Il semblerait que le modèle craque de partout. Comme si les coutures, sollicitées pendant trop longtemps, finissaient par lâcher d’un coup. Après les départs ultramédiatisés de directeurs artistiques des grandes maisons – Alexander Wang chez Balenciaga, Raf Simons chez Dior, Alber Elbaz chez Lanvin, et sans doute bientôt Hedi Slimane, dont les rumeurs de tensions avec Kering, propriétaire de la maison Saint Laurent, vont crescendo – c’est au calendrier lui-même d’exploser. Alors que l’on a assisté à une prolifération continue des collections, jusqu’à en proposer dix par an pour certaines marques, Burberry annonçait en effet récemment un virage à 180 degrés. Qu’on se le dise, on rationnalise. Fini, donc, les présentations semestrielles pour l’Homme et pour la Femme, avec vestiaire adapté à chaque saison. Pour la griffe britannique, déjà initiatrice par le passé d’importants changements de paradigmes dans le secteur – on pense notamment à la diffusion en temps réel des shows sur le Net -, ce sera désormais non plus quatre mais deux défilés par an, en septembre et en février, rassemblant silhouettes masculines et féminines, portables à longueur d’année. Et, alors qu’il fallait traditionnellement attendre plusieurs mois avant de retrouver les pièces en magasin, celles-ci seront dorénavant disponibles immédiatement. L’idée derrière ce chambardement ?  » Rapprocher l’expérience que nous créons avec nos défilés du moment où les gens peuvent explorer les collections physiquement par eux-mêmes « , expliquait Christopher Bailey, le directeur général du label. En clair, coller au plus près aux pratiques des clients, que les réseaux sociaux et autres nouveaux moyens de communication ont habitués à l’instantanéité. Après tout, l’objectif est de vendre. Mais au-delà de la démarche mercantile, cette petite révolution induit aussi un sursaut de bon sens. Après l’ère des excentricités assumées et de la surconsommation à outrance, le tempo se fait peut-être moins hystérique. Une option à laquelle souscrivent déjà nombre de nos compatriotes.  » Je ne veux pas être cantonné dans un style où tout doit être novateur et conceptuel, nous confirmait ainsi Christian Wijnants. Je veux aussi que ce soit beau, portable, viable. Faire du vêtement pour le vêtement, c’est bien, mais il y a un principe de réalité. Finalement, la mode ce n’est rien d’autre qu’un échange entre le créateur et celle ou celui qui porte ses créations.  » C’est vrai, la Belgique est la patrie du surréalisme… mais elle est aussi, indéniablement, celle d’un certain pragmatisme. Ceci n’est pas un paradoxe.

DELPHINE KINDERMANS

AU-DELÀ DE LA DÉMARCHE MERCANTILE, UN SURSAUT DE BON SENS.

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