Fashion Army

© Rose Cordero par Mert & Marcus - Vogue Paris mars 2010

Il y a six mois, lors du très militaire défilé Balmain, je me suis dit qu’ils allaient être contents chez Doursoux. Quelques mois plus tard, une de leurs chemises kaki attérissait dans Vogue.

Il y a six mois, lors du très militaire défilé Balmain, je me suis dit qu’ils allaient être contents chez Doursoux. Quelques mois plus tard, une de leurs chemises kaki attérissait dans Vogue. Parfois, la mode peut être drôlement prévisible pour qui n’a plus 15 ans. Car voyez-vous, la première fois que j’ai entendu parler de ce surplus militaire, c’était dans Dépêche Mode, un magazine de mode que j’adorais… dans les années 80.

Samedi dernier, après un petit tour chez Zara où les nuances de kaki ne me plaisaient pas, j’ai eu envie d’y retourner. Là-bas, au moins, j’étais sûre de trouver les teintes vert bronze les plus authentiques. Je ne croyais pas si bien dire.

Niché derrière la gare Montparnasse, le magasin-bunker n’avait pas changé. Des cantines et des sacs de bidasses étaient toujours posés devant l’entrée, tandis qu’à l’intérieur les allées continuaient de déborder de gilets, parkas, godillots, casques, montres et autres accessoires indispensables aux soldats du monde entier.

Je commence par me diriger vers un portant de chemises de l’armée anglaise. Un vendeur s’approche de moi: « Savez que ce modèle a récemment été photographié par un grand magazine de mode? » Moi qui craignais d’être accueillie par des ricanements machos, j’avais oublié à quel point, chez Doursoux, on sait aussi très bien parler aux femmes.

On pourrait en effet s’attendre à ce que, dans un endroit à l’air si chargé de testostérone, les vendeurs méprisent les minettes en quête de fringues à la mode, mais ce n’est pas le cas du tout. Tout le monde est au contraire accueilli avec beaucoup de gentillesse, et personne ne commence à grogner lorsque vous décidez d’essayer quinze exemplaires de la même veste pour en comparer la coupe ou le délavage.

Après avoir trouvé ma « chemise Vogue » (15 euros), je tombe sur un blazer noir à boutons dorés, parfaitement ajusté (les vêtements en taille 38 sont là-bas une denrée plutôt rare). Cinéphile, mon vendeur du début, Rémi, juge bon de m’informer : « C’est la veste de marine que porte Demi Moore dans A armes égales ». Je ne suis pas particulièrement fan de Demi Moore et n’ai jamais vu A armes égales, mais son argument porte quand même, plus fort que tout ce que l’on pourrait me raconter dans un magasin traditionnel. J’embarque la veste « made in USA ».

Pour finir, je tente de lui décrire la parka que j’ai cherchée tout l’hiver. Il m’en trouve plusieurs, neuves ou vintage. Un modèle est pas mal, bien qu’un peu trop grand pour moi. Je lui demande le prix. 320 euros. Mes yeux exorbités lui signifient que je trouve ça un peu cher. Pour toute réponse, il me montre l’étiquette cousue dans une des poches: « octobre 1943 ». Ces parkas sont celles que les soldats américains portaient lors du débarquement.

Chez Doursoux, chaque pièce est ancrée dans l’Histoire, et c’est la rareté qui fixe le prix. Je sors de là en me disant que ça vaut toutes les vestes Balmain.

Géraldine Dormoy


Doursoux 3 passage Alexandre, Paris 15e Tél: 01 43 27 00 97 Du mardi au samedi de 10h à 19h Egalement 131 rue Amelot, Paris 11e et vente en ligne sur leur site.

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