Histoire de résister à la toute-puissance du virtuel, de nouveaux endroits a priori banals se mettent doucement en place. Objectif : le réel, tout simplement.

Retrouvez Frédéric Brébant chaque lundi matin, vers 9 h 45, dans l’émission  » Bonjour quand même,  » de Jean-Pierre Hautier, sur la Première (RTBF radio).

A u secours, les Tamagochis sont de retour ! Les quoi ? Mais oui, ces petits poussins virtuels créés il y a huit ans déjà et qui avaient cartonné dans les cours de récré (40 millions d’exemplaires vendus dans le monde entier !) Pour rappel, il s’agissait de petits boîtiers électroniques garnis d’une espèce de gallinacé pixellisé qu’il fallait nourrir, soigner et divertir sous peine de mort inéluctable de l’animal. Le gadget avait fait fureur en l’espace de quelques mois avant d’être gentiment rangé au musée des jouets. Epuisé, fini, dépassé. Enfin, pas vraiment. Tel un phénix revenu de son crash, une nouvelle version du Tamagochi, plus intelligente encore, est annoncée pour le printemps prochain. Indestructibles, les représentants de la deuxième génération seront dotés d’un sexe masculin ou féminin ( sic) et pourront se reproduire entre eux grâce à un système de communication à infrarouges. Génial. Mais pas vraiment étonnant. Car à l’heure du  » tout virtuel « , il fallait que ce genre d’invention loufoque éclose sur le marché. Depuis quelques années déjà, un monde parallèle s’est en effet installé autour de nous, pour le grand plaisir d’une communauté qui vit hors de la réalité terrestre. Dans cet univers-là, l’ordinateur est roi et sert au développement des tribus virtuelles.  » Seul mais ensemble « , tel pourrait en être le slogan : chacun se retrouve isolé devant son clavier mais nourrit toutefois la superbe illusion d’appartenir à tel ou tel groupe de passionnés par le biais de chats et de cyber-passions communes. Si le phénomène n’est pas condamnable en soi, il génère forcément, à la longue, un sentiment de rejet et de révolte. Toute tendance, finalement, donne naissance à son contraire et le mouvement de balancier se dirige donc désormais vers un certain retour aux sources. Marre du virtuel. Assez des vraies-fausses identités. Envie de concret et de transparence. Indice révélateur : à New York, le nouveau café à la mode n’a rien de technologique, mais glorifie un hobby que l’on croyait (lui aussi) enterré depuis belle lurette : l’art du tricot ! Sans rire, le  » Knit New York  » glorifie le culte des aiguilles et du cappuccino dans une ambiance qui n’a rien de mémère ni de poussiéreux ( www.knitnewyork.com). Au c£ur de cet établissement, les consommateurs discutent donc en tricotant et tissent une autre toile sociale que celle dessinée virtuellement par le dieu Internet. Au-delà d’un éventuel  » revival tricot «  que certains annoncent déjà sur la planète mode, c’est d’abord toute la philosophie de l’estaminet  » à l’ancienne  » qu’il faut pointer ici. La rencontre, la discussion, l’échange. Rien à voir avec les cybercafés où chacun se colle à son écran et vit sa vie par procuration informatique. D’ailleurs, depuis son inauguration en décembre dernier, le  » Knit New York  » ne désemplit pas et réunit les générations avec un plaisir rare. Attachante, cette tendance néo-conviviale semble d’ailleurs faire des émules. Ainsi, à Montpellier, un autre bar  » deux en un «  attire lui aussi sont lot d’altruistes en mal de rencontres sans chichis. Alliant le plaisir du comptoir à la corvée des lessives, le  » Lav’Club Café  » permet en effet de laver son linge sale entre amis, une bière ou un expresso à la main. Histoire de (re)tricoter, là aussi, le tissu social et, pourquoi pas, de déclarer la guerre à ces maudits Tamagochis !

Frédéric Brébant

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