Dries Van Noten, 100e show

© Imaxtree

Il avait prévenu que ce ne serait pas la surenchère, on se souvient de son show N°50 avec chandeliers imposants, nappes blanches, tables dressées, mannequins défilant dessus, surplombant ainsi de tout près les invités conviés au repas. Sur les chaises de bois, un carnet relié à la main, numéroté, il rassemble certains de ses imprimés favoris, datés, qu’il revisite pour l’occasion, leur ajoutant des surimpressions ou des broderies géométriques dans des couleurs vives – comment magnifier le présent avec le passé, sans rien renier de son essence, au contraire. Le créateur belge n’a jamais craint de dévoiler ses sources d’inspirations, elles se superposent, clashent et se marient en un contraste vivifiant.

Pour présenter cet automne-hiver anniversaire, il a convié les mannequins qui lui furent fidèles, de Kirsten Owen à Carolyn Murphy, Alex Wek ou Hanne Gaby, qui mieux qu’elles pour prouver que ses femmes n’ont rien d’archétypal ? Elles portent sourire aux lèvres avec parfois sur le visage les petites griffes du temps des vêtements qui n’enserrent jamais. Dries Van Noten revendique les formes  » sartoriales, affirmées, assurées, déterminées, lâches, à la douceur amplifiée « . Tout paraît simple, avec lui, et évident – ce jeans blanc brut porté avec des low boots plates, ce pull bleu marine, ce tailleur pantalon orange, ce manteau oversize aux manches de fourrure, ce pantalon d’homme en velours côtelé, cette combinaison fendue sur jeans et chemisier, ces bottes blanches comme neige, cet irisé joyeux.

La salle est tendue de grands miroirs horizontaux où se reflètent, en abyme, ces femmes qui savent pourquoi elles sont là, se faisant les grandes prêtresses d’un homme qui les respectent. Ce n’est pas rien, à l’heure où Paris bruisse d’un scandale dénoncé par le directeur de casting James Scully autour de la maltraitance des mannequins par certaines maisons, Balenciaga en tête, qui depuis tentent de s’excuser comme elles peuvent, mal. Dans cette industrie de la mode, ce n’était pourtant pas un secret que trop souvent hélas les jeunes filles y sont traitées au mieux comme des porte-manteaux. A les voir dans les coulisses, à la fin du show, entourant le créateur ravi, riant, fêtant comme il se doit cet instant magique, on sait qu’ici, les coeurs battent à l’unisson. Ce n’est pas une image, la bande sonore de ce défilé émotion ressemblait à un paysage où se tissaient des fragments de paroles, de chants d’oiseaux, de musiques qu’aimaient Pina Bausch, laquelle compte pour Dries Van Noten. Jusqu’à la voix nue de David Bowie, où il est question d’ Heroes et de You will be queen se terminant dans un souffle rythmé seulement par le bruit fascinant d’un muscle cardiaque qui pulse. Standing Ovation.

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