Ann Demeulemeester, warrior versus punkette

Sur l’invitation d’Ann Demeulemeester, format poster, un envol d’oiseaux. On pourrait le croira chaotique, il est juste poétique. Comme tout ce que fait la créatrice belge depuis presque un quart de siècle.

Au Théâtre national de Chaillot, elle fait défiler son automne-hiver 2012, ses variations sur un même thème tant attendues. Les premières notes des Gymnopédies I d’Erik Satie calment soudain le brouhaha. S’avance sa femme dont on ne voit d’abord que la coiffe/coiffure – impossible de s’en détacher du regard : un savant travail de raies, de dressage de cheveux waxés et de plumes noires posées çà et là, entre le casque et la parure, c’est signé Elvis Pompilio, notre modiste national, avec un brief plutôt bref :  » warrior versus punkette « . Rien de caricatural, il suffit de regarder les silhouettes qui se suivent dans ce ballet étrange qu’est un défilé – des leggings en cuir seconde peau glissés dans des cuissardes faites de ce cuir vieilli qu’affectionne Ann Demeulemeester, des vestes courtes travaillées sur les hanches avec des basques, des manches (dé)zippées, des redingotes, des robes longues, fourreau, drapées devant ou travaillées dans le dos avec revers, de la maille XXL, des mini vestes en cuir qui ne réchauffent que les épaules, des jupes à plis généreux que l’on aimerait voir de près, à l’envers, à plat, tant leur construction est intrigante. Il y a du noir, forcément, et un très beau bleu qui a la couleur de la nuit et qui vibre. Il y a des superpositions, évidemment, et de subtiles découpes qui laissent voir la peau. Il y a de la force, assurément, et de la fragilité dans cette collection qu’Ann Demeulemeester a voulue architecturée. A la puissance 10. Un travail de maître. Satie a fini de pianoter, sur le catwalk, au sol, quelques plumes éparses échappées belles. Et la créatrice qui vient saluer, presque en coup de vent. Quoi, c’est déjà fini ?

A.-F.M.

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