Défilé Hiver 08-09 à Paris: un Margiela épuré mais sexy

Chez Margiela, le minimalisme est toujours au service du corps de la femme.

Avec Margiela, le show commence dès l’ouverture de l’invitation. Cette fois, il s’agit d’un petit morceau de caoutchouc blanc, sur lequel est imprimé ce qui ressemble à un code barre. A force de le triturer dans tous les sens, je finis par comprendre qu’il faut l’étirer pour pouvoir lire le nom du créateur et l’adresse du défilé – le Palais Omnisport de Paris Bercy.

Je m’y rends hier soir. Comme toujours, le staff de Margiela accueille le public en blouses blanches. J’aime ce rituel : les modes peuvent bien changer, ces blouses seront toujours là, neutres, égalitaires, rassurantes. A l’intérieur, la disposition de la salle me surprend : loin du gigantisme habituel de Bercy, l’espace ressemble plus à un modeste chapiteau garni d’estrades circulaires. Seul Margiela est capable de rendre un tel lieu intimiste.

Le défilé s’ouvre par une série d’académiques à peine recouverts de filets au maillage très lâche. Au fil des passages, les filets se transforment en fins jerseys drapés, découvrant une jambe ou une épaule. La ligne a beau être dépouillée, elle n’en est pas moins sexy. C’est chaque saison ce qui me frappe chez Margiela : son minimalisme est toujours au service du corps de la femme. Les tonalités terreuses – noir, ocre, bistre – s’agrémentent peu à peu d’imprimés léopard, de damiers et de pois aux contours flous. Sous la fluidité apparente des tissus, une géométrie se dessine peu à peu, d’abord sous la forme de diagonales, puis de triangles, des zips sculptant avec rigueur les hanches des modèles.

C’est toutefois l’arrivée des vestes qui signe la silhouette de la collection : alors que, depuis deux saisons, les épaules semblaient être l’obsession de Margiela, quoi de plus normal que de les faire s’envoler pour l’hiver prochain ? Après les vestes à angles droits, voici donc les vestes à cols verticaux. Les tissus se rigidifient et se matelassent pour mieux tenir, les cols montent jusqu’aux yeux sous forme conique, le vêtement se fait armure. La collection s’assouplit ensuite de quelques minirobes en maille d’alpaga camel, mais le ton est donné : l’humeur est à la protection.

Géraldine Dormoy

Retrouvez toutes les images du défilé de Martin Margiela en cliquant ici.

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