Green blue jeans: quatre marques belges de denim écolo
Des méthodes de production peu gourmandes en eau, des colorants naturels et des matières recyclées… Plusieurs marques belges abordent la fabrication de denim de façon écolo. Cocorico!
1-Demco: Technologies de pointe
Depuis trente ans, le label belgo-tunisien Demco est un acteur important dans le monde du jeans. La firme, spécialisée en denim et en vêtements décontractés, travaille entre autres pour Tommy Hilfiger, Lee Cooper et Emporio Armani. Et depuis des années déjà, elle fait grand cas des méthodes de production écoresponsables. Ainsi, elle est certifiée pour son système de protection de l’environnement et possède le certificat GRS (Global Recycled Standard). « Nos clients y accordent toujours plus d’importance, observe Patrick Raes, directeur commercial. Nous ne cessons d’investir dans les nouvelles technologies. Grâce à la combinaison de techniques de purification et d’économie d’eau, nous n’utilisons dans l’usine plus que 7 litres d’eau par pièce, au lieu de 100. Pour le procédé de coloration, nous avons développé une technologie « dry-dye », les pigments minéraux étant injectés. Par ailleurs, pour le lavage des jeans, le « stonewashing », nous nous servons de pierres réutilisables, résistantes à l’usure et qui ne polluent pas l’eau. En outre, tous les déchets sont recyclés et nous élaborons un projet d’upcycling pour les invendus. Tout cela nous permet d’être une entreprise neutre en carbone et sans déchets. »
2-Godfrieds jeans: Beau au naturel
Longtemps, Godfried Vanden Daele a travaillé dans diverses entreprises de jeans avant de lancer son propre label artisanal et durable, il y a quelques années. « Tous mes vêtements sont fabriqués à partir de denim brut, à l’ancienne. Ce matériau dur et non lavé s’adapte au corps et dure longtemps. Moins on le lave, plus il reste beau et plus l’empreinte écologique est réduite. Je travaille uniquement sur commande, pour éviter les invendus, et il est possible de réserver un modèle sur mesure. » Par ailleurs, l’entreprise n’utilise que du denim selvedge de haute qualité provenant du Japon et d’Italie, et tissé traditionnellement. Dès lors, tout est produit à partir de matériaux naturels et 100% recyclable, les coutures étant en fils de lin et les boutons en corozo, une matière végétale. Par ailleurs, les collections sont fabriquées dans son propre atelier, en Flandre-Occidentale, réduisant l’empreinte carbone.
3-HNST: Traité de circularité
Les initiales de ce label lancé par Lander Desmedt et Eva Engelen n’ont pas été choisies au hasard: HNST signifie « honest ». « Nous développons nos jeans de manière à ce qu’ils soient 100% recyclables, explique la cofondatrice. Chacun de nos pantalons contient 56% de coton recyclé provenant de vieux denims ramassés à travers la Belgique, notamment via des magasins de seconde main. Mais on y retrouve également du nouveau coton et du Tencel, une matière organique issue de l’eucalyptus. A chaque étape de la production, l’impact environnemental est réduit. En prime, c’est une affaire européenne: pour le recyclage des vêtements récoltés, nous collaborons avec une société en Allemagne, tandis que nos fils sont produits en Belgique et que la coloration des tissus se fait en Italie. Sans oublier la production, effectuée au Portugal. De plus, nous tirons profit des nouvelles technologies propres. Par exemple, nous utilisons de la pectine, provenant des pelures d’orange, comme alternative à la matière plastique pour traiter les fils. » Il est également possible, une fois l’article usé, de le rapporter et de bénéficier d’une réduction de 15 euros sur une nouvelle pièce. « Grâce à ce processus circulaire, nous rejetons 76% de CO2 en moins, et utilisons vingt fois moins d’eau que dans la production classique de jeans », se réjouit Eva.
4-Tropas: Pieds verts
Pour façonner les chaussures de sa marque durable, Tropas, Caro Peirs utilise d’anciens jeans. Ceux-ci sont découpés dans un atelier social de Bruxelles, tandis que les souliers sont confectionnés en Espagne, sans colle polluante. Chaque paire peut ainsi être démontée et recyclée. En outre, une fois usés, les articles peuvent être déposés dans un des points de vente ou au siège de la marque pour connaître une seconde vie. Le textile sera transformé en matériau d’isolation, les talons en bois en plateaux de table par un atelier local et les semelles seront broyées et reconditionnées pour créer des semelles de baskets. « Au travers de ce projet, nous voulons surtout montrer qu’il est possible, pour une entreprise, d’être sociale, durable et circulaire. Nous devons prendre soin de nous-mêmes, des autres et de la planète. »
Une industrie ultrapolluante
8.000 litres, c’est la quantité d’eau nécessaire à la confection d’un seul jeans. « Après la cueillette, le coton doit être lavé, filé, tissé et transformé. C’est un processus qui nécessite beaucoup d’humidité », justifie Joris Cools, chercheur au département technologie de la mode de la Haute Ecole de Gand (HoGent). Par ailleurs, certains types de coton attirent une multitude de parasites. « Des pesticides sont utilisés, poursuit l’expert. Par conséquent, quelque trois millions de personnes travaillant dans les champs ou vivant aux alentours sont empoisonnées chaque année. »
Une fois le coton traité, arrivent les finitions. « Cette étape n’est pas plus respectueuse de l’environnement: divers produits chimiques sont utilisés pour blanchir, déchirer ou froisser les vêtements. Sans oublier le sablage qui permet d’abîmer une fine couche de tissu et de donner un air usé au tissu. Ce procédé est déjà interdit dans de nombreux pays car les travailleurs inhalent de fines poussières. » En termes d’émissions de CO2, le jeans est également mauvais élève puisqu’en moyenne, une pièce parcourt environ 45.000 kilomètres avant d’arriver au magasin.
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