À Londres, la Fashion Week se relève, en l’absence de quelques grands noms, qui laisse la place aux talents émergents

modèles présentant une collection pendant la Fashion Week de Londres en 2020

La Fashion Week de Londres s’ouvre vendredi pour cinq jours en format hybride, avec un retour à la normale pré-pandémie encore loin d’être atteint, et le Brexit qui reste un défi, confie à l’AFP Caroline Rush, directrice du British Fashion Council (BFC).

Pour autant, l’expérience de présentations numériques est ressentie comme une opportunité créative et commerciale pour de nombreuses marques, et les présentations hybrides pourraient être amenées à durer.

Comment s’annonce cette semaine de la mode à Londres après deux années très difficiles?

« Nous sommes enchantés d’accueillir cette semaine des présentations qui seront de nouveau hybrides avec quelque 60 présentations numériques et une cinquantaine physiques. Il y a un vrai appétit pour une expérience en personne et je me réjouis à l’idée de voir revenir un public international. Nous ne sommes clairement pas de retour à la normale mais c’est un progrès par rapport à où nous étions en septembre et septembre était déjà une amélioration (comparé au plus fort de la pandémie quand la Fashion Week avait dû être annulée, ndlr).

Nous n’aurons pas la présence de personnes de nombreux pays asiatiques qui ne sont toujours pas en mesure de voyager, mais il y a des représentants du Royaume-Uni ici, donc on peut toujours faire des affaires et voir les collections, et acheter en ligne est quelque chose auquel les gens se sont habitués.

Je ne sais pas si nous reviendrons où nous étions avant. L’obligation de passer à des présentations numériques de collections a inspiré de nombreux créateurs ces deux dernières années et c’est maintenant à eux de décider comment ils veulent montrer leur travail. Beaucoup d’entre eux peuvent décider de faire une présentation physique en février et une numérique en septembre, et ils embrassent vraiment le modèle hybride ».

Quelles ont été les conséquences de la pandémie et du Brexit?

« Ç’a été deux années très difficiles. La pandémie a frappé tout le monde dans le secteur, les ventes numériques (ont bondi) et la manière dont nous achetons a changé.

La crise d’approvisionnement engendrée par le Covid-19 a été un vrai défi. Certains créateurs ne peuvent montrer leur collection car il y a eu une flambée de cas dans leur usine. C’est difficile de produire une collection en temps voulu mais ça s’améliore.

Le Brexit continue à être un défi pour l’industrie de la mode, que ce soit les droits de douane, la paperasserie, les visas pour que les gens puissent travailler dans différents pays. Nous avons un dialogue actif avec le gouvernement. Bien sûr il y a des accords de libre-échange qui sont faits et nous voulons nous assurer que l’industrie de la mode est au centre des discussions, et que les difficultés et leçons du Brexit sont prises en compte. Mais nous sommes optimistes, nous avons des créateurs incroyables, de l’innovation et de la créativité et cela continue à résonner à travers le monde ».

L’industrie de la mode a été très critiquée ces derniers mois pour son impact environnemental négatif…

« Nous parlerons beaucoup (pendant la Fashion Week) de durabilité, en tant qu’industrie nous savons que nous avons un impact sur la planète. Nous avons pris des engagements pour vraiment penser comment nous passons à une mode plus circulaire au Royaume-Uni. Les créateurs ont vraiment été à l’avant-garde de cette transition et les nouveaux talents veulent absolument créer des entreprises axées sur la durabilité. Nous devons maintenant penser aux matériaux mais pour cela nous avons besoin d’infrastructures pour collecter et recycler (les vieux vêtements). Les créateurs et entreprises réfléchissent en termes de revente, de réparations pour étendre la vie d’un vêtement, mais nous n’avons pas forcément au Royaume-Uni les infrastructures de recyclage mécanique et chimique. Cela représente une opportunité formidable pour le pays pour créer des qualifications et des emplois« .

Ouverture de la Fashion Week de Londres,où l’absence de quelques grands noms laisse la place aux nouveaux-venus

La Fashion Week de Londres, consacrée aux collections automne/hiver 2022, ouvre vendredi pour cinq jours de défilés avec quelques grands absents comme Burberry et Victoria Beckham, ce qui laisse la part belle aux designers émergents.

L’an dernier à la même époque, cet événement s’était tenu dans un format 100% virtuel, les défilés avec public étant proscrits dans un pays en plein confinement.

Cette fois, 37 défilés publics sont au programme dont des marques établies et habituées de ce rendez-vous comme Simone Rocha, Molly Goddard, Roksanda, Erdem, ou Rejina Pyo présentant aussi bien des collections féminines que masculines.

Bella Hadid, Andreas Kronthaler et Vivienne Westwood
Bella Hadid, Andreas Kronthaler et Vivienne Westwood© Getty Images

D’autres designers préfèrent conserver un format numérique, comme la reine du punk Vivienne Westwood qui présentera ses dernières créations dans une vidéo. Quant à Burberry, la marque emblématique britannique a annoncé prévoir un défilé à Londres le 11 mars, hors du cadre de la Fashion Week.

C’est SOHUMAN qui ouvrira le bal des défilés vendredi, une marque de mode durable créée par l’Espagnol Javier Aparici qui a délaissé une carrière dans la finance pour emprunter le chemin de la mode, promettant une « transparence radicale ».

Pour de telles marques émergentes, la Fashion Week de Londres est l’occasion de se faire remarquer à l’image de la créatrice albanaise Nensi Dojaka, 27 ans, qui a remporté le prix LVMH 2021 pour les jeunes talents, ou S.S. Daley, diplômé en 2020 de l’université de Westminster.

Les stars de demain seront à dénicher parmi les étudiants de la prestigieuse école de mode Central Saint Martins ou les designers sélectionnés par l’incubateur de talents Fashion East, dont les défilés sont organisés dimanche.

Parmi les créateurs en pointe en matière de mode durable, la Britannique Bethany Williams et l’Irlandais Richard Malone présenteront leurs créations mardi.

Des shows que le grand public pourra suivre ou revoir sur la plate-forme numérique de la Fashion Week, lancée en juin 2020, en pleine pandémie.

Egalement dans l’esprit de toucher les amateurs de mode du monde entier, la Serbe Roksanda Ilincic va présenter sa collection automne/hiver 2022 sous la forme d’un NFT, jeton numérique certifié, créé par l’Institute of Digital Fashion. Il sera disponible à l’achat sur roksanda.com.

Années très difficiles

Après avoir été frappé de plein fouet par la pandémie, le secteur de la mode britannique, qui employait quelque 890.000 personnes en 2019, tente de se relever.

Un rapport publié l’an dernier par Oxford Economics pour la Fédération des industries créatives et la fédération Creative England, affirmait que, « avec les bons investissements », le secteur de la création pourrait récupérer plus rapidement que l’économie britannique dans son ensemble.

Cette étude anticipait une croissance de plus de 26% d’ici 2025 pour le secteur et une contribution de 132,1 milliards de livres (154 milliards d’euros) à l’économie britannique – soit plus de 28 milliards de livres de plus qu’en 2020.

A la Fashion Week de Londres succèdera celle de Milan puis Paris.

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