L’ARTISTE

Xavier Mary est né à Liège en 1982. Diplômé en techniques d’impression artistique à Saint-Luc Liège, il a complété sa formation par un Master en Art : Sculpture et Installation/Performance à l’École de recherche graphique (ERG), à Bruxelles. Il vit et travaille aujourd’hui dans la capitale. En quelques années, il s’est imposé parmi les sculpteurs belges les plus intéressants de sa génération. Se décrivant comme chercheur en volumes et espaces, il s’exprime à la faveur de pièces tridimensionnelles géométriques et monumentales, en bois ou en métal. À travers une esthétique minimale, il s’échine à nous faire  » regarder à nouveau  » le réel en émancipant toutes sortes d’objets industriels de leur fonction (lampes de bureau, d’autoroute, tapisà). À rebours du design, ces formes  » dans un certain ordre assemblées  » reprennent en quelque sorte le contrôle de leur existence, de leur autonomie, se suffisant à elles-mêmes, autologiques, insondables, sans affects ni narrativité. Au rang de ses références, il cite autant le peintre Frank Stella que l’Intelligent Dance Music d’Autechre, musique électronique des années 90 à tendance cérébrale. Ses sculptures peuvent effectivement s’appréhender comme une track d’électro froide. Elles en épousent la même logique d’agencement à la fois illimité et clos. Comme le résume le curateur Charles-Olivier Gohy, chez Xavier Mary,  » l’utilisation de patterns empruntés à la musique minimale répétitive et l’electronica (ces deux petites figures rythmiques destinées à être répétées et additionnées les unes aux autres) nous confrontent en effet à des jeux de symétrie, d’éclatement et de dédoublement, en boucle, et à l’infini. Une machine abstraite en soi. « 

L’expo

Première expo solo de Xavier Mary à la galerie bruxelloise Baronian-Francey, Overgame tourne, comme son titre l’indique, autour de l’univers ludique. Celui des proto-jeux vidéo des années 80, plus précisément. À partir d’une réflexion sur les moyens limités offerts par les premières consoles low-tech, le sculpteur joue,  » à la manière, dit-il, du photographe Walker Evans « , à enrichir le réel à partir d’outils très pauvres, à faire du peu un moteur esthétique. Pour modéliser ses pièces, Xavier Mary a donc utilisé un vieux Canon V-20 acheté sur e-Bay. Les £uvres les plus édifiantes sont des sculptures réalisées en mousse industrielle. Elles tri-dimentionnalisent des motifs de tapis kilim et chirvan proches par leur économie formelle du décorum de jeux d’arcade tels que Space Invaders. Ou quand le tapis oriental (et toute la philosophie antifigurative arabe) rencontre la culture pop. Plus proche du graphisme et délaissant pour le coup sa signature abstraite, l’artiste reconstruit le mythique lettrage Game Over dans une mousse industrielle couleur brique (clin d’£il à l’interface final du jeu de combat Street Fighter 1 sorti sur Amstrad 464+). En inversant les deux mots (Over Game,  » par-delà le jeu « ), Xavier Mary questionne sa propre pratique de l’art, et l’art en général,  » qui est quelque part toujours de l’ordre du jeu « .

Xavier Mary, Overgame. À la galerie Baronian-Francey, 2, rue Isidore Verheyden, à 1050 Bruxelles. Tél. : 02 512 92 95. www.baronianfrancey.com. Jusqu’au 17 juillet prochain. Chaque mois, Le Vif/Weekend vous propose le décryptage d’une exposition. Parce que l’art contemporain est souvent taxé d’hermétisme, nous vous donnons les clés de lecture pour passer les portes des galeries et apprécier le meilleur de l’art vivant.

Baudouin Galler

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