Visite d’un loft de caractère au coeur du Marais à Paris

L'architecte a dessiné la table de la salle à manger avec un plateau en bois du modèle Fenix d'ARPA. Les pieds de table, ainsi que les chaises des années 50, sont signés Friso Kramer. Les plafonniers argentés, eux, ont été imaginés par Tom Dixon. © PHOTO : PRODUCTION ET TEXTE : JULIA MINCARELLI. PHOTOS : BIRGITTA WOLFGANG

Le décorateur français Eric Gizard a réussi le pari de transformer un banal loft en un lieu unique où chaque détail compte. Un appartement moderne, mais pas terne, grâce à quelques touches colorées et ludiques.

Dans un quartier proche du Centre Pompidou, dans le IIe arrondissement de Paris, les immeubles historiques trouvant leurs origines aux alentours de 1700 sont légion. C’est au sein de l’une de ces bâtisses majestueuses que le directeur d’une société de production télévisuelle a trouvé son paradis.  » Le quartier de Montorgueil est très animé. Il se passe toujours quelque chose dans les rues avoisinantes, qui comptent de nombreux bars et restaurants « , s’enthousiasme-t-il. Comme la plupart des bâtiments de ce type, celui-ci fut construit pour des nobles, vivant principalement au rez-de-chaussée où les plafonds étaient très élevés, la hauteur des volumes se réduisant aux étages et les escaliers devenant progressivement plus étroits. Le dernier étage accueillait à l’époque les domestiques ou un grenier. C’est pourtant là que se déploie, aujourd’hui, ce logement baigné de lumière et aménagé avec de belles pièces de design.

La magnifique cage d'escalier de l'immeuble, avec des rampes en fer forgé, devient plus étroite à chaque étage.
La magnifique cage d’escalier de l’immeuble, avec des rampes en fer forgé, devient plus étroite à chaque étage.© PHOTO : PRODUCTION ET TEXTE : JULIA MINCARELLI. PHOTOS : BIRGITTA WOLFGANG

Ayant déjà collaboré avec l’architecte français Eric Gizard par le passé, le producteur s’est tout naturellement tourné vers lui pour remettre à neuf cet endroit d’une superficie de 95 mètres carrés, devant accueillir le propriétaire, sa nouvelle compagne et le fils de cette dernière.  » Ce concepteur travaille avec l’espace et non pas seulement dans l’espace, commente l’habitant des lieux. Il prête une attention particulière aux lignes, à la lumière et aux petits détails.  »

Ouvert et intime à la fois

Situé sous les combles, le loft comptait de nombreuses poutres apparentes, et une mezzanine, conçue par le précédent occupant, rendait le lieu assez sinueux.  » J’ai fait le choix de la conserver, tout comme l’escalier en colimaçon Helicoid Staircase, créé par Roger Tallon en 1964. Il s’agissait d’une pièce iconique autour de laquelle il était judicieux de travailler pour un projet si contemporain « , explique l’architecte d’intérieur.

La cuisine ouverte a été imaginée par Eric Gizard. L'escalier en colimaçon, dessiné par Roger Tallon, est à la fois flagrant et presque invisible avec ses marches aériennes.
La cuisine ouverte a été imaginée par Eric Gizard. L’escalier en colimaçon, dessiné par Roger Tallon, est à la fois flagrant et presque invisible avec ses marches aériennes.© PHOTO : PRODUCTION ET TEXTE : JULIA MINCARELLI. PHOTOS : BIRGITTA WOLFGANG

Outre ces aspects, l’ensemble a été transformé. Tous les murs ont été démolis et un nouveau plancher en chêne fumé a été privilégié pour revêtir les sols. La structure alambiquée du plafond a été simplifiée et plusieurs poutres ont été dissimulées dans les nouveaux murs.  » J’aime l’idée d’un appartement ouvert, avec des portes coulissantes permettant de créer des zones plus intimistes si souhaité. Les armoires sont intégrées, ce qui confère une atmosphère apaisante. Chaque pièce est comme une sorte de boîte indépendante. Des angles géométriques uniques et des détails architecturaux qui n’existaient pas auparavant ont aussi été créés « , note Eric Gizard.

