Au Ghana, la fashion week est un pas vers l’émancipation des femmes

© Belga Image

Une top-modèle arpente le podium de la Fashion week d’Accra sous les basses de la musique et les flashs des cameras, qui se concentrent moins sur sa mini-jupe en tissu panthère que sur son haut transparent et moulant: une nouvelle mode bien osée dans ce pays conservateur d’Afrique de l’Ouest.

« Montrer sa poitrine! Ca, c’est pas vraiment ghanéen! », confie une spectatrice, étonnée, à sa voisine. Les célébrités américaines Kim Kardashian ou Rihanna ont poussé la nudité et la transparence jusqu’à la provocation. Rien de tout cela au Ghana, l’un des pays les plus religieux au monde, mais les nouvelles tenues présentées le weekend dernier, était déjà un moyen de défier la tradition.

« Tout le monde devrait pouvoir se montrer comme bon lui semble et ne pas se sentir opprimé », affirme Josefa Da Silva, styliste de 29 ans, aux cheveux afro teints en bleu électrique. Originaire du Cap Vert mais aujourd’hui basée aux Etats-Unis, la jeune femme voit dans ses créations une manière de défendre l’émancipation et l’affirmation des femmes.

Présentant la nouvelle collection, les top-modèles défilent dans de longues jupes en faux cuir, et des hauts élégants en jute noire où les seins ne sont dissimulés que par des croix en scotch.

En début d’année, Josefa Da Silva avait déjà fait parler d’elle en invitant Madeleine Stuart, jeune mannequin atteinte de trisomie 21, à présenter ses créations. « Je pense que mon style est assez avant-gardiste », explique la designer. « Je sais bien que de ce côte-ci, le public est un peu plus conservateur, et que je suis de l’autre côté. »

La styliste camerounaise Irene Nuvi défend aussi les femmes en dévoilant leurs épaules dans ses créations en tissu traditionnel, ou en dessinant des décolletés plongeants. « Il est temps de ne plus juger une femme en fonction de ce qu’elle décide de porter », affirme la styliste. « On ne juge pas une femme parce qu’elle porte une jupe courte. Ca ne la rend pas moins responsable », selon elle.

Croisade féministe

Le Ghana souffre actuellement d’un ralentissement de son économie, mais l’industrie de la mode, elle, se renforce. Accra, la capitale, ne compte pas moins de trois rendez-vous autour de la mode pour le mois d’octobre, et de nombreux autres événements tout au long de l’année qui rassemble les créateurs émergents du continent africain.

La Sud-africaine Tanya Kagnaguine a trouvé l’inspiration, dit-elle, dans des figures aussi contrastées que la chanteuse américaine Beyoncé ou l’icône de la lutte pour les droits des noirs sud-africains, Nelson Mandela.

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Sa collection, intitulée Fafa Creations, promet de « révéler votre déesse intérieure grâce à un look somptueux, qui vous fera sentir glamour et aussi libre que l’air », promet-elle sur le guide de présentation. Chemises ouvertes, mini-shorts, ou baskets compensées roses, ce qui est entré dans les moeurs et dans la mode en Afrique du Sud, peut parfois ici, « faire un petit choc ». « Mais je veux que les gens se sentent libres. Les hommes peuvent bien porter ce qu’ils veulent, alors pourquoi pas les femmes? », lance la créatrice de mode.

L’organisateur de la Fashion week, Nana Tamakloe souhaitait avant tout mettre en avant les créations locales, mais les questions d’émancipation des femmes, sont pour lui, un « plus ». Pourtant, il reconnaît que les tenues présentées par les créateurs sont bien loin encore des codes vestimentaires dans les rues d’Accra. « Que cela puisse encourager à pousser les limiter de notre culture, ça, c’est une autre question », avoue-t-il.

Yvonne Tawiah, créatrice de mode ghanéenne, en est certaine pourtant. La mode évolue et touche d’autres sphères de la société. « Avant la couture, c’était pour les femmes qui n’avaient pas pu aller à l’école. Aujourd’hui, ce sont les diplômés d’université qui se tournent vers la couture. »

Elle n’oublie pas dans ses création de mixer l’ancien avec le nouveau. Et même si l’on peut montrer un peu de son corps, autant que le reste soit enveloppé dans des tissus traditionnel, dit-elle. « Si vous voulez toucher tout le monde et attirer le maximum de personnes vers vos créations, alors il faut englober tous les styles ».

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