Déco: pour trouver l’inspiration, passez une nuit à l’hotel

Hotel © SDP

A l’heure actuelle, l’hôtel est l’endroit par excellence où trouver des idées pour aménager son intérieur… Reste à pouvoir dormir les yeux ouverts !

Immersion au Japon Yadoya, à Bruxelles

Dans la salle à manger, les chaises Yado de Jun Godron.
Dans la salle à manger, les chaises Yado de Jun Godron.

Dernier projet d’hôtel-concept, signé par l’architecte d’intérieur Michel Penneman, à Bruxelles, Yadoya marie habilement modernité et tradition, savoir-faire belge et culture venue du Soleil levant.

L’auteur d’autres établissement horeca de la capitale – White Hotel, Pantone, Zoom… – a une fois de plus déployé ici tout son art du storytelling. Si la façade Art déco, située boulevard d’Anvers, a été conservée en l’état, l’intérieur de l’édifice ne laisse aucun doute quant à la destination du jour.

Du lobby au restaurant, l’atmosphère nipponne est si prégnante que l’on ne s’étonnerait guère de voir s’envoler un tourbillon de pétales de cerisier par les fenêtres. Sur les tables, sudokus et oeuvres iconiques, telles que La Vague d’Hokusai ; aux murs, origamis, mangas et tous les visages du Japon moderne en photographie. Côté cour, c’est sans surprise que l’on retrouve les éléments typiques des jardins zen : graviers blancs, pagode en pierre et fontaine en bambou.

Plutôt que de faire venir du mobilier de l’archipel, le concepteur a eu l’excellente idée de faire appel au designer belgo-japonais Jun Gobron, qui s’acquitte de la lourde tâche de meubler l’ensemble avec brio.

Outre les tables du restaurant et les chevets des chambres, incrustés d’une pièce de 5 yens en guise de porte-bonheur, on retient particulièrement les chaises Yado, dont la structure évoque les torii, ces portails érigés à l’entrée des sanctuaires shintoïstes. On y voit aussi certaines de ses productions antérieures, comme la lampe Hikari, glissées çà et là dans l’une des septante chambres et trois suites que compte la maison.

Aux étages, la déco a été pensée pour apaiser les tensions, grâce à l’effet conjoint de l’éclairage indirect et du recours aux couleurs sobres, largement dominées par une teinte thé vert. Bonne nouvelle : l’établissement pratique des tarifs des plus abordables, à partir d’une soixantaine d’euros. Les clients lui disent Arigatô !

M.N.

www.yadoyahotel.be

Bohémien et éclectique Los Enamorados, à Ibiza

Ambiance gipsy chic dans ce salon aux murs laissant entrevoir le cimentage d'origine. Un divan Ligne Roset vintage cohabite avec un lampadaire Tom Dixon et des créations d'Anne-Claire Petit, comme ce gros ananas blanc, près des fenêtres.
Ambiance gipsy chic dans ce salon aux murs laissant entrevoir le cimentage d’origine. Un divan Ligne Roset vintage cohabite avec un lampadaire Tom Dixon et des créations d’Anne-Claire Petit, comme ce gros ananas blanc, près des fenêtres.© LISELORE CHEVALIER

C’est dans le nord de l’île, encore intact et loin du tumulte des soirées, que l’on trouve l’hôtel le plus romantique d’Ibiza. Comment saurait-il en être autrement avec un tel nom – Los Enamorados signifie évidemment  » Les Amoureux  » en espagnol. Ici, les tourtereaux peuvent profiter d’une plage privée en toute quiétude. Et les propriétaires tiennent à ce calme.

