Ce 24 avril, à 14 heures précises, ce mordu de design belge ouvrira les portes du premier marché aux puces indoor spécialisé dans les meubles édités de 1950 à nos jours. Pas le temps de déballer. Pros et amateurs se retrouveront pour faire affaire au cul du camion !

Tous les accros à la chine vous le diront : les pièces rares n’ont pas le temps de prendre la poussière dans les brocantes.  » Dans les foires traditionnelles, entre les previews réservées aux grands collectionneurs et les ventes entre antiquaires, il n’est pas rare qu’une pièce ait changé plusieurs fois de mains avant même que le coup d’envoi de l’événement n’ait été donné « , assure Thierry Belenger. La maison dans laquelle il nous reçoit, signée Jacques Sokol et restaurée par le bureau d’archi bruxellois Lhoas & Lhoas, regorge de ses trouvailles. Pour avoir traqué la bonne affaire aux quatre coins de l’Europe pendant des années, notre homme, 44 ans au compteur, sait que, dans la recherche de l’objet d’exception, chaque minute compte. Afin d’offrir les mêmes chances de découverte et d’achat à tout le monde, l’organisateur du 9e Brussels Design Market a décidé de mettre exposants et visiteurs sur la mêmeà ligne de départ. Ce samedi 24 avril, à 14 heures précises, une cinquantaine d’antiquaires venus de Belgique, de France, des Pays-Bas, d’Allemagne ou d’Italie, proposeront leurs plus belles pièces au cul du camion. Premier arrivé, premier servi.

 » Lorsque j’ai créé le concept du Brussels Design Market, en 2002, l’objectif était double, rappelle Thierry Belenger. En tant que spécialiste du design du xxe siècle, post 1950, je trouvais rarement ce qui m’intéressait sur les foires traditionnelles. D’où l’idée de rassembler en un même lieu des spécialistes d’une même époque. Je voulais aussi sortir du petit cocon du Sablon. Proposer un événement plus décontracté. La chine est pour beaucoup la première porte d’entrée vers le design. « 

Pour Thierry Belenger, la rencontre, alors qu’il vient d’interrompre ses études de médecine, avec le restaurateur de meubles Marc Hotermans sera l’élément déclencheur. C’est avec lui qu’il se forme, avant de remettre à neuf l’ensemble du mobilier Art déco d’Adrien Blomme qui se trouve à l’hôtel Métropole, à Bruxelles. Et d’ouvrir un premier point de vente en 1991.  » Aujourd’hui, les gens ont tendance à se détourner des magasins au profit des salles de vente et des foires « , constate-t-il. L’avalanche de monographies sur les designers et architectes, couplée à la surabondance des informations circulant sur Internet, pousse aussi les particuliers à l’audace. Voire à la témérité. Ils sont de plus en plus nombreux à se prendre pour des antiquairesà du dimanche. Au risque de payer très cher ce qui ressemble à s’y méprendre à un Eames ou un Wabbes mais qui n’en est pas un.  » Vous savez, le type qui vous raconte qu’il s’est fait couillonner à l’aube, cela me fait toujours rire, plaisante Thierry Belenger. C’est un métier. On paie pour apprendre. Cela nous est tous arrivé. « 

En marge du Design Market, Thierry Belenger s’est aussi donné pour mission depuis 2002 de faire mieux connaître, par des expositions didactiques – plus de 350 000 visiteurs se sont pressés en 2007 à l’Atomium pour découvrir les créations de l’architecte social Willy Van der Meeren -, le travail des architectes et designers belges qui se sont révélés surtout après la libération créatrice que fut l’Expo 58. Parallèlement, il a mis sur pied la fondation Archives Design qui se veut la mémoire de ces créateurs à  » l’intelligence efficace « . De la sauvegarde de patrimoine à l’état pur, sans idée de profit.  » Les antiquaires ne sont pas seulement les premiers recycleurs du monde, conclut-il. Ce sont eux aussi qui découvrent les talents.  » Sur lesquels spéculateurs et éditeurs parieront demain.  » Je peux comprendre que le collectionneur qui a chez lui un objet unique puisse être agacé de le voir soudain mis en production, admet Thierry Belenger. Tenez, moi, par exemple, je n’ai pas du tout envie qu’on édite un jour ma chambre à coucher, un ensemble original de l’architecte Christophe Gevers. En même temps, le souhait d’un designer industriel, lorsqu’il crée un meuble, c’est d’être largement diffusé. Quoi qu’il en soit, les rééditions de classiques ne tuent pas la rareté : les premiers objets fabriqués auront toujours une valeur exceptionnelle.  » Parole de design trader.

Carnet d’adresses en page 104.

Isabelle Willot

Les antiquaires sont les premiers recycleurs du monde.

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