Paris Fashion Week: l’instantané du jour, le duo Dries Van Noten et Christian Lacroix
A mi-chemin entre Anvers et Arles, les deux créateurs se sont trouvés. La joie est au rendez-vous.
Dries Van Noten avait ressenti le besoin d’ « exubérance », d’ « opulence », d’un « autre volume » et de « fun ». Ses besoins le menèrent tout naturellement à Christian Lacroix, son travail, son monde, sa couture qui éclaira d’une aura particulière les années 80 et 90. Il a suffi d’un appel téléphonique et d’un oui pour que le duo se forme et travaille de concert au printemps-été 20 de Dries Van Noten. C’était en mars de cette année, ils se sont retrouvés sur les Champs Elysées, cela pourrait débuter comme un conte de fées.
C’était en réalité à la moitié du chemin de chacun, entre Anvers et Arles, leurs mondes allaient s’amalgamer – la fusion des contraires prouve que les antagonismes ne le sont pas finalement. Il serait question de rêve, d’optimisme, de beauté, dans un monde anxiogène, à l’image de ce lieu pour défiler cher à Christian Lacroix qui depuis la disparition de sa maison de couture oeuvre plutôt sur scène : le show prend place dans la deuxième salle de l’Opéra Bastille, jamais terminée, jamais habillée, restée dans son jus bétonné brut de décoffrage, une grise cathédrale minimaliste pour mieux mettre en valeur un vestiaire qui ose la joie et les espagnolades, ce n’est pas une insulte.
Rien à voir avec l’hommage compassé, tout avec la lucidité heureuse d’être en vie. Les deux créateurs ont convié la légèreté. Et la luxuriance que l’on vit sur Marisa Berenson en Lady Honoria Lyndon, dans le Barry London de Stanley Kubrick. D’ailleurs, pour bande son de ce show empli d’émotion (mais comment fait-il, Dries Van Noten – et l’équipe qui l’épaule -, pour la convier si fréquemment alors que le mystère de ce saisissement reste entier et que l’on ne peut le provoquer théoriquement), on entendit en live, sur piano seul, le Trio opus 100 de Schubert qui nimbait ce film majeur.
A l’image de ce printemps-été 20. Rien dans cette garde-robe ne fait l’impasse sur le spectaculaire, à porter tous les jours. Les volants côtoient les jeans blancs, le jaune, le rose, les jacquards, les pois. Les parkas se font traîne, les platform shoes, piédestal enluminé. L’admiration de Dries Van Noten pour Christian Lacroix – et inversement – explose en une myriade de détails qui font référence. Même la rose rouge posée simplement sur le siège de chacun des invités de ce défilé qui restera dans nos mémoires – le créateur français avait pour élégance d’en offrir à chacun de ses shows tandis que le créateur belge n’est rien sans les fleurs, définitivement.
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