Le japonais Shigeru Ban reçoit le Pritzker Prize

Fanny Bouvry
Fanny Bouvry Journaliste

« Son sens des responsabilités et son action positive pour concevoir une architecture de qualité répondant aux besoins de la société, combinés à une approche originale de ces challenges humanitaires, font du lauréat 2014 un exemple pour la profession. » C’est en ces mots que le jury du Pritzker Prize a félicité l’architecte japonais Shigeru Ban (1957), lauréat 2014 de ce véritable Nobel de la discipline.

Il faut dire qu’en cette période où le monde traverse de multiples crises, tant environnementales qu’économiques, et paie aussi lourdement les conséquences des catastrophes naturelles et des conflits armés, la réflexion de Shigeru Ban sur la manière dont l’art de bâtir peut aider l’homme à se relever est d’une importance capitale.

Loin du star-system et des projets tape-à-l’oeil voués à une caste de clients au portefeuille encore bien garni, Shigeru Ban travaille avant tout pour ceux qui n’ont rien. En 1994, lors de la guerre au Rwanda, il fait ses premiers pas dans l’humanitaire et propose la construction d’abris fabriqués en tubes de papier au Haut Comité aux réfugiés de l’ONU. Son idée est retenue. Lors du tremblement de terre à Kobe au Japon, en 1995, il se penche à nouveau sur la situation des sans-abri et imagine une « Paper Log House » pour les réfugiés, conçue à partir de bacs de bières lestés de sable comme fondation, surmontés d’une structure en tubes de carton. A cette époque, il dessinera également la « Paper church », toujours pour les victimes de ce désastre.

Mais en parallèle de cette action humanitaire, qu’il perpétue aujourd’hui encore, Shigeru Ban développe également des bâtiments de qualité, de par le monde : musées, concert halls, immeubles de bureaux, et même des maisons individuelles. Dans ces projets aux lignes très contemporaines, il conserve cette réflexion sur l’économie de matière, le développement durable et l’utilisation de la lumière et la ventilation naturelle. A l’image du très connu Centre Pompidou de Metz, conçu comme une grande toiture structurelle en bois couvrant un espace public d’exposition, ou encore de son club house pour l’Haesley Nine Bridges House en Corée et de son bâtiment Tamedia à Zurich.

Pour chacune de ces oeuvres, le Japonais expérimente des techniques qui alimentent sa réflexion humanitaire et inversement, démontrant qu’architecture ne rime pas toujours avec démesure et que s’il est un objectif que lui et ses confrères doivent garder en point de mire, c’est celui-là : construire pour l’homme, tout simplement. Tel est très certainement le message qu’a voulu faire passer cette année le jury du majestueux Pritzker Prize. Par Fanny Bouvry

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