Qui est in / qui est out: petit récapitulatif du mercato de la mode
Le petit manège de la mode tourne plus vite que jamais. Un jour, un créateur monte à bord, le lendemain, il est débarqué sans pitié. Ann Demeulemeester, Burberry, Nina Ricci, Gucci… La planète fringues est en ébullition.
Ann Demeulemeester
Lorsque la marque a été reprise en 2021 par l’homme d’affaires italien Claudio Antonioli, Sébastien Meunier a été remercié. Le Français y officiait depuis 2013 comme directeur artistique.
Ann Demeulemeester a déménagé d’Anvers à Milan sans directeur créatif. Mais un nouveau créateur a été désigné récemment: Ludovic de Saint Sernin, né à Bruxelles et élevé en France. Celui qui a lancé sa propre marque en 2017 et participe parfois aux défilés en tant que mannequin est spécialisé en «tenues légères» avec full paillettes. Ses chances de réussite? A première vue, rien ne lie cet homme au label qu’il reprend. Mais il a son public, surtout parmi les jeunes, donc qui sait?
Burberry
La griffe essaie en vain de renforcer son côté exclusif. En 2001, le Britannique Christopher Bailey a été engagé pour booster le vieux label d’imper. Lorsqu’il a fini par devenir CEO, ça a été la goutte d’eau de trop.
En 2018, il a été remplacé par Riccardo Tisci, transfuge de chez Givenchy. Lequel a introduit un nouveau logo et un monogramme signé par le designer Peter Saville. On n’a plus trop entendu parler de lui ensuite.
L’Italien Tisci fait place à un Britannique, ce qui est peut-être bien joué de la part de l’unique grande maison de luxe du Royaume-Uni. Daniel Lee, qui a grandi dans le Yorkshire, dans l’ombre de l’usine de Burberry, a gagné chez Bottega Veneta la réputation de ne pas être commode, mais il a démontré là-bas qu’il était capable de diriger une marque de luxe moderne. Ses chances de réussite? Grandes!
Etro
L’entreprise familiale Etro, fondée en 1968 et qui a démarré en tant que fabricant de tissu, est en crise depuis des années. En 2021, une participation majoritaire a été cédée à une société d’investissement. Kean et Veronica Etro ont dû laisser leur place de créateurs à quelqu’un d’extérieur à la famille.
Etro est depuis peu dirigé par Marco de Vincenzo, un Sicilien installé à Rome qui a longtemps travaillé pour Fendi et qui avait aussi sa propre ligne, peu connue. Il a arrêté en 2020. De Vincenzo s’est lancé chez Etro lors de la dernière Fashion Week. Ses chances de réussite? En tant que fans de la première heure, nous restons pour l’instant sur notre faim.
Gucci
Depuis novembre, on se demandait qui allait remplacer Alessandro Michele en tant que directeur créatif de Gucci. La marque de luxe italienne est un mastodonte, avec l’an dernier un chiffre d’affaires de presque 10 milliards d’euros. Le groupe Kering, propriétaire du label, ambitionne par ailleurs une sérieuse croissance et vise une image plus sérieuse, plus classique. Ce qui expliquerait le licenciement de Michele.
Le nouvel homme fort de Gucci est Sabato De Sarno. Ce Romain n’a rien d’une superstar. Il a travaillé depuis 2009 chez Valentino, en tant que fashion director. Il a surtout de l’expérience comme créateur pour hommes et serait le père du logo VLTN.
En 2015, Alessandro Michele n’était lui non plus pas très connu. Mais lorsqu’il est arrivé à la direction, cela faisait déjà treize ans qu’il bossait chez Gucci. Son successeur devra prendre ses marques. Ses chances de réussite? On verra en septembre…
Louis Vuitton
Louis Vuitton était sans directeur artistique pour ses collections masculines depuis le décès de Virgil Abloh en 2021. Pour le dernier défilé, fin janvier, la marque a fait appel au créateur américain Colm Dillane comme guest designer, mais l’attention s’est alors surtout portée sur le show de Rosalìa. Entre- temps, les rumeurs ont continué de circuler sur les noms de potentiels successeurs, de Martine Rose à Samuel Ross.
Avec Pharrell Williams, Vuitton a fait un choix aussi surprenant que logique. Le musicien et icône de style dirige déjà deux marques de streetwear, Billionaire Boys Club et Ice Cream. Il compte un grand nombre de collaborations, notamment avec Chanel et Adidas, et possède sa propre ligne de soins, Humanrace. Il a aussi déjà travaillé pour Vuitton en 2004. Ses chances de réussite? Un géant du luxe plus un géant de la pop, ça ne peut que faire des étincelles. A moins que la machine s’enraie.
Nina Ricci
Les Néerlandais Rushemy Botter et Lisi Herrebrugh sont restés trois ans et demi chez Nina Ricci, qui a connu ces dix dernières années une grande rotation en matière de créateurs. Au début de l’année dernière, le couple a décidé de se dédier totalement à sa propre marque, Botter.
Harris Reed, 26 ans, est diplômé de la prestigieuse école de mode londonienne Central Saint Martins. Il est gender fluid et, en tant que créateur, assez théâtral. Il est surtout connu pour ses tenues pour les stars, comme Adele, qui a porté sa robe à manches ornées de pois pour des concerts à Las Vegas.
Ses chances de réussite? La différence de style avec ses prédécesseurs est immense, on se demande ce que cela va donner.
Salvatore Ferragamo
La maison du fabricant de chaussures napolitain qui a fait fortune aux Etats-Unis était dirigée depuis 2019 par le Britannique Paul Andrew, qui a lui aussi dessiné des chaussures, aux USA, pour Calvin Klein, Donna Karan et sa propre ligne. Chez Ferragamo, il a également imaginé les collections de vêtements. Un coup dans l’eau.
Maximilian Davis, un Mancunien aux racines jamaïcaines et trinidadiennes, a été nommé l’année dernière au LVMH Prize, mais est sorti de la course in extremis. On a vite compris pourquoi: il avait laissé tomber son propre label pour un job au sommet chez Ferragamo. Ce créateur de 27 ans, qui a déjà habillé Rihanna et Dua Lipa, a fait des débuts à Milan en septembre. Ses chances de réussite? Attendons encore un peu…
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