Trois créateurs marqués par 2013 (en images)

© Imaxtree

En guise de carton d’invitation, une feuille de papier calque toute légère sur laquelle s’enroule le nom d’Ann Demeulemeester et les renseignements indispensables pour se rendre au défilé de la maison ancrée à Anvers et confiée à Sébastien Meunier depuis novembre 2013, déjà, comme le temps passe vite. Il connaît ses fondamentaux, pour les avoir chahutés en débarquant à la direction artistique de l’Homme en 2010 et pour s’en être affranchis chez la Femme au point qu’il réussit à faire du Ann Demeulemeester en étant lui, totalement. Alors forcément, il y a du noir, du blanc, de la dentelle délicatement brodée presque ton sur ton, des envolées de fleurs en transparence, des plumes et une certaine nonchalance poétique qui provoquent les applaudissements, à juste titre.

En guise d’hommage, de la cotte de maille traficotée, agrandie, argentée, dorée, drapée, vive le mesh. Julien Dossena ose ce qu’il n’avait pas encore tenté de manière aussi flagrante, lui qui occupe le poste de directeur artistique chez Paco Rabanne depuis 2013, déjà, comme le temps passe vite. D’emblée, il a épousé les valeurs modernistes et l’utopie radicale du créateur espagnol qui fit grand bruit dès sa première collection  » Manifeste  » en 1966. Mais en évitant l’adoration stérile, en gardant les deux pieds dans son siècle, le 21èe, en regardant ses amies marcher dans les rues, bouger, frissonner, en marquant son attachement au sport et aux vêtements qui vont avec. Son automne-hiver se fait mouvement, le corps est libre, la peau aussi. Et le métal court le long des lignes sinueuses, avant de garnir le fond des sacs et des pochons qui signalent leur appartenance à la bande à Paco d’un logo qui sert la cause.

En guise de message préalable, sur l’invitation, un nothing new entre guillemets, une Joconde à moustache et une signature R. Mutt 1917 vue sur  » Fontaine « , le ready-made de Marcel Duchamp. On peut dire que Virgil Abloh sait titiller les gens, lui qui a lancé son label Off-White à Milan en 2013, déjà, comme le temps passe vite… A l’entrée du Palais de Tokyo, les guillemets enlacent d’autres mots qui affichent la direction à prendre selon la catégorie, presse, buyers, standing. Au sous-sol, des bouleaux sans racines, coupés net à leur base semblent voler dans les airs tandis que le sol de béton accueille les premières feuilles mortes de l’automne. Dans le monde de cet Américain prolifique et touche-à-tout, il y a de la place pour l’art, les artistes, les it-girls, l’ici et maintenant, le streetwear repensé, réapproprié, détourné parfois, comme embourgeoisé. Il s’amuse des mots, qu’il applique sur ses cuissardes aventureuses  » For walking « , nous voilà prévenus. Sa dentelle, il la labellise, en petites lettres blanches brodées  » Off-White TM « – dans la rue, on connaît la valeur des logos. S’y ajoutent du jeans à gros zip, des blousons cropped, du velours dévoré, des robes portées sur pantalon et des colombes blanches brodées sur du tulle transparent. Quand sonne l’heure du final, les mannequins reviennent au pas de charge arpenter le catwalk qui serpente, dans le noir, éclairées chacune de leur seule lampe de poche. C’est beau, les guillemets.

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