L’histoire du rêve américain de Frédérique Dessemond, créatrice de bijoux Ginette NY

© RENAUD CALLEBAUT
Catherine Pleeck

En obtenant sa green card à la loterie, la Marseillaise quitte tout pour laisser libre cours à ses envies créatives. A New York, elle a fondé le label de bijoux Ginette NY un peu par hasard, dont les grigris ne cessent depuis d’entourer le cou des femmes.

Sa médaille personnalisable et sa fine chaîne Monogramme ont clairement fait le succès de la marque Ginette NY. Accrochées au cou des New-Yorkaises depuis son lancement en 2002, puis des Parisiennes et de toutes celles qui en cultivent l’esprit, lorsque la griffe déboule de ce côté-ci de l’Atlantique, c’était en 2007. Désormais, on la verra encore plus en Belgique également, puisque le label vient de confier à un distributeur la mission d’étendre son réseau dans notre pays.

Dès le début, sa fondatrice Frédérique Dessemond mise sur les bijoux de peau.  » Des pièces qui se situent entre la joaillerie et la fantaisie « , décrit-elle. Rien d’ostentatoire ou hors de prix. Ce n’est pas le genre d’objet que l’on garde caché au fond d’un coffre.  » Ses accessoires se portent au quotidien. Et comme il n’y a pas de mal à se faire du bien, ses clientes peuvent elles-mêmes s’offrir ses bracelets, bagues, pendentifs et boucles d’oreilles, qui privilégient une épure des formes, un esprit design, des touches mode, des matériaux purs et des pierres naturelles.

Si la collection actuelle de Ginette NY met à l’honneur des détails Art déco, ainsi que la feuille du ginkgo, cet arbre sacré d’Orient, symbole de longévité et d’amour, on y retrouve aussi le fil rouge habituel de la griffe : détourner les objets industriels de leur fonction initiale, pour leur donner une nouvelle esthétique. Façon système D aussi parfois – son iconique médaille n’est par exemple rien d’autre qu’un disque existant par ailleurs, dans lequel elle a perforé deux trous. Sa gourmette ? Une languette de fermoir, proposée par son fournisseur.

Ce travail de transformation, Frédérique Dessemond le faisait déjà bien avant qu’elle n’obtienne sa green card à la fameuse loterie américaine, lui permettant de venir vivre dans la ville qui la fait tant vibrer, où elle se plaît à parcourir les expos d’art moderne et d’art contemporain. Une démarche qui remonte à la fin de ses études d’histoire de l’art à la Sorbonne, à Paris.  » Je vivais au jour le jour. Je chinais beaucoup de vieux meubles, que je repeignais pour leur donner une seconde vie « , raconte-t-elle en triturant à tout va une mèche de cheveux. Une manière de cacher le malaise qu’elle ressent à se confier ? Ou de garder une certaine distance ?

Une fois arrivée dans la Grande Pomme, la jeune femme poursuit dans cette même lignée. Elle se forme aux enjeux du luxe, en travaillant pour une marque de prêt-à-porter. Et se plaît par ailleurs à récupérer les belles soies de chemises de grand-mères ou des sacs laissés pour compte, qu’elle transcende au gré de ses envies. Une créativité sans limite, pour des trésors qu’elle rassemble sous le nom de Ginette, un clin d’oeil au Sud, une consonance vintage aussi.

Le point de départ de sa marque est un joli concours de circonstances. Une de ses amies ouvre une enseigne de bijoux et lui propose d’acheter ses pièces.  » Sauf que je ne faisais pas de bijoux « , sourit-elle. Qu’importe, elle saisit la balle au bond et présente sa médaille à personnaliser d’un prénom, d’un mot. Une journaliste, puis une boutique la repèrent, et la machine est lancée. Ginette se voit accolée d’un New York, lui donnant un côté plus urbain et moderne.

Quatre magasins et plus de quinze ans plus tard, la quadra mesure le chemin parcouru. Soit un rêve bien plus grand que ce qu’elle n’aurait pu imaginer, quand elle courait, enfant, dans les maquis de Corse et qu’elle grandissait dans la Cité radieuse, à Marseille, entourée de cette architecture inspirante signée Le Corbusier. Surtout ne jamais oublier où sont ses racines. Ce ne sont pas les photos de sa prochaine ligne, prises sur l’île de Beauté, qui diront le contraire…

Bio express

1971 : Naissance à Marseille.

1989-1994 : Etudes d’histoire de l’art à Aix-en-Provence, puis à La Sorbonne.

1999 : Déménagement à New York.

2002 : Lancement de Ginette NY.

2007 : Arrivée de la griffe en Europe et ouverture de sa première boutique, dans Big Apple.

2018 : Renforce sa présence en Belgique.

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