Ainsi, le règlement d’ordre intérieur interdit les enfants, les animaux et les drogues. Ceux qui apprécient le romantisme style  » rose bonbon et quatuor à cordes  » resteront néanmoins sur leur faim. L’établissement est plutôt destiné aux  » gypsetters  » – comprenez, la jet-set caractérisée par une solide dose de chic bohémien. Les neuf chambres ont été aménagées par la propriétaire, la Néerlandaise Rozemarijn de Witte, fondatrice de la revue à succès Linda, avec l’aide de l’architecte d’intérieur Erik Gutter. Pour elle, un intérieur doit toujours se démarquer des autres. S’en tenir à son propre style, sans concession : voilà la clé du succès.

Rozemarijn gère l’hôtel avec son mari, le Français Pierre Traversier, ancien joueur de basket professionnel. Le couple voyage souvent en avion, et cela se ressent dans l’ambiance des lieux, influencée tant par le Japon que la France, l’Espagne, le Maroc et bien sûr les Pays-Bas. Des objets qu’ils ont rapportés des quatre coins du monde ont pris place dans les pièces et tout ce qui est exposé est à vendre, des tentures aux verres !

I.D.F.

losenamoradosibiza.com

Brutalisme revisité L’Oddsson Ho(s)tel, à Reykjavik

La déco rappelle l'ancienne affectation industrielle de l'endroit, à l'instar de cette salle de bains aux tons bleu et vieux rose.
La déco rappelle l’ancienne affectation industrielle de l’endroit, à l’instar de cette salle de bains aux tons bleu et vieux rose. © ARI MAGG

Cet entrepôt typique des années 40, flanqué de banals bureaux, est aujourd’hui devenu l’hôtel le plus branché d’Islande.

Et encore, l’Oddsson n’est pas vraiment un hôtel à proprement parler, car il combine suites et dortoirs, la nuit pouvant passer de ce fait de 40 euros à… 950 euros.  » C’est l’endroit idéal pour les personnes qui, comme moi, ne roulent pas sur l’or mais apprécient le luxe « , plaisante Daniel Atlason, directeur créatif du bureau Döðlur, qui a imaginé les lieux.

Il faut dire que dans cet établissement démocratique, tout le monde utilise les mêmes espaces communs, superbement aménagés, comme le bar, la terrasse sur le toit avec Jacuzzi, la salle de yoga et celle, insonorisée, réservée au karaoké. Les créateurs ont appliqué intégralement à l’aménagement le concept  » économique mais luxueux « .

Ainsi, les espaces industriels bruts regorgent de meubles vintage hors de prix, notamment de Mendini, Sottsass, Rietveld et Jeanneret. L’ensemble n’est cependant pas trop rétro ou tape-à-l’oeil, car il comprend également des objets plus simples, de facture artisanale. Parfois, on se croirait dans le décor d’un film de Wes Anderson.  » Tout tourne autour des contrastes, explique le designer. Il s’agit de marier deux extrêmes : d’une part, les cultures populaires, et de l’autre, un monde plus élitiste, en écartant tout ce qui est trop grand public.

Pour notre palette de couleurs, nous nous sommes basés sur un mix de teintes vives et fanées, telles que celles qu’on rencontre encore dans l’ancien bâtiment.  » On retrouve également de nombreux accents vraiment industriels, rappelant l’origine du site.

I.D.F.

oddsson.is

Festival de couleurs Le Lounge Hostel, à Valence

Chaque chambre est personnalisée, comme celle-ci, dédiée au surf et décorée de planches ayant appartenu au propriétaire et customisées par les concepteurs. L'appareil d'éclairage est, quant à lui, un simple bricolage ingénieux.
Chaque chambre est personnalisée, comme celle-ci, dédiée au surf et décorée de planches ayant appartenu au propriétaire et customisées par les concepteurs. L’appareil d’éclairage est, quant à lui, un simple bricolage ingénieux.© LUIS BELTRAN

Derrière ce nom plutôt banal dans le secteur, se cache un espace fantastique qui fait la part belle aux tons vifs, dans un style résolument optimiste. Les murs, les planchers et de nombreux éléments qui accessoirisent l’endroit sont couverts de figures géométriques aux tonalités contrastées, peintes directement à la bombe pour certaines, combinées avec des surfaces blanches plus apaisantes.

