Gammarelli, le nouveau tailleur du pape

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Personne ne connaît les mensurations du prochain pape, et pourtant ses vêtements sont déjà prêts : la Maison Gammarelli, tailleur du Saint-Siège depuis le XVIIIe siècle, a déjà préparé trois tenues complètes de tailles différentes pour parer à toute éventualité. Les trois versions – petite, moyenne et grande – sont exposées depuis lundi matin dans la vitrine à la discrète enseigne « Gammarelli », installée Via Santa Chiara à deux pas du Panthéon.

« Pour ce conclave, nous avons préparé trois habits ecclésiastiques blancs en laine, accompagnés d’une mosette (pèlerine) de velours rouge bordée de fourrure blanche parce que nous sommes en hiver, d’une étole, de chaussures rouges et d’une calotte », explique à l’AFP Lorenzo Gammarelli, l’un des gérants de l’antique maison.

Et de raconter le défi représenté par cette commande très spéciale : « Pour les habits, on peut toujours s’adapter, pour la calotte aussi cela importe peu, en revanche, pour les chaussures, c’est plus difficile, le futur pape ne pourra pas mettre des chaussures qui ne seraient pas à sa taille : nous proposerons donc toutes les tailles possibles ».

Une mission délicate à laquelle les tailleurs experts de Gammarelli sont habitués, comme l’attestent les portraits accrochés au mur représentant tous les papes qui se sont fournis chez eux, ainsi que les certificats attestant du statut de Gammarelli en tant que fournisseur officiel du Vatican.

« Les tissus dans lesquels nous réalisons les soutanes sont en pure laine. Il n’y pas de laine spéciale pour le Saint-Père, c’est le tissu classique qu’on utilise pour tous nos clients qui s’habillent de blanc. Outre le Saint-Père, il s’agit de missionnaires et de certains ordres monastiques », explique doctement cet expert ès mode ecclésiastique.

A l’intérieur de la boutique règne un parfum suranné, rien ne semble avoir bougé depuis des décennies, du vieux comptoir en bois derrière lequel s’affairent les vendeurs aux hautes étagères munies d’échelles où s’empilent les rouleaux de tissus.

Un petit escalier de guingois mène au premier étage au saint des saints, inaccessible au commun des mortels : l’atelier des couturières. « Entre trois et cinq personnes ont travaillé sur les trois tenues », confie Lorenzo, conscient de l’importance de son rôle en ce moment-clé de la vie vaticane.

« Le conclave est un moment exceptionnel, très particulier », souligne-t-il non sans fierté. « Dans ce cas, il l’est encore plus car l’on ne s’y attendait pas du tout : la démission du Saint Père nous a pris par surprise », confie-t-il.

Benoît XVI avait annoncé le 11 février sa démission en raison de son âge avancé (85 ans, bientôt 86) et de l’affaiblissement de ses forces. Il n’est plus pape depuis le 28 février, date à laquelle il s’est retiré pour deux mois dans la résidence d’été des papes à Castel Gandolfo, au sud de Rome.

« A vrai dire, quand je l’ai entendu au début, je ne voulais pas y croire, cela me semblait absurde. Et pourtant… » ajoute Lorenzo Gammarelli.

Il n’en dira pas plus, car la discrétion est la marque de fabrique de la maison.

Quand on lui demande comment s’effectue la livraison ou qui sera chargé des retouches finales, Lorenzo se contente d’esquisser un sourire énigmatique…

Un voile de mystère entoure depuis toujours le conclave et l’élection du pape, qui réservent souvent des surprises. Un vieil adage du Vatican veut ainsi que « Qui entre pape au conclave, en sort cardinal ».

Une seule certitude : le nouveau pape, à sa première apparition sur les télévisions du monde entier au balcon de la basilique Saint-Pierre, sera vêtu de pied en cap par Gammarelli.

Weekend.be avec Belga

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