» Donner un autre visage à la coopération « , c’est l’objectif poursuivi par Solveig et Véronique, duo de choc à la tête de WAPA, association venant en aide aux populations touchées par les conflits armés. Présentation.

WAPA, C’EST QUI ?

Jeunes trentenaires aussi engagées qu’indignées, Véronique et Solveig se rencontrent en bossant pour une ONG internationale et partagent les mêmes réserves quant à son fonctionnement.  » Entre nous, le courant est vite passé, dit Véronique, on défendait les mêmes convictions. Bien qu’efficace, notre boulot consistait trop souvent à donner accès à nos standards occidentaux aux populations africaines, asiatiques ou sud-américaines, comme si c’était la seule chose à leur offrir. Et dès que l’argent cesse d’arriver, tout tombe à l’eau, faute d’autonomisation. Au bout d’un moment, on en a eu marre de s’insurger face à tout ce qui se passe d’affreux dans le monde. On s’est dit « Ça suffit : soit on agit, soit on se tait ; rien ne sert de pleurer devant sa télé. » Alors on s’est lancées.  »

C’EST QUOI ?

Devenue amies,  » Sol et Véro  » mûrissent leur projet, qui se concrétise au cours de l’année 2013. Les statuts sont déposés en août, leur association s’appellera WAPA, pour  » War-Affected People Association « . Un acronyme simple, dynamique et  » beaucoup mieux que l’idée précédente, qui sonnait très mal « . Coup de fouet ou cri de joie, WAPA veut rompre avec le cliché de l’assoc’ à l’ancienne, au système opaque, aux résultats plombés par la lourdeur administrative. Et compte bien remplacer la culpabilité latente des campagnes de coopération par une bonne dose de fun.

C’EST DESTINÉ À QUI ?

Comme son nom l’indique, WAPA s’est donné pour mission d’aider les populations touchées par les luttes armées, même si c’était d’abord la problématique des enfants soldats qui préoccupait Véronique et surtout Solveig. D’où le choix de l’Ouganda :  » La guerre civile menée par Joseph Kony y a été absolument atroce, avec cent mille morts, deux millions de déplacés et trente mille enfants – dont un quart de filles – devenus soldats, mais aussi porteurs, espions ou esclaves sexuels. Ceux qui parviennent à rentrer chez eux après des années d’atrocités sont détruits psychologiquement et stigmatisés par leur propre communauté, qui leur refuse les emplois ou le mariage. La situation est d’une extrême complexité, ils ne sont pas responsables parce qu’ils n’étaient que des enfants, mais dix ans plus tard, ils sont adultes et considérés à leur tour comme des bourreaux. Même sur place, on ignore comment les juger. Et le problème n’est pas spécifique à l’Afrique, il reste même tristement d’actualité vu ce qu’il se passe en Syrie avec l’EI. Mais nous n’agissons qu’en pays post-conflit, on espère d’ailleurs démarrer deux nouveaux projets au Sri-Lanka et en Colombie prochainement.  »

ÇA MARCHE COMMENT ?

Pas d’ingérence aux relents post-coloniaux –  » Cette idée que sans un Blanc sur place, rien n’est viable, nous est insupportable. Pourquoi ne pas faire confiance aux citoyens sur le terrain ?  » lâche Solveig. WAPA oeuvre dès lors à renforcer les capacités locales selon le principe de subsidiarité et se greffe donc à des initiatives existantes, soutenues grâce aux récoltes de fonds, tout en menant des campagnes de sensibilisation chez nous. Parties à la recherche d’un partenaire dans le district de Gulu, Véronique et Solveig ont eu un coup de coeur pour Karin Community et ses programmes de réinsertion socio-économique : soins de santé, micro-crédit et industrie laitière, via la location d’une vache.

COMMENT SOUTENIR LES PROJETS ?

Les moyens ne manquent pas. Outre les dons ponctuels, ordres permanents, cadeaux d’anniversaire et même testaments, les WAPA Girls débordent d’initiatives originales ( » les fameuses idées LOL « ), dont l’une des premières fut d’organiser un troc en cascade, qui débuta par une pipe ougandaise pour finir avec une toile de Jacques Charlier, finalement adjugée aux enchères à 8 000 euros. Adeptes de la com’ décalée, elles illustrent la nécessité d’une ambulance ralliant le centre médical voisin au moyen d’une vidéo YouTube qui les montre  » après sept kilomètres de marche sous le cagnard ougandais  » – avec succès, car un rutilant van Toyota sera financé par crowdfunding. Aujourd’hui, elles cherchent encore une dizaine de femmes  » extraordinaires  » pour Women 4 WAPA, qui vise rien moins que la construction d’une maternité.  » Beaucoup de gens veulent faire quelque chose, mais ne savent pas comment « , déplorent les Girls. La solution est maintenant toute trouvée : faire confiance à WAPA.

www.wapainternational.org

PAR MATHIEU NGUYEN

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