Jean-Paul Knott fête les 25 ans de sa marque: l’histoire derrière sa Factory warholienne
Le créateur de mode bruxellois Jean-Paul Knott, 57 ans, a lancé sa propre marque il y a exactement 25 ans. Il avait alors passé 12 années chez Yves Saint Laurent, puis Krizia, Cerruti et Maurice Béjart, entre autres, ont fait appel à lui. Pendant tout ce temps, comme un mantra, le conseil d’une professeure l’a aidé a guidé son parcours. (Auto-)récit d’une vie dans la mode bien remplie.
‘Lorsque j’ai obtenu mon diplôme du Fashion Institute of Technology de New York en 1988, j’étais jeune et naïf. Sans hésiter, je suis allé travailler chez Adam Douglas, une grande entreprise de prêt-à-porter qui fabriquait des vêtements pour les marques maison des grands magasins américains, mais j’ai été vite déçu. Tout y était axé sur les affaires, et les personnes pour lesquelles je travaillais avaient une idée de la créativité très différente de la mienne. Nous démontions des vêtements de marque pour copier le modèle, nous recousions tout ensuite et moi, avec mon accent français et mon apparence soignée, j’étais fait pour aller acheter toutes ces pièces dans des boutiques chics et les rapporter. Je n’ai tenu que quelques mois, j’y étais vraiment très malheureux.
Renoncements et Saint Laurent
C’est pendant cette période que je suis allé voir Eva Nambach, une enseignante de la FIT avec laquelle j’avais établi une relation de confiance – je savais qu’elle allait me montrer la bonne voie. «Les grandes entreprises ne sont pas faites pour toi», m’a-t-elle dit. Sois honnête avec toi-même, ne travailles qu’avec des personnes que tu respectes, et les choses se feront naturellement.» Peu de temps après, j’ai envoyé une lettre et quelques dessins de mode à Yves Saint Laurent, le seul pour qui je voulais absolument travailler, et avant même de m’en rendre compte, je renonçais à un bon salaire à New York pour un stage à Paris.
« Un créateur de mode ne fait rien tout seul »
Au début, j’étais surtout moins cher qu’une photocopieuse, car je retravaillais les dessins de monsieur pour les lookbooks des boutiques. Plus tard, j’ai travaillé sur les lignes de prêt-à-porter et j’ai assisté Saint Laurent pour la haute couture – c’étaient les meilleures années de ma vie – mais j’aurais pu faire n’importe quoi. La gentillesse et l’humanité qui y règnent, la générosité de personnalités comme son associé Pierre Bergé, styliste Loulou de la Falaise et directrice du studio Anne-Marie Muñoz : ils étaient comme une famille pour moi, et toute la maison de couture s’y sentait comme une famille. Le monde d’alors n’existe plus, mais nous étions unis dans notre amour de la beauté et de la vision de Saint Laurent, et nous croyions passionnément en ce que nous faisions.
Travail de groupe
Avec le recul, j’ai toujours essayé de créer quelque chose de similaire, un peu comme The Factory qu’Andy Warhol avait réunie autour de lui. Que ce soit pour ma propre marque ou pour d’autres, je travaille souvent avec des membres de ma famille, des amis créatifs, d’anciens collègues de travail et d’autres personnes avec lesquelles je suis sur la même longueur d’onde depuis un certain temps. Même avec les entreprises de mode japonaises et chinoises que je conseille, le lien remonte souvent à 20 ans, et derrière mon passage chez Krizia, Louis Féraud et Cerruti, il y a toujours eu une relation de confiance avec l’une des figures centrales. De telles relations à long terme, où l’on s’entend et se respecte, sont une nécessité pour moi: ce n’est que là que je me sens en sécurité et que je peux donner le meilleur de moi-même.
En tout cas, un créateur de mode ne fait rien tout seul. Fabriquer des vêtements à partir d’une vision pour le monde d’aujourd’hui est un travail de groupe: sans de bons modélistes, modélistes et couturières, on n’arrive à rien, sans parler des amis qui m’inspirent lorsque je crée ou de tout le talent créatif qu’il faut pour présenter une collection. La mode, c’est par définition travailler avec des gens – il faut mieux s’assurer que l’on s’aime bien ».
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