De la rue aux podiums, le smiley est de la party
De relique des eighties à emblème des clubs kids, le smiley s’offre aujourd’hui une nouvelle jeunesse et s’affiche des podiums aux accessoires. Extase garantie.
On le croyait oublié, rangé avec les chemises à carreaux et le poster de Nirvana incontournables lors de sa dernière apparition dans nos dressings. C’était sans compter sur la résilience du smiley, qui garde un sourire patient quand la mode le boude momentanément: après tout, celle-ci n’est jamais qu’un éternel recommencement et l’ancêtre de l’emoji n’a de cesse de se réinventer au gré des tendances.
Son retour en fanfare était d’ailleurs à prévoir: de sa première apparition à la fin des années 80 avec le mouvement Acid House, à son come-back dans les nineties en marge du courant grunge, en passant par le plébiscite des club kids au début des années 2000, le smiley a tendance à revenir dans nos garde-robes à chaque nouvelle décennie. Même s’il ne s’agit pas là de la seule raison de son succès actuel…
Des catwalks aux basiques impeccables de Kapital, sans oublier la boîte à malices de Wouters & Hendrix, le smiley est partout, comme autant de rappels que la vie est une fête malgré tout. Directrice au sein de l’antenne parisienne du bureau de tendances Leherpeur, Bénédicte Fabien voit dans la résurgence du motif une manière de « traduire du positif dans une période particulièrement lourde et inquiétante. En plus c’est un symbole fédérateur: il a beau dater des eighties, d’où qu’on vienne et peu importe l’âge qu’on ait, on le comprend immédiatement, il unit les générations ». Et rappelle une époque moins oppressante, celle d’une forme de « consommation insouciante ».
Nostalgie, quand tu nous tiens: nombre de créateurs à la tête des grandes maisons ont un lien très fort avec les années 80, de Raf Simons, qui puise son inspiration dans la rave culture, à Demna Gvasalia, enfant de ces temps-là, ce qui ne l’a pas empêché de l’immortaliser sous forme de smiley fondu chez Balenciaga. Et si le petit bonhomme jaune évoque une autre époque plus insouciante, il n’en est pas niais pour autant: « Le smiley a un côté enfantin, mais pas que, rappelle Bénédicte Fabien. Quand on voit Balenciaga qui le décline en mode phosphorescent, c’est un clin d’oeil aux raves, il y a un côté provoc’ avec la référence à l’ecstasy. C’est une forme de défiance aux restrictions actuelles. » Vous souriez? Et bien, dansez maintenant!
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