C’était il y a moins d’un an. Le 22 octobre dernier, les Fashion Weeks à peine clôturées, Raf Simons quittait la direction artistique de l’univers féminin de Christian Dior. Un divorce d’autant plus étonnant que la mariée compte parmi les plus convoitées de la planète et que la collaboration n’aura duré que trois ans et demi, alors que ce type d’unions s’inscrit en général sur le long terme. A l’échelle de la mode, l’annonce a l’effet d’un mini séisme. En attendant, le message des deux parties laisse entendre un consentement mutuel : tandis que les pontes du groupe LVMH, dont la griffe est un des vaisseaux amiraux,  » respectent la décision de Raf Simons et le remercient chaleureusement pour (sa) contribution « , notre compatriote fait état à la fois d’un  » désir de (se) concentrer sur d’autres centres d’intérêt « , notamment sa propre marque, et de  » passions qui (le) motivent au-delà de (son) activité professionnelle « . Bien sûr, le langage policé est d’usage dans ces situations-là, et lire entre les lignes d’une note aussi cadenassée est presque chose impossible. Mais malgré tout, le landerneau met en cause le rythme insoutenable des six collections par an, auxquelles s’ajoutent les accessoires ou encore les événements connexes aux lancements. D’ailleurs, d’autres que lui, Alexander Wang chez Balenciaga ou Alber Elbaz chez Lanvin, ont également jeté l’éponge à quelques semaines d’intervalle, c’est dire…

Pourtant, depuis le 11 août dernier, l’analyse ne tient plus, du moins dans le cas du Flamand, qui a été nommé à la tête de la création de Calvin Klein. A sa charge : six labels, dont le prêt-à-porter Homme et Femme, plus un droit de regard sur le marketing et la communication de ceux-ci. Difficile d’imaginer que quelqu’un qui se sent  » épuisé  » puisse assumer tout cela. En revanche, fini le carcan des codes imposés par le lourd héritage d’une maison de luxe – ceux de la haute couture, surtout. En se mettant au service de la marque américaine, Simons espère sans doute avoir les coudées plus franches qu’en présidant aux destinées du joyau parisien qui fait la fierté de Bernard Arnault. La liberté d’agir comme on l’entend, tout en gardant le contrôle sur l’entièreté du processus menant au vêtement : un trait de caractère qui pourrait faire office de dénominateur commun aux grands noms de la mode belge, qui cherchent avant tout à travailler sans contraintes, en phase avec leur vision personnelle. Et si, cela, finalement, valait tous les Dior du monde ?

RÉDACTRICE EN CHEF

DELPHINE KINDERMANS

LES GRANDS NOMS DE LA MODE BELGE AIMENT TRAVAILLER SANS CONTRAINTES.

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