7 choses à savoir sur Barbara Bui, la reine du cuir

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La créatrice parisienne fait de la mode avec un instinct très sûr, un sens de l’épure et un goût prononcé pour une dégaine rock. Dire que ça dure depuis le milieu des années 80. Respect.

Texte Anne-Françoise Moyson

Barbara Bui est la reine du cuir

 » Je l’aime pour son côté rock – mais je travaille le cuir en le mélangeant au chic. Je suis contre l’esbroufe, le bling, n’en parlons même pas… Après, on peut se permettre des choses ludiques mais il faut qu’il y ait la rigueur, l’exigence. J’aime aussi le côté seconde peau du cuir, sensuel et pérenne – c’est comme un jean, cela se porte, se garde, se transmet. « 

7 choses à savoir sur Barbara Bui, la reine du cuir

Barbara Bui a pris la pandémie en plein coeur

 » Cela a été très difficile à vivre, le travail n’existait plus, certes cela pu me laisser un peu de temps de réflexion, par la force des choses. Mais surtout, je l’ai vécu de plein fouet parce que je me suis beaucoup occupée de mon père qui a eu la covid et en est décédé. Je n’avais pas, comme d’autres, l’angoisse de l’attraper, je n’avais pas peur. J’ai seulement dû dépasser la tristesse de ne pas avoir pu le sauver… « 

7 choses à savoir sur Barbara Bui, la reine du cuir

Enfant, Barbara disait qu’elle était Bretonne

 » Toute mon enfance et toute ma jeunesse, on n’a cessé de me demander quelles étaient mes origines. Je disais que j’étais bretonne, ce n’est pas faux… Mon père est vietnamien, sa famille a fui la guerre, mais ma mère est bretonne. C’était ma manière de renvoyer la balle. « 

Barbara Bui porte toujours une veste (Barbara Bui, évidemment)

7 choses à savoir sur Barbara Bui, la reine du cuir

 » Je trouve que c’est une structure qui me va bien, ce qui est masculin me va bien. Comme au départ j’ai une apparence féminine et menue du fait de mes origines, j’aime porter des vêtements qui donnent une attitude, une structure. Et puis c’est un objet assez rock, pour moi. J’ai dans la tête plein d’images de rock stars en veste, Mick Jagger en tête… Et ce vêtement porté par tous ces garçons qui jouaient beaucoup sur leur féminité est ainsi récupéré par une femme, tout est à sa place. On n’en trouvait pas quand j’ai commencé dans le métier, les vestes étaient assez classiques. Ou alors c’était des vestes très féminines, très tailleur pour femme, c’était l’époque Mugler et Montana, c’était galbé, avec de grandes épaules, la poitrine et la taille marquées, les hanches moulées. Je ne me reconnaissais pas là-dedans. Je préférais les vestes pour garçons qui ne marquent pas la poitrine. « 

Barbara Bui a débuté dans la mode presque par hasard

 » J’avais envie de m’habiller de manière personnelle. Quand j’avais 17 ans, c’était tout en gris, un peu mystérieux. Puis j’ai suivi des cours d’art dramatique, j’étais dans l’introspection, je voulais être comédienne et je voulais aussi écrire. Je n’ai fait aucune école de mode, je n’y avais pas pensé. J’essayais juste de trouver ma manière à moi de m’habiller, qui ne corresponde pas à celle des autres filles. Je me souviens, je m’étais offert un manteau d’Anne Marie Beretta, un manteau en double face gansé de cuir, sans manches et sans col, blanc très pur. J’adorais la sobriété de la coupe. En attendant d’écrire ou d’avoir des rôles, j’ai ouvert une boutique qu’il fallait bien remplir. Mais rien ne me plaisait, c’était dans les années 80, je ne trouvais pas, c’était ou trop girly ou cheap, j’aimais les vêtements de qualité – ma mère était très une jolie femme, elle s’habillait de manière élégante même si je ne viens pas d’une famille très aisée, elle m’avait éduqué le regard. Bref, était-ce l’inconscience de la jeunesse ? Je me suis dit que j’allais faire une collection pour remplir cette boutique. Comme je n’y connaissais rien, on a trouvé un modéliste, on a commencé à travailler avec un petit atelier, au sous-sol de la boutique.

7 choses à savoir sur Barbara Bui, la reine du cuir

On a commencé avec des pièces artisanales en cuir, toute simples, des tee-shirt, un pantalon à multiple plis, une robe décolleté dos comme une veste qu’on aurait portée à l’envers. C’était dans les quartier des Halles assez arty à l’époque, beaucoup de comédiens et d’artistes de ma génération y vivaient, ils sont devenus nos clients. J’avais cette inconscience d’oser des choses, comme je n’étais pas du milieu de la mode et que je n’avais pas fait d’école, je n’avais pas ce côté carrière, je ne me comparais pas aux créateurs, je faisais mes petites collections comme ça… J’ai appris le métier, il a fallu s’organiser, en 1987 j’ai lancé ma marqué à mon nom et un an plus tard, j’ouvrais ma première boutique rue Etienne Marcel et puis on a commencé à défiler pendant la Fashion week. « 

Pour son printemps-été, Barbara Bui raconte une histoire de femme

 » Pour ce printemps-été 22, j’ avais envie d’un film, mais d’un film qui raconte une collection, j’avais envie de raconter une histoire de femme, femme femme, femme enfant, femme sensuelle, femme androgyne, femme de caractère, femme libre. J’ai instinctivement pensé à Rosalie Charrier pour son approche très cinématographique. Je lui parlais de ces histoires de femme multiple, de ce désir de souligner les contrastes, les différentes personnalités – on est libre d’avoir plusieurs facettes, avec nos forces et nos fragilités. On a choisi ensemble des extraits de textes mêlés de Line Papin, Toni et L’Eveil. La comédienne Lomane de Dietrich joue les divers personnages, se parle à elle-même ou à son double. J’avais envie d’avoir ce côté libre dans l’interprétation, un peu à la Godard, un peu brut, et en même très sensible. « 

Barbara Bui a une devise

 »  » L’intensité c’est moins mais plus fort « . Plus d’exigence, moins d’esbroufe. Ne pas essayer d’en rajouter, épurer pour donner plus de force à la silhouette, sans tomber pour autant dans le minimalisme.  »

www.barbarabui.com #BBuiWomen

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