Lanvin, Dior ou Margiela : à chacun son rythme

Sur les podiums, il y a moyen de distinguer les tops entre elles par leur physique, mais aussi par leur démarche.

Sur les podiums, il y a moyen de distinguer les tops entre elles par leur physique (bon… pour une myope comme moi, pas toujours facile : qui ressemble plus à une fille de l’Est qu’une autre fille de l’Est ?), mais aussi par leur démarche. Karlie Kloss, par exemple, se présente toujours les poignets légèrement relevés, en articulant ses jambes, telle un chat. Freja Beha Erichsen avance, quant à elle, bien droite. Et pour changer de direction, elle bouge d’abord la tête, avant de faire tourner son corps d’un seul coup.

Mais il y a des shows, où les créateurs briefent expressément les tops, pour qu’elles respectent le même rythme, la même énergie. La preuve par trois défilés de ce vendredi.

Chez Christian Dior, John Galliano avait manifestement demandé à ses apprenties moussaillons de prendre la pause, une fois arrivées devant les photographes. Et vas-y que j’imite le salut de la marine, que je fais la moue, que je penche ma tête sur le côté. By the way, la collection de Dior pour l’été 2011 mélange inspiration marine à celle des îles. Caban en cuir blanc et maille aux noeuds marins Versus robes aux imprimés floraux baignés de soleil et ceintures coquillage.

Du côté de Lanvin, les filles avançaient au pas de charge. A peine le temps de griffonner un ou deux mots sur mon carnet de notes, que la top suivante était déjà passée devant moi. Cela n’a pas empêché le public de faire une ovation à Albert Elbaz, pour ses superbes robes, très éclectiques, son sens de la coupe et sa juste vision de la féminité.

Enfin, chez Maison Martin Margiela, le rythme était autre. Lent, extrêmement. Saccadé. Les filles se déplaçaient, comme si elles étaient des robots. Parfait pour pouvoir observer les looks dans les moindres détails. Apercevoir que le talon d’un escarpin était planté dans le bas d’un pantalon. Avoir l’impression que le pied coule dans la chaussure, à cause d’une plate-forme vide à l’intérieur. Remarquer qu’une rose accrochée à une veste magnifiquement coupée n’avait plus que sa tige et ses épines. Que les montres et autres bracelets se portaient accompagnées du présentoir avec lesquels ils sont normalement vendus. L’occasion de réfléchir aussi au message véhiculé par la griffe : de face, le mannequin se présente avec une chemise ou une veste d’inspiration masculine. Une pièce présentée en 2-D et plaquée sur son corps. Tout est question de trompe-l’oeil. Ce n’est qu’en voyant le dos de la belle, que les formes apparaissent en 3-D, que la féminité rejaillit, pour modifier la structure d’un vêtement. Et lui donner vie.

Catherine Pleeck

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