Chanel, back in Dallas (en images)

Aurélie Wehrlin Journaliste

Parce que Mademoiselle Chanel, quand elle relança sa griffe après la guerre, après quinze ans de silence, fut comprise des seuls Américains. Parce que sa maison de Roquebrune, dans le sud de la France, construite sur les souvenirs qu’elle avait de son couvent roman où elle fut  » accueillie  » en orpheline à Aubazine, s’appelle La Pausa, qu’elle a appartenu ensuite à Wendy et Emery Reeves, qui offrirent sa reproduction à l’identique au Dallas Museum of Art, avec ses meubles XVIe et XVIIe siècle très collège anglais, modernes et rustiques à la fois. Parce que Paris vaut bien un détour par le wild wild west. Et parce que toutes ces raisons cumulées donnent raison à la griffe aux deux C entremêlés pour présenter sa collection  » Métiers d’art  » dédiée à ce qui fait l’essence même des artisans haute couture et de ce bout de terre balayé par le vent du Nord où les cowboys ont encore droit de cité, avec Stetson et bollow tie fièrement portés.

Chanel a donc investi le Fair Park, Grand Avenue, joyau Art Déco resté en l’état depuis l’exposition de 1936, pour une soirée en trois temps.

Premier acte, un drive-in, cinéma en plein air reconstitué, avec 74 voitures de collections, rutilantes ou moins, grooms couleur locale qui proposent hot-dogs, Coca Cola et autres drinks avec cherry. Un siège pour chaque hôte, Anna Wintour prend place à côté de Karl Lagerfeld, son film  » The Return  » peut débuter, sur écran géant, où l’on voit Géraldine Chaplin plus belle que jamais en Gabrielle Chanel sur le retour, si fragile, si forte, si désespérée, si volontaire, si novatrice. On y croise Rupert Everett, Amanda Harlech, Arielle Dombasle, c’est pas mal. La solitude de la créatrice fait écho à ses entêtements, tout s’explique toujours.

Deuxième acte, de la paille au sol, des gradins de bois, des drapeaux au plafond, c’est le temps du rodéo, mais sans vaches ni cowboys, juste des cowgirls, ou des indiennes, quelques mâles, plutôt en uniformes façon guerre de Sécession, pour un show qui fait hurler l’Américain siégeant derrière – au choix, dans les commentaires,  » look at that « ,  » divine « ,  » oh my god « , on est bien au pays du XXL,  » Everything is bigger inTexas « . Agree. Forcément, c’est du grand art, forcément les 47 mannequins qui défilent portent haut les couleurs d’une maison qui connaît son vocabulaire luxe sur le bout des doigts, et c’est  » amazing « .

Troisième acte, un giga bistrot, avec tacos, billards, bar, quadrille et même rodéo mécanique pour apprentis garçons/filles vachers, c’est drôle et c’est léger, cela valait bien un aller-retour express Paris-Dallas.

Anne-Françoise Moyson

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