Jusqu’à l’été dernier, l’établissement affichait une déco plutôt classique – parois immaculées et mobilier standard. Mais le propriétaire désirait changer les choses pour créer une ambiance plus familiale et personnalisée, qui donne l’impression de loger chez un ami. Il fit donc appel à Masquespacio, un jeune duo créatif local composé de l’architecte d’intérieur Ana Milena Hernández Palacios et du responsable marketing, Christophe Penasse.

 » Le bâtiment néoclassique du début du xxe siècle possédait encore de nombreux détails d’origine, comme les vieux carreaux en ciment au sol et les plafonds moulurés. Nous avons voulu les conserver « , raconte la conceptrice.

Comme le budget était extrêmement serré, le tandem a réalisé lui-même tous les meubles et les objets de déco, hormis quelques chaises. Il s’est procuré les matériaux dans des magasins spécialisés et des chaînes de bricolage. Ou comment être créatif quand on a peu de moyens et peu de temps.

Les onze chambres, pour deux, trois et quatre personnes, ainsi que la cuisine et le séjour communs ont en effet été transformés en seulement trois semaines. Pendant toute cette période, l’endroit est d’ailleurs resté ouvert. Et Ana Milena de résumer le projet en une phrase :  » En fin de compte, notre objectif est que, après leur passage, les clients rêvent d’une maison qui ressemble à leur chambre d’hôtel.  »

I.D.F.

valencialoungehostel.com

Manoir baroque Hôtel Providence, à Paris

Sous les combles se trouve l'unique suite de l'hôtel, avec vue sur Montmartre et équipée d'un bar sur mesure avec shaker en cuivre, glacière encastrée et mode d'emploi illustré. Les parois de cette pièce, comme celles de la plus petite chambre de l'établissement, sont couvertes des papiers peints originaux de la marque The House of Hackney.
Sous les combles se trouve l’unique suite de l’hôtel, avec vue sur Montmartre et équipée d’un bar sur mesure avec shaker en cuivre, glacière encastrée et mode d’emploi illustré. Les parois de cette pièce, comme celles de la plus petite chambre de l’établissement, sont couvertes des papiers peints originaux de la marque The House of Hackney. © BENOIT LINERO

Aujourd’hui, c’est un endroit huppé, mais pendant des années, ce fut un hôtel de passe. Et ce, dans un des quartiers les plus branchés de la capitale française, quelque part entre le haut Marais et le canal Saint-Martin.

Les nouveaux propriétaires, le restaurateur Pierre Moussié et son épouse Elodie, ont lifté de fond en comble ce bâtiment de 1854, guidé par l’architecte parisien Philippe Medioni, qui s’est aussi occupé du célèbre hôtel Saint-Marc. C’est également la maîtresse de maison qui a décoré l’établissement avec sa grande amie Sophie Richard.

A première vue, l’hôtel évoque de bout en bout le Paris haussmannien, avec ses détails architecturaux très xixe, son parquet en point de Hongrie, ses mosaïques de marbre et un foyer crépitant. Mais le couple s’est aussi laissé inspirer par les manoirs anglais et les gentlemen’s clubs. Le résultat ? Des murs aux prints audacieux, beaucoup de boiseries sombres et des teintes très saturées, comme le jaune ocre, le bleu pétrole, le vert foncé et le rouge profond.

Les dix-huit chambres ont été dessinées séparément et les meubles, essentiellement vintage, ont été glanés sur des marchés aux puces de province. Le concept a été peaufiné jusque dans les moindres détails. Ainsi, Ramdane Touhami – qui a notamment relooké les établissements Cire Trudon et Buly – a même créé des parfums d’ambiance pour l’adresse : les armoires embaument désormais la tubéreuse ; les bougies sur la table, la menthe sauvage.

I.D.F.

hotelprovidenceparis.com

PAR IRIS DE FEIJTER ET MATHIEU NGUYEN

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