Cette fashion week sera-t-elle celle de la relance pour New York?

Tom Ford, septembre 2019

Un nouveau président charismatique qui fait bouger les lignes, des designers qui reviennent: après plusieurs saisons moroses, la Fashion Week de New York, qui s’est ouverte vendredi soir, reprend des couleurs.

En trois mois seulement depuis son arrivée début juin à la présidence du syndicat américain de la mode CFDA, qui supervise la Fashion Week, le créateur américain Tom Ford a déjà fait souffler un vent de changement.

Outre son charisme et sa dimension glamour, il a apporté son expérience de marques mondiales (la sienne mais aussi Gucci ou Saint Laurent auparavant), sans frontières. « Je veux une exposition globale à la créativité qu’on trouve à New York », disait-il dans un entretien au magazine Vogue, publié en août. « Tout est trop auto-centré dans ce pays. Donc les designers vedettes américains s’en vont. Virgil Abloh, où est-il? Chez Vuitton ».

Outre Abloh, plusieurs designers de pointe, commme Rodarte, Altuzarra ou Thom Browne, jadis habitués des défilés new-yorkais, avaient choisi d’autres destinations ces dernières années, notamment Paris ou même Los Angeles.

Rihanna recentrée sur Paris par son association avec LVMH, Tommy Hilfiger par monts et par vaux, le calendrier s’éclaircissait, d’autant que plusieurs références de la semaine new-yorkaise avaient renoncé purement et simplement à défiler, le format ne leur paraissant plus pertinent.

Pour repositionner la Fashion Week de New York, traditionnellement la première de la saison, Tom Ford et le CFDA ont resserré le calendrier, limité à cinq jours au lieu de sept, pour le rendre plus attractif auprès de la presse étrangère. « Une semaine raccourcie est plus économique et expéditive pour les invités, particulièrement ceux qui viennent de loin », explique à l’AFP Steven Kolb, PDG du CFDA (Tom Ford est président du conseil d’administration).

Vendredi soir, le CFDA devait donner le coup d’envoi de la semaine avec un dîner présidé par Tom Ford, pour présenter plusieurs jeunes créateurs présents à New York, notamment Christopher John Rogers Telfar Clemens et le duo d’Eckhaus Latta.

Premier signe de relance ou coïncidence? Pour la première Fashion Week avec Tom Ford aux commandes, une série de grands noms font leur retour dans la ville qui ne dort jamais.

Diversité

Pour la première fois depuis trois ans, Tommy Hilfiger est de retour chez lui, avec dans ses bagages l’actrice Zendaya, son égérie qui fait le lien avec la génération Instagram. Tous deux ont choisi le mythique Apollo Theater à Harlem, terre inexplorée de la Fashion Week qui s’achèvera mercredi soir.

Rihanna sera aussi de la partie avec sa ligne de lingerie à succès Savage x Fenty, de même que le créateur américain Kerby Jean-Raymond et sa griffe Pyer Moss, très attendu après une saison de pause.

Autre décision forte de Tom Ford, Kerby Jean-Raymond, mais aussi Virgil Abloh, la designer britannique Carly Cushnie, tous trois noirs, ainsi que Maria Cornejo, d’origine chilienne, ont officiellement intégré le conseil d’administration du CFDA. « Je modifie le conseil pour qu’il offre davantage de diversité, en âge et sur tous les plans », a expliqué Tom Ford au site spécialisé Women’s Wear Daily.

La décision fait écho aux initiatives du CFDA pour favoriser la diversité sur les podiums, qu’il s’agisse d’origine ethnique ou de morphologie, au point d’en faire une référence mondiale.

Sont notamment attendus les créateurs émergents Tomo Koizumi, Self-Portrait ou Khaite. « La diversité, l’inclusion et le bien-être des mannequins sont des éléments-clés de notre démarche, tout comme le fait de présenter des jeunes talents », insiste Steven Kolb, qui revendique une stratégie de long terme.

Avant le coup d’envoi officiel donné par le président Tom Ford, quelques collections ont été présentées vendredi, notamment Rag & Bone et Jeremy Scott.

Après trois années de pause consacrées à explorer d’autres formes d’exposition, Rag & Bone a renoué avec le défilé, mais en le conceptualisant, avec danseurs, orchestre et caméra à intelligence artificielle. « La mode doit être divertissante, excitante », a expliqué à l’AFP Marcus Wainwright, co-fondateur de la marque et à la tête de la création. « Il ne doit pas s’agir uniquement des vêtements ».

La collection, elle, était conforme à l’esprit cosmopolite de la maison, avec beaucoup de légèreté et d’amplitude, une ode à la mobilité.

Très loin de la sobriété de Rag & Bone, Jeremy Scott a lui fait honneur à sa réputation de trublion, avec une cuvée proche de la collection automne 2018, en poussant le curseur vers l’espace.

Robes imprimées fluo rebrodées de boudins argentés, jupes, pantalons ou tailleurs tachetés de couleurs vives dans une matière type mylar pour les couvertures de survie, l’atmosphère était très rétro-futuriste.

Au point que le défilé s’est achevé sur un extrait de l’album « Oxygène » de Jean-Michel Jarre, sur lequel a dodeliné de la tête le mannequin vedette Gigi Hadid, venue en spectatrice.

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