Au-dessus de la table de la salle à manger, le plafond a été abaissé à l’aide de lambris en bois. Il fait le lien entre cette partie de l’habitation et le salon. Les boiseries ont été peintes en blanc afin de rendre l’atmosphère plus lumineuse, tandis que l’élément métallique de structure, qui relie les deux murs du séjour, est resté dans son jus. Côté cuisine, le décorateur a imaginé un mobilier très fonctionnel et d’une belle simplicité, qui s’accorde parfaitement avec le reste de l’espace.

Au-dessus du petit bureau de Friso Kramer, une photographie d'Andrey Yakovlev & Lili Aleeva baptisée Girl with a fish.
Au-dessus du petit bureau de Friso Kramer, une photographie d’Andrey Yakovlev & Lili Aleeva baptisée Girl with a fish.© PHOTO : PRODUCTION ET TEXTE : JULIA MINCARELLI. PHOTOS : BIRGITTA WOLFGANG

L’importance de la lumière

Comme le propriétaire travaille dans le secteur de la télé et du cinéma, la lumière était un point essentiel à ses yeux. Tant naturelle qu’artificielle. Des lampes LED ont donc été installées au-dessus de la table de la salle à manger et incorporées dans le sol qui longe cette pièce, donnant une ambiance incroyable lorsqu’elles sont allumées le soir. Dans la cuisine, le plafond a été abaissé pour y placer également ce type d’éclairage, équipé d’un dimmer pour moduler l’intensité.

Côté aménagement, le créateur a intégré à la composition des armoires encastrées, l’escalier en colimaçon et les radiateurs à l’ancienne, en égayant le tout à l’aide de mobilier contemporain ou iconique choisi avec soin. Dans cette élégante sélection, on retrouve des objets d’Eric Gizard lui-même, des marques Hay ou Gubi, ainsi que des pièces vintage des années 50 et 60.

Dans la chambre, les poutres peintes en blanc apportent de la lumière. Tout comme les plafonniers Bubble Cigare signés George Nelson. Les chaises sont une création d'Harry Bertoia, tandis que le lit a été pensé par Gizard et confectionné par la société Cuir au Carré.
Dans la chambre, les poutres peintes en blanc apportent de la lumière. Tout comme les plafonniers Bubble Cigare signés George Nelson. Les chaises sont une création d’Harry Bertoia, tandis que le lit a été pensé par Gizard et confectionné par la société Cuir au Carré.© PHOTO : PRODUCTION ET TEXTE : JULIA MINCARELLI. PHOTOS : BIRGITTA WOLFGANG

L’ensemble apparaît comme homogène, sans fioritures et fonctionnel, mais avec un petit soupçon d’audace et d’originalité qui apporte une chaleur évidente et cosy au tableau.

L'architecte Eric Gizard.
L’architecte Eric Gizard.© PHOTO : PRODUCTION ET TEXTE : JULIA MINCARELLI. PHOTOS : BIRGITTA WOLFGANG

En quelques mots

Formé à l’architecture d’intérieur aux Arts Décoratifs, à Paris, Eric Gizard travaille pour le secteur privé mais aussi industriel en créant des appartements et des boutiques au Japon, des salons de thé en Corée ou des bureaux à Shanghai, ainsi que des projets hôteliers, commerciaux et résidentiels en Europe. On lui doit notamment le concept d’aménagement du grand magasin Printemps, à Deauville, les harmonies Cabines des A380 d’Air France et l’installation de ses salons VIP à travers le monde, tout comme des objets tels que des tapis pour l’éditeur fançais Toulemonde Bochart et des éléments de mobilier pour Steiner. Par ailleurs, l’homme est le directeur artistique du tapissier décorateur Cuir au Carré, spécialisé dans les peaux murales, les armoires et les têtes de lits. Et il possède sa propre galerie d’art, rue Jean-Jacques Rousseau, dans le ier arrondissement.

www.ericgizard.com

La mezzanine cosy, avec son lit sofa, accueille les enfants du couple le week-end. Plafonnier Falkland imaginé en 1964 par Bruno Munari.
La mezzanine cosy, avec son lit sofa, accueille les enfants du couple le week-end. Plafonnier Falkland imaginé en 1964 par Bruno Munari.© PHOTO : PRODUCTION ET TEXTE : JULIA MINCARELLI. PHOTOS : BIRGITTA WOLFGANG

Par Sisters Agency

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