Antoine Roland aka Antwan.jpg, photographe Gen Z

Antoine Roland aka Antwan © Frédéric Raevens
Anne-Françoise Moyson

Antoine Roland (25 ans) est photographe, mais pas seulement – la Gen Z fait exploser les catégories. Avec Youth through the Lens, il expose ses clichés au MAD Brussels et réunit autour de lui une génération de talents épris d’images et de mode. Il instagramme sous le nom d’Antwan.jpg, embrasse la débrouille comme personne, s’exprime si bien dans la spontanéité.

Il y a plein de talents à Bruxelles. Et tous ces gens inspirants ont juste besoin d’un petit coup de pouce. Il manque une sorte de maison de jeunes pour artistes, où tu sais que tu vas rencontrer des gens comme toi, qui pensent de manière différente et où tu vas pouvoir t’exprimer. Du coup, faire une expo pour présenter ma génération, ça compte – on peut concrétiser notre travail et le faire exister de manière physique.

Une école d’art permet de s’ouvrir sur soi-même. Je n’étais pas trop scolaire, je ne me sentais pas à ma place à l’athénée. Je ne me serais jamais épanoui si ma mère ne m’avait pas poussé à m’inscrire à l’Inraci, j’avais 17 ans. Là, dans cette école d’art, j’ai trouvé des gens comme moi, j’ai appris à utiliser un appareil photo numérique, j’ai commencé à aimer la mode et j’ai pu découvrir ma personnalité. Je me suis mis à créer des tenues et à photographier mes potes, les moods de nos soirées avec des appareils photo jetables.

Le format jetable induit la spontanéité. J’aime beaucoup ce genre d’appareil photo parce qu’il tient dans un sac et que son esthétique est chouette. Mais surtout parce qu’il me permet de mettre en avant les tenues cool de mes potes, juste au bon moment. Je trouve que l’intention compte bien plus que la construction. Je ne construis pas mes images, je préfère la spontanéité, je pense que c’est comme ça qu’une photo parle le plus, dans la mode ou l’événement. L’important est que le vêtement vive, naturellement, en tout cas, c’est ce qui m’intéresse.

La photo est un prétexte. Grâce à elle, je rencontre les gens qui m’impressionnent vraiment beaucoup et j’ose leur parler – de base, je suis très timide. Elle m’a permis de sortir de ma zone de confort, de l’agrandir même.

L’argentique invite à revenir à l’essence de la photographie. Chaque image compte. Et quand on en est conscient, on met de l’importance dans chaque photo que l’on prend. Il ne s’agit pas juste d’appuyer sur un bouton parce que j’ai cet appareil à disposition et que je dégaine. Chaque photo, chaque moment que la photo raconte et décrit est unique. Et puis avec l’argentique, il y a la surprise et l’attente: on ne se rappelle pas trop ce que l’on a pris et puis une fois les films développés, on découvre le résultat, on se souvient du moment et c’est super satisfaisant comme sentiment.

Un peu comme dans Harry Potter, l’appareil trouve son photographe. C’est ce qui m’est arrivé avec mon Konica big mini. Il est vieux, j’ai eu du mal à le dénicher mais il me correspond parfaitement par son format de poche, sa couleur et son optique.

Update, cela signifie mise à jour. Ce mot est chargé de sens. C’est le titre de mon book. C’est un peu ce que j’ai envie de mettre en place plus tard, je ne sais sous quelle forme. J’essaie toujours dans mes idées de faire des mises à jour, par rapport à la mode, par rapport à tout.

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Ma vie sur cette Terre a commencé à Madagascar. Je suis né à Tamatave, le 25 octobre 1996, j’ai été adopté, je suis arrivé en Belgique à l’âge de 10 mois. Je n’en ai pas vraiment de souvenir, j’ai juste une petite photo prise à l’aéroport, j’étais en poussette… Chouette vibe.

Le confinement, pour certains, a été ultrabénéfique. Il l’a été pour moi, j’ai rencontré énormément de gens via les réseaux sociaux. La scène belge, bruxelloise, était très vivante, on sentait que les artistes avaient envie de créer. J’ai découvert plein de photographes qui me touchaient par leur esthétique. Cela s’est ensuite transformé en rencontres humaines, avec Shania, notamment, l’une des photographes exposées au MAD Brussels, dans Youth through the Lens. On se suivait sur les réseaux. Et humainement, on a matché.

‘La photo m’a permis de sortir de ma zone de confort, de l’agrandir même.’

Notre génération est connectée. Mais il faut pouvoir faire la balance. Ne pas hésiter à traverser la barrière des réseaux sociaux et du virtuel. Ne pas avoir peur de dire: «Viens, on brise la glace.» Pour que les gens puissent se connecter et que les choses se passent en vrai.

Youth through the Lens: Young Fashion Photography, MAD Brussels, place du Nouveau Marché aux Grains, à 1000 Bruxelles. Jusqu’au 5 novembre. mad.brussels

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