Le Koh-i-Noor: la sombre et sanglante histoire du plus célèbre diamant du monde

Koh-i-Noor © getty

La reine Elizabeth II souhaite voir sa belle-fille Camilla devenir reine consort lorsque son fils Charles deviendra roi. Une décision qui marque un long chemin vers l’acceptation publique de Camilla, mais aussi l’occasion de remettre au coeur des attentions un diamant maudit, le Koh-i Nor. Car si l’on en croit la presse britannique, c’est parée de la couronne de la reine mère, qui a en son centre le fameux diamant, qu’elle accompagnera Charles lors de son couronnement.

Dans un message écrit à l’occasion de son Jubilé de platine, cap qu’aucun monarque britannique n’avait jamais atteint avant elle, la reine de 95 ans a fait part de son « souhait sincère » que Camilla « soit connue comme reine consort » lorsque le prince Charles, 73 ans, accèdera au trône. Jusqu’à présent, elle ne s’était jamais prononcée sur le sujet, objet depuis des années d’interminables controverses. Le terme de « consort » s’applique à l’époux ou à l’épouse d’un monarque régnant. Théoriquement donc, Camilla devait devenir reine, mais son titre avait fait l’objet d’interminables controverses après son mariage en 2005 avec le prince Charles, certains avançant qu’elle devrait plutôt être connue comme « princesse » consort, en raison de la sensibilité du sujet après la mort de la princesse Diana. Camilla, divorcée, a longtemps été perçue comme celle qui avait brisé le mariage conte de fée du prince Charles, dont elle était la maîtresse, avec Diana. Encore l’an dernier, moins de la moitié des Britanniques souhaitaient qu’elle soit couronnée reine. La reine a clos le débat samedi.

Et selon le Daily Mail, l’actuelle duchesse de Cornouailles et donc future reine Camilla, portera sur sa tête la couronne de la reine mère Elizabeth, le jour du couronnement de son époux à en croire une source présente lors des dernières réunions d’organisation des cérémonies à l’abbaye de Westminster.

Un diamant fabuleux, mais maudit

Bien des pierres précieuses ont une histoire zébrée de sang mais le Koh-i-Noor, plus célèbre diamant du monde et témoin de la cupidité des hommes, les surpasse peut-être toutes dans l’horreur, comme le relate un nouveau livre. Avant d’être exposé dans une cage de verre de la tour de Londres, où il resplendit actuellement sur la couronne de la défunte reine mère britannique, le Koh-i-Noor (« Montagne de Lumière ») a assisté à la naissance puis à la chute de nombre d’empires du sous-continent indien. Il a vu ses propriétaires défiler au rythme des complots, des morts brutales.

Le Koh-i-Noor: la sombre et sanglante histoire du plus célèbre diamant du monde

Cette épopée « est une histoire d’une incroyable violence! », s’exclame l’historien britannique William Dalrymple, coauteur avec la journaliste Anita Anand de l’ouvrage Kohinoor: The Story of the World’s Most Infamous Diamond (éd. Juggernaut).

Recevant l’AFP dans sa paisible ferme au sud de New Delhi, ce spécialiste de la région égrène le chapelet d’atrocités qui parsèment le chemin du Koh-i-Noor: « empoisonnements, passages à tabac, tête fracassée à coups de briques, nombreuses tortures, une personne aveuglée avec une aiguille chauffée à blanc ».

Le Koh-i-Noor: la sombre et sanglante histoire du plus célèbre diamant du monde
© Belga Image

Dans une scène digne de la série Games of Thrones, des tortionnaires versèrent du plomb fondu dans la couronne qui ceignait le crâne d’un prince perse pour essayer de lui faire révéler l’emplacement du diamant.

Illustration représentant Nadir Shah
Illustration représentant Nadir Shah© Wikicommons

Un voile de silence couvre les origines du Koh-i-Noor. La première preuve écrite de son existence n’apparaît qu’au milieu du XVIIIe siècle, lorsque le conquérant persan Nader Shah mit Delhi, alors capitale de la dynastie musulmane des Moghols, à feu et à sang.

« Il est possible que le diamant ait été trouvé durant l’Antiquité et ait engendré la violence, génération après génération », concède M. Dalrymple, 51 ans. L’hypothèse la plus probable reste cependant une découverte en Inde sous le règne des empereurs moghols, qui dominèrent le sous-continent à partir du début de XVIe siècle.

Repartant vers la Perse, Nader Shah emporta avec lui, au milieu des incroyables richesses des Moghols, le mythique Trône du Paon. « Meuble le plus luxueux jamais conçu », ce trône doré était incrusté de centaines des plus belles pierres précieuses de l’empire. En son sommet, sur la tête de l’une de ses statues de paons, était serti le Koh-i-Noor.

Symbole du pillage colonial

Le siècle qui s’ensuivit fut mouvementé pour le diamant. Il se retrouva notamment caché dans la fissure d’un mur de cellule, servit de presse-papier à un mollah ou fut affiché en brassard par un puissant empereur sikh.

Le Koh-i-Noor sous les eyux du public à l'exposition universelle de 1851
Le Koh-i-Noor sous les eyux du public à l’exposition universelle de 1851© Wikicommons

Au milieu du XIXe siècle, il tomba par traité dans l’escarcelle de la Compagnie des Indes orientales britannique, qui força pour cela la main d’un maharaja âgé d’à peine dix ans. Ce n’est qu’en passant au Royaume-Uni, où il fut exposé en fanfare à l’exposition universelle de 1851, que le Koh-i-Noor acquit la célébrité qui est aujourd’hui la sienne.

Les Moghols préféraient en effet les rubis et spinelles aux diamants, et leur trésor impérial contenait deux pierres précieuses proches du Koh-i-Noor.

L’un, le Grand Moghol, pourrait être le diamant Orloff de l’époque moderne, serti au sceptre de Catherine II de Russie et actuellement conservé au Kremlin. L’autre, le Darya-i-Noor, se trouverait aujourd’hui en Iran.

En arrivant à Londres, le Koh-i-Noor « devint pour les contemporains de l’époque victorienne un symbole de la conquête de l’Inde. Tout comme il est aujourd’hui, pour les Indiens post-coloniaux, un symbole du pillage colonial », explique William Dalrymple.

Depuis son indépendance, New Delhi tente de faire revenir la pierre sur son sol et remet régulièrement le dossier sur la table lors de rencontres avec des responsables britanniques. L’Iran, le Pakistan, et même les talibans afghans, ont aussi, chacun en leur temps, revendiqué le Koh-i-Noor.

La couronne britannique, orné du célèbre diamant
La couronne britannique, orné du célèbre diamant© Wikicommons

Par superstition envers une soi-disant malédiction, le diamant n’a plus été porté par un souverain britannique régnant depuis la reine Victoria, morte en 1901. Il est sorti pour la dernière fois de la tour de Londres à l’occasion de l’enterrement de la mère d’Elizabeth II, sa couronne placée sur son cercueil. Et lorsque son mari Charles montera sur le trône, il est fort probable, puisqu’elle vient d’être adoubée comme future reine consort, que la duchesse de Cornouailles Camilla portera le Koh-i-Noor sur la tête.

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