Let’s go party: les vêtements de soirée sont de retour

Sortez vos robes de bal et vos costumes: les vêtements de cérémonie ne sont plus ringards et s’habiller vraiment chic le temps d’une soirée revient à la mode. Du moins si l’on en croit les défilés du printemps-été 23. On adopte la tendance?

Les tenues chics, présentées traditionnellement dans les salons du mariage ou lors des défilés de haute couture, ont fait leur apparition en septembre dernier sur les podiums du prêt-à-porter… Et débarquent maintenant en boutiques.

Michael Kors et Proenza Schouler optent pour une touche festive à grand renfort de perles et de cristaux ajoutés aux volants et aux franges. Chez Brandon Maxwell et Tom Ford, le disco rétro brille de mille feux, offrant une overdose de paillettes. Chez Bally, Victoria Beckham, Giambattista Valli et Acne Studios, les robes sont maintenant accompagnées d’une traîne, sans pour autant ressembler à des robes de mariée.

On retrouve aussi bien sûr du noir élégant, chez Bottega Veneta, Versace, Valentino et Dries Van Noten, et un rouge assumé chez Ferragamo, Alexander McQueen et Alaïa. Noël semble avoir perdu le monopole des outfits scintillants et les créateurs croient dur comme fer au retour des années folles.

Un besoin de se rassurer

Un phénomène probablement lié à cette fin de pandémie: notre sentiment d’insécurité a en partie disparu et nous pouvons à nouveau sortir nous amuser. Un an après le choc de la guerre en Ukraine et de la crise financière, l’envie de tout oublier le temps d’un soir et de se réfugier dans les réjouissances, et dans des tenues exubérantes, s’impose.

Parmi les jeunes générations, la nostalgie est également de mise, et il suffit de taper «tenue de fête an 2000» sur Google pour découvrir la véritable définition du bling-bling. Des séries télévisées populaires comme Euphoria en rajoutent également une couche avec des robes à corset ou à plumes et des hauts pailletés.

Et cette tendance n’en est qu’à ses débuts… De Roksanda, Feben, 16Arlington et Alice + Olivia à Gucci, Missoni, Moschino et Armani: les dernières Fashion Weeks étaient peuplées de glamour, parmi d’autres looks plus subtils, annonçant déjà un hiver sur la même lignée cérémonielle.

Le nerf de la guerre

Si les collections en boutiques festoient, les comptes en banque, eux, ont moins le cœur à la fête. Les boutiques de seconde main font donc des affaires en or dans ce segment. La location s’avère également être une formule gagnante, selon Caroline Cécile Baeten, de la plate-forme de location Dressr: «Pour nos clients, c’est évident: ils préfèrent louer une pièce de grande valeur pour une fraction du prix plutôt que d’acheter quelque chose de moins cher pour la même somme.

Pour beaucoup d’entre eux, l’argument principal est celui de la durabilité. Ils louent une tenue de soirée parce qu’ils savent qu’ils ne la porteront de toute façon qu’une seule fois.» Toutefois l’enseigne n’existe que depuis deux ans et ne peut pas comparer la situation actuelle à celle avant la pandémie: «Au début, nous avons commencé par proposer des vêtements de qualité, poursuit la responsable du site. Depuis, des marques offrant de véritables tenues de soirée sont venues s’ajouter à notre dressing. Certaines périodes sont très chargées. 2022 a été l’année des mariages reportés.»

Caroline Cécile Baeten a néanmoins remarqué que les clientes prenaient des abonnements spécialement pour ce type d’événements, puis les arrêtaient ou les mettaient en pause. Depuis novembre dernier, dressr.be a donc développé une formule plus flexible de locations ponctuelles, qui permet de garder une pièce ou un ensemble pendant dix jours.

Le cas d’Essentiel

En avril, Essentiel Antwerp lancera également un service de location semblable. «C’est en fait la troisième année que nous proposons des pièces en location, explique Tom De Poortere, directeur artistique. La première collection était très petite, elle ne comportait que deux robes.

Elle n’a pas connu un grand succès parce qu’elle tombait entre les vagues de coronavirus et qu’il n’y avait donc pas d’occasions de les porter. L’année dernière, nous avons davantage misé sur la médiatisation, mais cette année, nous avons voulu aller plus loin. Les collections sont devenues beaucoup plus spectaculaires. Une simple robe droite avec cape peut maintenant être entièrement brodée de paillettes. Il y a également une robe ballon en satin, avec un énorme nœud dans le dos et une robe ajustée en tricot avec une paillette dans chaque maille, ce qui lui donne un aspect très particulier.»

