Le savoir-faire belge à travers l’exemple de trois entreprises remarquables
Que ce soit en mode, en design ou en beauté, de nombreuses grandes marques font appel à notre savoir-faire. Des ateliers qui travaillent en toute discrétion et qui mériteraient d’être davantage mis en avant. La preuve par trois.
COUSY – » Ce qui se fait de mieux dans ce secteur «
LEURS ORIGINES. L’entreprise de Zottegem a été créée en 1924 par Hector Cousy. Aujourd’hui, ses descendants, Ludo et Wim, dirigent la boîte. Trees, la fille de Ludo, représente la cinquième génération active dans la maison.
LEUR SPÉCIALITÉ. Des tricots de haut vol, notamment pour Dries Van Noten, Paul Smith, Haider Ackermann, Ann Demeulemeester, Stéphanie Anspach, Mosaert, 42/54 (la marque d’Olivia Borlée et Elodie Ouedraogo)…
LEUR FORCE. » Mes parents confectionnaient des vêtements pour enfants, pour des enseignes néerlandaises, explique Ludo Cousy. Dans les années 90, sur les conseils d’un client, nous avons contacté Dries Van Noten et le courant est vite passé entre nous. Le seul fait de collaborer avec lui nous a ouvert de nombreuses portes. Au départ, nous travaillions exclusivement avec des créateurs belges mais petit à petit, nous avons noué des liens avec des étrangers comme Paul Smith, et même Kanye West pour Yeezy, le label qu’il a lancé avec Adidas. Il n’est pas facile de subsister en tant que fabricant belge, du fait des salaires élevés et du manque de professionnels qualifiés sur le marché. C’est pourquoi nous formons notre personnel. Si nous survivons, c’est parce que nous produisons ce qui se fait de mieux dans ce secteur. C’est passionnant de collaborer avec de grands noms car ils nous obligent à repousser constamment nos limites. Avec les années, nous nous sommes construit une » maillothèque « , soit une collection d’échantillons qui donne un aperçu de toutes nos possibilités techniques. Le client choisit ses fils et nous veillons à les transformer suivant ses souhaits. Le tricot se fait à l’aide de machines pilotées par des ordinateurs dernier cri. Nous occupons six programmeurs à temps plein qui, ensemble, composent, chaque saison, quelques milliers de programmes de tricotage. Chaque modèle bénéficie du sien, même s’il est réalisé dans un nombre très limité d’exemplaires. Ce n’est pas toujours rentable, mais je considère que c’est notre fonction. »
DE ZETEL – » Tous les fabricants ne raisonnent pas ainsi »
LEURS ORIGINES. Située à Ardoye, l’entreprise a été créée en 1923 par Cyriel Behaegel. Son arrière-petit-fils, David, est en train d’en reprendre les rênes.
LEUR SPÉCIALITÉ. La production et le montage de chaises en bois, pour de grandes marques internationales mais aussi pour des établissements horeca ou des églises. Soit quelque 180 000 pièces par an. La société réalise pour le prestigieux éditeur danois Fritz Hansen le nouveau siège N01 de Nendo, fait de vingt-trois éléments, assemblés à la main.
LEUR FORCE. » Tout a démarré en 2016 lors d’une visite de prospection de mon père chez Fritz Hansen, explique David Behaegel. Leur équipe avait juste entamé le développement de la N01 et nous étions en mesure de fournir la qualité et le professionnalisme qu’ils recherchaient. Au cours de la phase de pré-étude, nous avons réalisé deux prototypes : l’un en respectant fidèlement le projet, l’autre en y ajoutant un certain nombre d’adaptations pour le renforcer. Non pas qu’il y ait un défaut au projet initial, mais le poids corporel du Japonais moyen est inférieur à celui d’un Européen, ce qui a une influence sur l’usure. Tous les fabricants ne raisonnent pas ainsi. Lors de la production de ce modèle, nous exerçons un contrôle de qualité extrêmement méticuleux, comme le faisait Fritz Hansen. Une malfaçon minime suffit à remettre en cause toute une production. Notre coût salarial ne fait certes pas de nous un partenaire bon marché. Mais lorsque l’on voit sur un produit le label » Made in China » ou » Made in Bulgaria « , il saute aux yeux qu’il s’agit d’une marque qui vise le moindre prix coûtant et les marges les plus confortables. En tant que consommateur, on peut en conclure que l’on paie trop cher pour la qualité que l’on acquiert. Le label » Made in Belgium « , par contre, respire la qualité et la fierté du travail bien fait. Il garantit un produit intègre vendu à un tarif raisonnable. Et personne n’est dupe. »
PRONAILS – » Il ne s’agit pas tellement de prix, mais de qualité «
LEURS ORIGINES. En 1981, Catherine Claus ouvre une onglerie à Brasschaat. Elle commence rapidement à donner des formations aux professionnels et lance sa propre ligne de produits. En 2009, Paul Parein reprend l’entreprise.
LEUR SPÉCIALITÉ. ProNails produit des vernis à ongles, des gels, des articles de pédicure et de manucure, des lampes et appareils pour les pros, des équipements de nail art…
LEUR FORCE. » Nous sommes présents dans quarante-cinq pays, explique le directeur créatif, Michael Van de Put. Nous réalisons notre plus grand chiffre d’affaires dans le Benelux, en France et en Italie. Mais les marchés espagnol, portugais, scandinave et de l’Europe de l’Est ont également leur importance. Et nous sommes en outre distribués au Maroc, en Tunisie et au Moyen-Orient. Nos produits-phares sont les gels et les vernis semi-permanents Sopolish et le LongWear Nail Polish. Ils représentent 60 à 70 % de nos ventes et sont de notre propre fabrication. Pour les autres articles, nous collaborons avec des partenaires. Notre atout, c’est la production en petites quantités. Nous pouvons réaliser en peu de temps quelques milliers de flacons de vernis et réagir rapidement aux tendances et aux demandes des clients. Nous accordons une grande importance à cette réactivité, comme à la qualité de nos produits : les normes européennes sont assez strictes mais, en ce qui nous concerne, les contrôles pourraient être plus sévères encore… »
» Nos coûts de production représentent un inconvénient, mais c’est un choix volontaire, ajoute le CEO, Paul Parein. Dans notre esprit, il ne s’agit pas tellement de prix, mais bien de qualité et de souplesse. Nous ne savons généralement pas à l’avance quelle couleur va avoir du succès mais dans tous les cas, nous pouvons nous retourner et produire davantage. Si nous devions le faire en Chine, il faudrait trois mois et on ne sait jamais avec certitude ce que ça vaudra. Chez nous, on n’utilise que des ingrédients cosmétiques sûrs. »
Texte écrit par Franciska Bosmans, Lut Clincke et Amélie Rombauts.
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