Paris Jour 2 : Maison Margiela et Dries Van Noten

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Désormais quand Maison Margiela invite, c’est au Grand Palais, il est loin le temps où Martin, le fondateur de la dite petite entreprise, attirait dans une banlieue délabrée tout ce que la mode comptait de curieux pour mieux faire découvrir sa collection planquée dans des housses de pressing. Autres temps, autres moeurs. Tout est désormais plus policé, même John Galliano, successeur du belge formé à l’Académie d’Anvers qui révolutionna le vestiaire contemporain. Depuis octobre 2014, le créateur né à Gibraltar et formé à Londres est revenu sur le devant de la scène après quelques années de purgatoires entamées dans la honte. Aujourd’hui, il semble en grande forme, toujours aussi virtuose, mêlant les références historiques aux matières techniques, mixant à foison les silhouettes et les détails venus d’un autre temps, s’amusant à clasher les genres, sans souci de la restriction. On ne peut lui demander de  » faire du Martin Margiela « , pourtant, à sa façon, il suit parfois ses traces – ses impers mutants devenus robes ressemblent à un clin d’oeil un peu malicieux. Et sa réinterprétation des tabi en baskets tout terrain et tout confort ancre efficacement son discours dans cette ère où il vaut mieux avoir les deux pieds sur terre, même en 7 minutes 13 secondes de défilé..

Dans un ancien hangar des chemins de fer, Dries Van Noten a laissé la place à l’ornementation rare et éphémère d’ Azuma Makoto. Soit 23 blocs de glace qui emprisonnent des fleurs tropicales, ils fondent lentement, tandis qu’un orage gronde au loin, sur la bande-son signée Senjan Jansen et que le bruit des gouttes cadencent le pas des mannequins magistralement vêtues. Le créateur belge n’a de cesse d’opposer tout ce qui lui tombe sous la main – les volumes, les couleurs, les constructions, les silhouettes, les codes historiques. Il s’amuse des contrastes qu’il recherche, et si parfois ils font un peu mal aux yeux, c’est tant mieux, un jaune improbable fait tache, un azur acide claque, c’est exprès. Des imprimés fleuris parsèment les grands manteaux, quelques bouquets savamment placés décorent une robe tandis que le noir ponctuent le tout, vibrant, embelli, Victorien. On reconnaît ici et là des influences japonisantes, kimono, laque, sensibilité délicate tandis que la Geta traditionnelle revisitée avec ruban de gros-grain martèle le sol détrempé. Car les  » Iced Flower  » d’Azuma Makato n’ont rien suspendu de leur lent dégel durant le show, quand la glace aura totalement fondu, comment les fleurs se répandront-elles ? La question est certes un peu vénéneuse mais elle est induite en filigrane par Dries Van Noten parfois intensément crépusculaire.

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