2019, l’année où le luxe s’est soucié d’inclusion

La diversité comme leitmotiv du méga-show de lancement de Savage X Fenty, la marque de lingerie de Rihanna. © GETTY IMAGES
Isabelle Willot

Accusées d’être trop « blanches » voire carrément racistes, les grandes griffes de mode se sont ouvertes à la diversité dans leur communication et au sein de leurs équipes. Une nécessité.

« Comment pouvons-nous connaître toutes les cultures? » admettait Miuccia Prada en janvier dernier dans un entretien avec le Women’s Wear Daily, « bible » de l’industrie de la mode. « Tout ce que nous faisons aujourd’hui peut potentiellement choquer ou être offensant. La présence dans notre comité de direction des spécialistes de la multiculturalité est une nécessité lorsque l’on ambitionne de vendre ses produits à la planète entière… » Dans les griffes de luxe, Chanel, Gucci, Prada et Burberry en tête, une nouvelle fonction focalise désormais l’attention: celle de « responsable de l’inclusion et de la diversité ». Un job sensible qui commence d’abord au sein même des entreprises et sert à mettre en place des garde-fous visant à ne surtout pas heurter le consommateur… où qu’il se trouve dans le monde.

Depuis le début de l’année, plusieurs marques prestigieuses ont en effet été accusées de racisme et d’appropriation culturelle. On pense notamment à la nouvelle campagne pour le parfum Sauvage de Dior mettant en scène des Amérindiens en costume traditionnel ou les pulls Gucci et accessoires Prada évoquant les « blackfaces » utilisées pour se moquer des Noirs. Ces produits et images, dénoncés sur les réseaux sociaux dans des termes pouvant aller jusqu’à l’appel au boycott, ont immédiatement disparu. Les responsables se sont confondus en excuses mais le malaise, bien réel, ne s’est pas dissipé. Ce n’est d’ailleurs pas le seul sujet qui fâche à l’heure du body positivism: on reproche ouvertement aux mannequins grands et (trop) minces omniprésents sur les défilés de ne véhiculer qu’une vision fantasmée et patriarcale du corps féminin.

La chanteuse Rihanna l’a d’ailleurs bien compris en mettant à l’honneur tous les types de femmes, qu’elles soient petites, rondes ou trans, lors du lancement de sa marque de lingerie Savage x Fenty. Un véritable pied de nez aux « anges » de Victoria’s Secret qui n’ont pas défilé cette année. Le label américain vient en réaction d’engager Ali Tate Cutler, son premier top plus-size et le modèle transgenre Valentina Sampaio a également rejoint ses rangs. Chez Chanel, l’arrivée d’une nouvelle directrice de la diversité porte déjà ses fruits: Theodora Quinlivan, qui se définit comme une femme cisgenre depuis sa transition à l’âge de 16 ans, prête désormais ses traits à la dernière campagne beauté.

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