Lors des éditions précédentes, il était possible de choisir entre acheter et louer une pièce, ce qui n’est plus le cas cette année car ces vêtements seraient beaucoup plus chers que ceux vendus en boutique. Le prix de la location a toutefois un peu augmenté: 75 euros pour quatre jours et 100 euros pour huit jours pour une robe. Un haut et une jupe peuvent être loués séparément à 40 ou 60 euros par pièce. La griffe belge a déjà pensé à la location d’autres vêtements formels, comme des costumes pour des entretiens d’embauche, des pièces que l’on ne porte qu’une fois ou de temps en temps.

«Mais nous nous concentrons d’abord sur les tenues de soirée, précise Tom De Poortere. Une fois que les clients s’y seront habitués, nous pourrons étendre la location à d’autres occasions.»

De manière plus générale, la marque Essentiel Antwerp observe un retour du formal wear dans toute sa collection. «Nous proposons également des pièces plus festives dans nos boutiques et nous constatons une augmentation de la demande de tenues spécifiques, tant dans les magasins que chez les grossistes, pour la saison prochaine, note le directeur artistique. Je n’ai pas vraiment d’explication à cela, peut-être est-ce dû au retour des années folles?»

L’envie de sortir à nouveau

Mais que signifie «formel» en 2023? Durant la crise sanitaire, nous avons très vite adopté des vêtements lounge, relax et sans chichis, et plus personne ne s’étonne aujourd’hui de voir des futurs mariés en baskets.

Pourtant, Chiara de Vlieger de MRFG, entreprise spécialisée dans les vêtements de mariage, a constaté un changement après la pandémie, et pas que devant l’autel.

«Nous avons lancé une capsule de fête chez Rembo Styling en novembre 2022, parce qu’il y avait une forte demande sur le marché. Il s’agissait d’une petite collection de pièces basiques – quelques robes, tops et pantalons palazzo – dans des couleurs tendance comme l’orange, le fuchsia et le moutarde. Bien sûr, les paillettes étaient au rendez-vous. Nous remarquons que les gens ressentent le besoin de bien s’habiller à nouveau. Nous avons dû rester coincés entre quatre murs pendant si longtemps, et maintenant que nous sommes de nouveau autorisés à sortir, chacun veut se présenter sous son meilleur jour. Les clients accordent aussi plus d’importance à l’aspect unique, ils ne veulent plus des pièces de fast fashion que d’autres invités pourraient également porter, même si cela a un certain prix.»

Natan, basé à Bruxelles, observe la même évolution: «Nous constatons une forte demande de pièces de couture. Tout le monde a envie de bien s’habiller à nouveau. En fait, les pièces plus excentriques séduisent plus souvent que les tenues minimalistes», résume la maison.

Des vêtements de cérémonie pour les hommes aussi

Et la tendance n’épargne pas ces messieurs, comme le précise Michael & Giso, spécialiste néerlandais du sur-mesure, qui a rejoint la boutique de mariage anversoise Le Chapeau. Michaël Oei, cofondateur, explique: «Bien que le marché des costumes de tous les jours semble se rétrécir, le costume sur mesure est loin d’avoir dit son dernier mot. Les vêtements de cérémonie donnent l’assurance que l’on veut dégager en ces temps d’incertitude économique. Les hommes recherchent une façon intelligente et responsable de faire leurs achats, et l’expression d’un style personnel est le principal moteur. Les tailleurs traversent donc une période faste.»

Café Costume, une marque anversoise de vêtements sur mesure, parle ainsi du «new formal»: «Au cours des quinze dernières années, nous avons prouvé qu’un costume ne devait pas se limiter à un contexte formel et professionnel. La fusion entre le formel et le décontracté n’a jamais été aussi pertinente», explique Maureen De Clercq, styliste.

Mais aujourd’hui, le formel se traduit davantage par la qualité de la production, des tissus et de la confection, insiste-t-elle: «Les consommateurs osent expérimenter davantage avec le costume classique. Nous vendons des chemises blanches, bien sûr, mais nous voyons aussi des hommes opter pour des couleurs plus audacieuses. La finesse réside dans la mesure de la manche ; la chemise doit être un centimètre et demi plus longue que la veste. La taille de la montre peut même être prise en compte lors de la coupe.»

Pour Bruno Van Gils, fondateur de Café Costume, le style du costume est essentiel. C’est pourquoi les conseils en matière de style font partie du service standard lors de l’achat d’un modèle. Pour quelle couleur de chaussettes opter afin d’attirer l’attention sur le pantalon coupé au millimètre près par rapport aux chaussures? Chaque détail compte et la marque propose également une vaste collection de cravates. «Les jeunes hommes ne voient généralement pas directement l’utilité de tous ces conseils. Mais si vous leur proposez la bonne cravate ou le bon nœud papillon, ils trouvent cela très rock‘n’roll», constate Maureen De Clercq.

Et d’avouer cependant que Café Costume vend toujours autant de sneakers que de derbys. Le sportswear n’est pas mort.