mais, précise-t-il, qui s’applique à tous les domaines du quotidien : l’alimentation, l’habitat, la mobilité, l’entreprise…  » Ces trois dernières décennies, la croissance mondiale n’a jamais été aussi élevée, mais les bilans sociaux et environnementaux sont négatifs ! Comment faire en sorte que la vie soit préservée partout pour les générations futures ? La permaculture offre une alternative réaliste, en reposant sur trois principes éthiques : prendre soin de la Terre, prendre soin des gens et préserver une répartition équitable.  »

Pour Bernard Joseph, président du chapitre belge de la Barefoot Runner Society, courir pieds nus implique de renoncer aux chaussures fabriquées dans des conditions humaines discutables, d’adapter sa vitesse et sa foulée au terrain… donc de consommer moins en vivant au rythme de la nature. Un slow running qui montre la voie  » d’une consommation durable, basée sur des produits utiles dont la fabrication réduit notre empreinte écologique car ils sont locaux, recyclables et nécessitent peu d’énergie fossile « . Montrer la voie… C’est devenu son objectif. En aidant d’autres coureurs à découvrir le minimalisme en course à pied et dans les activités de coaching en entreprises de sa société Running Nation. Il y côtoie des grands patrons et ses idées commencent à percoler. Lentement. Mais sûrement ?

PAR PHILIPPE BERKENBAUM

 » Prendre soin de la Terre, prendre soin des gens et préserver une répartition équitable.  »

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