Le charme discret de Delvaux
A l’aube de son bicentenaire, la maison se met en scène dans un musée in situ qui entend ne pas en être un. Avec pudeur, elle y convoque son passé, sa belgitude et ses inventions brillantissimes.
Comment raconter une histoire qui s’étale sur presque deux siècles ? Faire appel aux sens, aux sensations et aussi, un peu, aux souvenirs d’enfance, avec la mer du Nord, pour dernier terrain vague. A dix ans de son bicentenaire, Delvaux s’offre un musée in situ élégamment mis en scène par Bob Verhelst, lequel en extrait le parfum où la nostalgie d’une Belgique de papa désormais disparue le dispute au surréalisme magrittien.
Quand on est le plus ancien maroquinier de luxe du monde, on a le droit de le clamer haut et fort. Et de rappeler que le sac à main a bien été inventé par lui, certificat à l’appui, rendons à César ce qui appartient à César. Le premier s’appelait donc Princesse et date de 1908. Il manque à la collection, laquelle accueille le visiteur dès l’entrée, à l’Arsenal, coeur battant de la maison. Le jeu subtil de la surprise veut que ces précieuses archives ne se dévoilent guère, chacune étant ensachée dans une toile blanche à broderie d’or qui calligraphie le nom de Delvaux et la date de sa naissance, 1829 – si l’on calcule bien et pour peu que l’on connaisse son histoire du royaume, un an avant sa création. Ils ne sont reconnaissables qu’à l’étiquette qui dévoile leur pedigree – N° 191 Phraseur, designer Ms. Naiken Collection » Le révolutionnaire « , season A/W1989-1990, ou N° 176 Aubade, designer Ms. Goethals, collection » L’opéra « , season A/W1987-1988.
Sur ces étagères, ils s’alignent ainsi parfaitement conservés, comme la maison qui n’a de cesse de se renouveler. Il faut ensuite traverser l’atelier, où se concentrent 45 artisans qui oeuvrent à la perpétuation du nom, puis emprunter un monte-charge pur jus pour tomber nez à nez avec un Brillant autrement plus grand que nature qui rappelle que l’Exposition universelle de 1958 fut un terrain de jeu éminemment créatif pour ceux qui surent y faire. Se suivent alors des salles que l’on arpente à son gré, sans souci de chronologie, qui privilégient davantage les atmosphères et où il est question d’innovations, de savoir-faire, de belgitude, d’aumônières, de monarchie en Delvaux…
Delvaux en quelques dates
-1829. Charles Delvaux fonde sa maison à Bruxelles.
-1830. Création du royaume de Belgique.
-1883. La maison se voit accorder le titre de Fournisseur Breveté de la Cour par le roi Léopold II.
-2017. Les miniatures Belgitude clament leur amour patriotique et forcément surréaliste.
Dans ce musée de l’intime, où les murs prennent vie, les armoires sont parfois vitrées, parfois pas, réunissant un corpus de sacs aux noms charmants – Volage (1974), Lakmé (1955), Voltige (1956), Mon grand bonheur (1959) ou Fleur d’oranger (1972). » Toutes les époques s’y trouvent, commente pas peu fier Jean-Marc Loubier, chairman et CEO. Il y a une évidence dans la qualité, les formes, les couleurs. Delvaux a un très long héritage, certes, mais Delvaux est surtout un inventeur. Voyez la diversité dont est capable cette maison. » Et suivez le guide.
Musée Delvaux, 7, boulevard Louis Schmidt, à 1040 Bruxelles. Sur rendez-vous. www.delvaux.com
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