Des expos cousues main

La mode est à la mode. Au musée d’Orsay, l’expo dédiée au sujet jusqu’à la fin janvier dernier a ainsi drainé près d’un demi-million de visiteurs en quatre mois. C’est plus que Manet, inventeur du Moderne et même que Degas et le nu, records de fréquentation de l’institution parisienne en 2011 et 2012…

A Rotterdam, le Kunsthal accueille jusqu’au 12 mai The Fashion World of Jean Paul Gaultier. From the Sidewalk to the Catwalk, retraçant trente-cinq années de style, de la haute couture au prêt-à-porter en passant par les costumes de scène que le Français a signés pour Madonna ou Mylène Farmer.

Chez nous, en ce moment, Axelle Red donne à voir ses plus belles pièces fashion – du Maison Martin Margiela, du Véronique Leroy, du Elvis Pompilio, du Helmut Lang… – à Hasselt. Et puis surtout, à l’Espace culturel ING, à Bruxelles, se tient jusqu’au 5 mai la plus importante rétrospective consacrée à Yves Saint Laurent par notre petit pays. Des créations pour la plupart jamais dévoilées, auxquelles s’adjoignent des croquis, échantillons de tissu, bijoux, accessoires ou couvertures de magazines qui confirment, s’il le fallait encore, à quel point il a su accompagner et souvent anticiper, à coups de sahariennes, de smokings féminins ou de lipstick rose shocking, les bouleversements majeurs qui traversèrent son époque. Parce que pour Saint Laurent, la mode n’avait de sens que si elle était en osmose avec la rue, lui qui voulait « faire des robes qui servent vraiment ».

L’expo, menée en collaboration avec la Fondation Pierre Bergé, a le mérite de rappeler cet attachement viscéral, cet ancrage indéfectible à la réalité du quotidien. C’est que pour un peu, à force de voir les vêtements au musée et d’entendre parler de collections, on en viendrait à croire que la mode est un art. Ce serait oublier que, tout aussi révélatrice de mutations sociologiques et sublime soit-elle, elle reste un travail d’artisan. Les plus talentueux couturiers, de Christian Dior à Gabrielle Chanel, revendiquaient d’ailleurs fièrement ce statut. Et aujourd’hui encore, les grandes maisons ne seraient rien sans ces petites mains anonymes, premières d’atelier, patronnières, plumassiers ou brodeurs, qui oeuvrent en leur sein, dans le silence et la dévotion.

Delphine Kindermans

Rédactrice en chef

>>> Retrouvez le dossier complet Prêt-à-porter, des métiers sous toutes les couture dans le Black Weekend n°8, en kisoque dès demain.

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